Chapitre XVII

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--Vaisseau de secours, Espace, 14/01/2031--

Arleen restait concentrée dans la conduite du vaisseau, on l'avait formé à en utiliser si la mission ne se passait pas comme prévu, mais le moindre faux pas, et les 4 survivants de la mission ne pourraient pas raconter leurs exploits à la face du monde... De la Terre. À sa droite se tenait Éric, anxieux, il ne cessait de fixer l'immensité de l'espace... Et la planète bleue, en ligne de mire qui ne cessait de grossir.

-On sera arrivé dans une ou deux heures, lui dit la nouvelle commandante.

-4 jours qu'on... Est dans cette boîte, murmura-t-il tout en fixant la Terre.

-Je sais... Je sais aussi que la nourriture lyophilisée n'était pas forcément la meilleure... Tu sais quoi ? J'aimerais un bon poulet frite ! Déclara la pilote en souriant et en jetant un regard à son compagnon. Celui-ci se mit à son tour à sourir malgré lui. Nan j'te jure, reprit-elle, là, maintenant, on m'apporte un poulet rien que pour moi, et j'en fait qu'une bouché ! Avec un thé glacé, et ce serait parfait, t'en penses quoi ?

-Pat... Patates douces et salade avec... Vinaigre balsamique... Comme faisait ma mère ! Lui répondit Éric en regardant à son tour Arleen.

Il parlait de plus en plus, constata-t-elle. Les jours passés dans ce vaisseau les avait rapproché, et Éric, autrefois craintif et stressé, apparaissait de plus en plus épanoui et une discussion qui n'aurait pas été possible avec lui une semaine plus tôt devenait tout à fait envisageable.

-Ce soir, tu retourneras voir ta mère, reprit-elle tout en fixant les commandes. Ce soir, elle te fera des patates douces et une salade avec du vinaigre balsamique... Et moi j'aurais mon poulet frite ! S'exclama-t-elle en riant, tout de suite accompagné par Éric.

Dès qu'on entendait son rire, jamais on se douterait qu'il était traumatisé, qu'il était malade de tout ce qui avait suivi, pensa-t-elle. Dès qu'on écoutait son rire, on entendait un bon rieur, quelqu'un qui aime la vie, et qui n'aspire qu'à continuer de l'utiliser. Il devait ressembler à ça, avant, se dit Arleen. Mettez un bon vivant dans une station spatial avec un psychopathe qui tue tous ses astronautes, et vous voilà changé à jamais. Il garderait des séquelles, c'était inévitable, mais il irait mieux... C'était envisageable.

--Station LOP-G, Espace, 14/01/2031--

-4 jours qu'ils sont partis, lui dit Nao en posant une carte.

Warren regarda son jeu, et déclara :

-C'est bon, j'ai 51 points, je peux poser !

-Tu crois qu'ils reviendront ? Lui dit timidement le coréen.

-Tu devrais regarder ton jeu, m'étonnerait que tu puisses pas poser. Et puis tu joues mal, regarde, t'as rejeté une carte qui va m'avancer dans ma suite !

-Arrête avec le rami, écoute...

-C'est toi qu'a dit que ça nous changerait les idées. Et puis c'est toi l'optimiste, non ?

-Je... J'aimerais avoir ton avis, soupira Nao.

-Ok, répondit simplement Warren en posant son jeu de carte face contre table et en regardant Nao dans les yeux. Tu veux que sois franc ? Et bien je vais te le dire, mais je te préviens, ça va pas te faire plaisir !

-Vas-y, répondit-il.

-Premièrement, t'as fait une erreur. Une grosse erreur qui va te coûter la peau, mon pote ! T'aurais dû accompagner Arleen, t'aurais eu plus de chance de t'en sortir ! Ici, dit-il en tendant les bras, montrant la pièce. Ici, c'est ton cercueil. On va tous y crever. La pluie de météore a court-cuircuité toute la station, s'il y a un moindre problème, on ne pourra plus faire quoi que ce soit, on n'a plus les commandes de la station. Et m'ai avis que d'ici une semaine grand max, une fissure finira par s'ouvrir, étant donné qu'on a pas le matos pour réparer le toit. Et alors là... Toujours en toute franchise soit dit en passant... Et bien là on crèvera tous dans la nuit du manque d'oxygène !

-Et deuxièmement, lui rappela Nao, le front plissé, craignant le pire.

-De quoi ? S'étonna Warren.

-T'as dit premièrement, au début, c'est quoi, le "deuxièmement" ?

-Ah, euh...

Soudain un bruit assourdissant fit trembler toute la station, le jeu de carte glissa par terre, la table à la renverse, manquant d'étouffer Nao, qui se redressa, in-extremis. Toutes les chaises et objets de la station partaient dans tous les sens, Warren reçu un livre en plein visage qui lui fit saigner son front.

-Désactive la gravité artificielle manuellement ! Hurla-t-il à Nao.

Celui-ci, étant juste à côté des commandes, se dépêcha de l'activer. À l'instant même, les deux astronautes flottèrent à un mètre du sol en même temps que la table et tout autres objets.

-C'était quoi, ça ? Demanda Nao en flottant jusqu'à son camarade.

-Ça, ça sent le roussi, et étant donné que y'a plus de radars, on ne peut savoir ce qui a nous a percuté. J'espère juste que y'a pas eu de fissures, sinon on est dans la...

Les deux astronautes purent observer à travers le hublot du sas, la porte extérieur s'ouvrir lentement.

-Qu'est-ce t'as fait ? Blêmit Warren.

-Rien, j'te jure, rien ! J'ai rien activé !

-Si la porte intérieure s'ouvre en même temps, on.. On ne pourra plus respirer... Dégluti l'astronaute américain.

Une fois la porte extérieur ouverte, chacun pouvait voir un immense vaisseau gris sombre leur apparaître. Un plus petit vaisseau vint se poser dans le sas, et la porte extérieur se referma. Au bout de quelques minutes qui parut une éternité, la porte intérieure s'ouvrit par le bas dans un silence de plomb. Elle s'ouvrit cette fois-ci sur un homme et une femme en combinaison ; tout sourire.

-Qu'est ce que c'est que ce... Mais les mots de Warren moururent dans sa gorge.

Nao quand à lui était comme pétrifié, il n'osait plus faire le moindre pas. Les deux inconnus enlevèrent leur casque, la femme se secoua les cheveux tandis que l'homme prit la parole.

-Oh ne vous inquiétez pas, déclara-t-il en s'avançant vers eux, vous aurez bientôt finit d'avoir peur, votre aventure touche à son but. Je crois que l'avez mérité, non ? Vous aurez enfin le droit de goûter au repos ! Dit-il en riant.

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