Chapitre IX

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--Station LOP-G, Espace, 06/01/2031--

-C'est dingue, quand même, murmura Warren, il suffit de dormir pour que le lendemain il y ai quelque chose !

-Si ça continue, on fera une garde alterné, renchérit Vladimir.

-Et c'est tout ce que ça vous fait ?! S'écria Maria en pleur. C'était... C'était devenu un ami, c'était notre partenaire de mission !

-Au point où on en est, lui fit remarquer Warren.

-On sombre déjà dans la folie, on va finir par tous se tuer, il faut réagir ! Leur dit Marc.

-Il était attaché à sa famille... Quoi de plus normal, déclara Jason silencieux. Il n'a pas pu supporté cette idée qu'on est définitivement seul.

-Au point de se suicider ? S'étonna Nao. Il s'était finalement décidé à nous accompagner pour aller sur Mars.

-Enc-c... Encore un ! Dit Éric, en fixant plus intensément son gobelet, ne voulant regarder ce que tout le monde voyait.

-C'est vrai, Éric. Lui dit Jason. Encore un ! Cette station a vécut une dizaine de meurtres et de suicides, alors encore un... Si on reste ici, on... On va finir par tous mourir. Il... Une de ses veines vacillait sur son front tandis qu'il dit d'une voix qui peinait à retenir sa rage ; il faut partir... Aller sur Mars... C'est notre seul solution !

Marc scruta longuement le corps d'Hayden, qui s'étaient pendu en arrachant un câble électrique dans la salle des commandes, court-circuitant la moitié des commandes. Il l'avait accroché à un crochet servant à retenir le fil et était monté sur le fauteuil du commandant. Quand il avait dû pousser le fauteuil, au bout d'un moment, le fil avait cédé mais cela lui a été fatal. Une plaie béante lui ouvrait la gorge. C'était du moins ce que s'imaginait Marc.

-Il faut mettre le corps avec les autres, déclara soudainement Jason.

Marc remarqua qu'à ce moment, une larme coula sur la joue d'Éric.

-Tu les a mit où ? Demanda le commandant de la mission vers Mars.

-Dans une salle éloignée de la station... La plus loin. Viens, on va prendre le corps, je te guiderai.

-Tu les a pas largué dans l'espace ? S'étonna Marc tout en prenant le corps, aidé de Jason tandis que les autres s'éloignaient.

-Non... Il ne faudrait pas polluer l'espace. Je pense qu'on a suffisamment abîmé notre planète pour s'attaquer à l'espace.

-Euh... Si tu veux, dit-il tout simplement.

Ils emmèneront donc le corps tout au fond de la station. Ils enchainèrent les couloirs, si bien que Marc n'aurait pas sû refaire le même chemin. Arrivé dans un couloir en T, ils bifurquèrent à droite. Tout au fond, il y avait une salle munie d'une porte semblable aux coffres forts de banque qu'on peut voir dans les films, se dit Marc.

-Il y avait quoi avant, dans cette salle ? Demanda-t-il.

-Les métaux précieux pour construire votre ville sur Mars, répondit-il. Mais bon, maintenant, je pense que ça ne sert plus à grand chose. Et puis... Je croyais que votre équipage était mort ! Se justifia-t-il.

-Et tu les a mit où ?

-Dans une salle, à l'autre bout, répondit-il vaguement. Bon, on va poser le corps, je vais ouvrir la porte blindée. J'ai choisis cette salle parce que ça évite de sentir l'odeur qui se propage.

Aussitôt qu'il eut tourner la roue qui la bloquait, la porte s'ouvrit et une odeur nauséabonde en sortit immédiatement. Des cadavres entassés les uns sur les autres, des corps en décomposition avancés, des visages méconnaissables, une bouillie de sang, voilà ce qu'ils étaient. Leur ventre gonflés, des caillots et morceaux de chair tombaient en lambeaux. Aucun insecte ou vers pour les ronger ; ils étaient dans l'espace, mais ça n'aurait pas étonnés Marc si tel était le cas. Certains membres étaient brisés et des corps collés commençaient à se mélanger. Le reste de peau qu'ils avaient étaient devenu vert.

Marc se détourna aussitôt et n'eut pas le temps de faire deux pas qu'il vomit par jet, adossé à un mur. Dès qu'il eut finit, il se retourna et constata que Jason avait emmené le corps d'Hayden parmi les autres. Voire le corps de son ami... Parmi les cadavres vieux de 8 jours... Parmi ceux qui s'étaient déchiquetés entre eux, mangés entre eux ou autres... Le commandant de la mission vomit une seconde fois, n'y tenant plus.

-Ça va mieux ? Demanda Jason au bout d'un moment.

-Comment ça peut aller mieux ? Lui dit-il en posant ses mains sur ses hanches. Comment tout ça peut s'arranger ?! Franchement, vous auriez mieux fait de les larguer dans l'espace, tant pis pour l'écologie, c'aurait été mieux pour tout le monde... Comment vous pouvez dormir en sachant que votre...famille, comme vous dites, est entassé dans votre station, et est en train de se décomposer !

Jason, les mains pleines de sang, referma la porte, se redressa et regarda Marc de haut :

-Comme vous l'avez dit, vous êtes sur ma station ! Vous obéissez donc à MES règles, et je ne veux SURTOUT pas entendre vos petites remarques.

Il marqua un temps, et continua :

-Est-ce CLAIRE ?!

Marc se redressa lui aussi, s'essuya la bouche remplit de vomi, le regarda dans les yeux et constata :

-Vous êtes fou, mon vieux. Vous avez finit par en devenir un, à force d'en côtoyer. Je vous remercie de votre accueil, mais nous partons vers Mars... Sans vous. C'est dommage, une place s'est libéré... Mais je ne veux pas mettre en danger mon équipage en ayant un détraqué à bord, est-ce claire ?

Les pupilles de Jason s'aggrandirent de terreur et il changea immédiatement d'attitude :

-Non... Non... Vous ne pouvez pas... Vous ne pouvez pas.. Il regarda alors le sol et les murs et s'exclama, les yeux rouges sang : NOOON ! JE PARTIRAIS AVEC VOUS !! Je... Il n'y a pas d'autres options... C'est pas possible autrement !

Il se mit alors à courir en sens inverse dans les couloirs.

-Eh merde, se dit Marc. Il va falloir que je retrouve le chemin, maintenant !

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