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Pdv Suzanne:

Je contourne notre table et me dirige rapidement vers Valentin et sa pouf. Une haine immense explose dans mon cœur et j'ai le désir brûlant de le frapper jusqu'à détruire sa petite gueule. Son sourire provocateur ne quitte pas son visage, ce qui me met encore plus en rogne.
A quelques mètres de lui, Jordan se place juste devant moi, me bloquant complètement le passage. Je sers les poings.
- Jordan dégage, j'vais t'en mettre une aussi j't'assure.
- La violence ne résoudra rien.
- Arrête monsieur le philosophe, t'as vu ce qu'il vient de me faire la ? Il baise une autre juste devant mes yeux.. et..
Je ne peux pas finir ma phrase à cause des sanglots qui bloquent ma george. Jordan me prend par la main et m'emmène à l'extérieur du bar dans un coin isolé.
- Suzanne calme toi. Tout va bien maintenant.
- Mais Jordan, rien ne vas putain, m'emportais je contre lui, mon meilleur ami, qui m'embrasse juste avant ma compétition, baise avec une autre dans les chiottes juste devant moi. Comment tu peux rester aussi calme dans une situation comme ça ? Mon pseudo meilleur ami est un sacré connard, comment tu veux que ça soit pire que ça ?
Je me sens mal, j'ai besoin d'expulser la violence qui est en moi. Et j'ai pas mon skate pour ça, seulement mes poings et Jordan. Je vais pas le frapper évidemment, alors avant que ce dernier puisse réagir, je donne un coup de poing dans le mur, lâchant avec lui toute mes larmes et ma haine. La douleur qui explose dans ma main me fait un bien fou, me libérant de tout mes émotions cadenassées au fond de moi.
Jordan me regarde choqué et me dit:
- Mais Suzanne t'es folle ? Imagine que tu te soit cassé le poignet?
Je hausse les épaules et m'assoit par terre, épuisée par tout ce qui m'arrive. La douleur dans mes doigts devient désagréable mais au moins, je ne suis pas obligée de penser à Valentin.
J'entends Jordan téléphoner à je ne sais qui. J'essaie de me concentrer sur sa voix, mais trop épuisée, je m'endors là, assise par terre.

Je me réveille dans un espèce de lit en mouvement. Je lève la tête et me rends compte que je suis dans un camion de pompier. A côté de moi, Jordan me regarde avec soulagement.
- Jordan..
- J'ai eu peur pour toi Suzanne, tu es complètement folle de frapper dans un mur comme ça..
- C'était soit ça, soit Valentin.. et j'avoue que j'aurais préféré que ce soit Valentin, avec sa tête de connard, là.
J'entends Jordan soupirer à côté de moi.
- Arrête de dire des conneries, tu as juste la rage contre lui, j'pense pas que t'aimerais vraiment le mettre à l'hôpital, au fond de toi.
Je ferme les yeux. Peut-être qu'il a raison. Je ne sais pas. Mais j'aimerais tellement me venger. Montrer à mon ancien meilleur ami que je suis aussi forte que lui, et que sa petite technique ne m'as pas touchée. Même si c'est faux. Juste pour remettre son ego à sa place , ça serait vraiment pas mal.

Je sens le camion s'arrêter et je suis déplacée de salle en salle toujours sur mon espèce de brancard, comme si j'étais mourante. Je m'assoit sur mon lit de fortune et dis à l'infirmière qui est a côté de moi:
- Je peux marcher vous savez ?
- Oui je sais mais je préfère que vous ne fassiez pas de mouvement brusque pour ne pas réveiller à nouveau la douleur dans votre main.
Je regarde mon poignet et mes doigts. Ils sont en sang mais je ne sens plus du tout de douleur.
- Pourquoi j'ai plus mal ? Demandais-je comme une gamine.
- On vous as mis des anesthésiants parce que vous aviez l'air de beaucoup vous agitez dans votre sommeil.
Je me rallonge dans le lit et regarde de l'autre côté, où se trouve Jordan qui me sourit. Je lui souris à mon tour. Un sentiment de culpabilité vient soudain à moi. Il est obligé de s'occuper de moi comme une enfant et il a l'air de se faire un sang d'encre pour moi, à cause d'une de mes petites crises d'ados.
- Jordan.. je.. je suis désolée. Je.. enfin t'es obligé de t'occuper de moi..
Il me regarde et son sourire s'agrandit.
- Je m'en fiche tu sais.. Tant que tu vas mieux, ça me vas.
Je soupire. Heureusement qu'il est là. Avec Jo', on se connaît grâce à Valentin, enfin surtout grâce à mes nombreux passages à la Redbox. Et je suis bien heureuse d'être amie avec lui.
L'infirmière me pose enfin et me dit:
- Bon visiblement, il va vous falloir une attelle, pas plus que ça, vous avez bien de la chance.
Elle me fait signer un tas papier, puis elle m'emmène finalement en salle d'opération.

Une heure après, je retrouve Jordan qui m'attendait devant la salle. J'ai une belle attelle, qui ne m'empêchera sûrement de faire du skate et j'en suis soulagée.
- T'es enfin de retour. Comment tu te sens ?
On continue de parler pendant pas mal de temps avec Jordan et il propose finalement de me ramener chez moi. Enfin, on doit faire le trajet à pied jusqu'à sa voiture, ça va on a qu'une trentaine de minutes de marche.
Pendant le trajet, Jo' me demande:
- Pourquoi t'as frappé dans le mur ?
Je réfléchis et repense à toute la haine qu'il fallait que je déverse sur quelqu'un ou quelque chose.
- J'avais juste besoin d'expulser toute ma haine. Alors je l'ai fait par la violence.
- C'est pas la bonne solution tu sais ?
Je hausse les épaules. Il a sûrement raison mais je n'ai pas trouvé d'autres solutions sur le moment.

On arrive enfin au parking où se trouve la voiture. Jordan me dit qu'il va voir les autres et chercher mon skate et il me demande de rester près de sa voiture pendant ce moment là.
J'attends pendant quelques secondes et j'aperçois quelqu'un s'approcher de la voiture. Quand la personne n'est plus qu'à quelques mètres de moi je la reconnaît:
Valentin.

J'ai besoin de toi - VodKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant