Chapitre 3

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Ava ne laissa pas savoir à son ami que j'étais là. Elle m'ignora comme si j'étais l'une de ses plantes. Pendant un instant, je doutais de mon intuition. Me serais-je trompé ?

Non. Elle m'avait vu. J'en étais certain. J'avais senti ses yeux sur moi. Ils ne m'avaient pas transpercé. Ils s'étaient bien posés sur moi et elle avait souri. Pourquoi ne disait-elle rien, ne posait-elle pas de question ?

- Depuis quand n'es-tu pas sorti de chez toi ? questionna-t-elle Beahan.

- J'ai été faire des courses, je te ferais savoir.

- Allez, viens. Je vais te préparer un thé qui va te requinquer un peu. Tu as de la chance, il me reste un peu de banana bread.

- Yes ! s'exclama Beahan, aussi excité qu'un chiot devant un jouet qui couine.

Je me forçai à me concentrer sur ma mission. Je gérerais la sorcière une fois que Beahan ne serait plus dans le passage.

Dans chaque pièce, il y avait des éléments de sorcellerie. Que ce soit des choses innocentes comme des cristaux ou des plantes, ou des choses plus directes comme des livres de sorts, des dizaines de boîtes d'encens, un athamé, des tonnes de bougies, des fioles pleines de liquides et de pâtes et d'autres substances étranges. Quelque part dans cette maison, il y avait une pièce qu'elle avait entièrement dédicacée à sa pratique avec un autel et tout ce qu'il lui fallait.

La cuisine était relativement normale. L'influence de la sorcellerie était présente sans être étouffante.

Ava sortit un reste de banana bread d'un cocon d'aluminium et en coupa une large tranche pour la donner à Beahan. Il s'était installé sur la banquette qui faisait le coin de la partie de la baie vitrée qui ne s'ouvrait pas. Le plaisir fut évident sur son visage lorsqu'il mordit dans son en-cas.

- Tout se passe bien avec ton enquête ?

- Je ne sais pas. Le mail m'a donné plusieurs cas mais je suis incapable de les rattacher. La seule ressemblance est que ce sont tous des jeunes qui sont coupables. Ils refusent de parler. Les trois premiers se sont suicidés et les deux suivants se sont terrés dans le mutisme.

- Tu as toujours dit que tu ne prendrais pas de cas qui te seraient proposés. Pourquoi t'être intéressé à celui-là ? Surtout s'il n'y a rien de concret ! Je comprends la douleur de cette femme. Son fils unique a commis un acte horrible. Elle cherche à le disculper et elle est désespérée. Mais s'il n'y a rien, il n'y a rien, Declan. On sait tous les deux que les jeunes sont aisément influencés par ce qu'ils voient sur Internet et à la télévision. Ces gamins ont été trop loin. Tu n'as aucune raison de t'enfoncer dans cette histoire.

- Il y a quelque chose. Je le sais. J'ai étudié assez d'histoires criminelles pour savoir quand il y a quelque chose à creuser. Le problème est que je n'arrive pas à trouver le lien. Il me manque juste un élément. Juste un et je pourrais tout démêler !

- S'il y a quelque chose, ce n'est pas à toi de le trouver. C'est à la police. Toutes ces enquêtes sont encore en pleine investigation. Tu ne devrais pas t'en mêler. Ça va mal tourner.

- Je ne t'ai jamais vue aussi négative avant.

- Je te répète que même les cartes le disent. C'est une mauvaise idée. Arrête avant qu'il ne t'arrive quelque chose.

Je haussai un sourcil. De quoi parlait-elle ? Depuis quand des cartes parlaient-elles ? Avais-je loupé plus de temps sur Terre que je ne le pensais ? Ça serait surprenant puisque le temps passait plus lentement aux Cieux. Pas que les anges se préoccupent des avancées technologiques. Ils avaient des ailes, après tout.

A Season In HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant