Sans Contact

Chapitre XII

--Station LOP-G, Espace, 06/01/2031--

-Oh mon dieu ! Arleen regardait la fusée, elle aussi hypnotisée par ce spectacle de feu qui consumait la fusée. Constatant que tout le monde était sous le choc, même Marc ; leur commandant, elle se reprit ; Ce... Ça risque... Ça va... Exploser, la porte du sas peut contenir l'explosion ?!

Mais personne ne réagissait, tout le monde excepté Jason avait les yeux rivés sur le hublot du sas.

-Espèce de taré, tu veux qu'on crève tous ? Se risqua-t-elle à dire à Jason étant donné qu'il avait un couteau suisse sur la gorge de Maria.

-Non, bien sûr, j'apprécie malgré tout votre compagnie, je veux... Que vous restez avec moi, vous comprenez ? Dit-il d'un air naïf en regardant les astronautes. On peut... Si, si, si, je vous l'assure, on peut... Cohabiter, vous verrez, on va repartir sur de bonnes bases, je serais un très bon colocataire avec vous... S'apercevant le regard consterné d'Arleen, il se reprit : Ah ! Oui, le mur, oui. Il va résister, les flammes finiront par s'éteindre, il suffit d'envoyer l'extincteur d'urgence, le sas va atteindre une température de -10°C, votre fusée sera alors glacé mais... Inutilisable, je le crains, déclara-t-il en jetant un œil vers les flammes.

-Espèce de p'tit con, tu crois quand même pas qu'on va faire copain-copain avec un taré de ton espèce ! S'écria Warren, voulant se jeter sur lui, il fut retenu par Vladimir.

-Attention ! Rétorqua Jason en remontant le couteau juste en dessous du menton de son otage. Pas de mots déplacé, je peux encore faire plus de dégâts ! Tu voudrais ? Tu voudrais qu'elle crève comme un cochon qu'on égorge ? Tu veux entendre son cris ?!

-Comme les autres... Comme tous les autres de la... S-station!

Tous les regards se tournèrent vers l'homme, tout au fond de la pièce, à la table, toujours sur sa chaise, tenant un gobelet qu'il serrait fort... Fort à en saigner, constata Marc.

-Qu'est-ce que tu veux dire, Éric ?

-L'écoutez pas ! Intervint Jason, il est fous, il... Ne faut pas écoutez les fous, termina-t-il le regard perdu dans le sol.

-C'est toi qui dit ça, sal petit...

-Warren ! Rugit Vladimir en le bloquant de toute sa taille, un seul faux pas et tout pouver tourner au carnage. Mais pour Vladimir, le carnage avait déjà commencé, tout était perdu de sens depuis l'incendie de la fusée, tout ne représentait... Plus aucun intérêt ! Mais ce fumier, pensait-il, ne ferait plus aucune victime ce soir.

-Alors ? Renchérit Marc, s'approchant de Éric, s'accroupissant pour le regarder yeux dans les yeux. Qu'est-ce que tu veux dire ?

Le regard affolé de Éric regarda toute la pièce une dizaine de fois avant que celui-ci consente enfin à continuer :

-Les autres... Les astronautes que Jason a tué... Tous... Un par un, de sang froid... Il les a éliminés parce que... Ils devaient partir... Partir... Fin de leur mission... Ils voulaient rentrer sur Terre... Voir leur famille... Après être sans contact avec... Chez nous. Et notre commandant... Voulait pas, non non il voulait... il voulait les garder pour lui... Rien que pour lui... Mais eux... Voulaient partir... Alors un par un... Les a tué... Puis les a mit une fois terminé dans la pièce aux cadavres... Je... Je l'ai vu... Mais il m'a dit qu'il me laisserait en vie... Parce que tout ça... Il a dit ça m'a fait perdre la tête... Et il voulait discuter... Mais... C'est lui, le fous... Dangereux ! Cria-t-il en le pointant du doigt.

-Vermine... Je t'ai offert la vie, et tu me remercies... Par des mensonges, oh tu vas périr comme les autres, tu vas les rejoindre dans le cimetière de la station !

-Tu ne vas rien faire du tout... Relâche là, c'est ton seul moyen de passer cette nuit-ci en vie... Lui dit Arleen tout en évitant de regarder le regard affolé de Maria qui se retenait de hurler, s'accrochant désespérément à la vie.

-C'est ma faute, dit tout à coup Marc en se relevant. Tout le monde l'observait, y compris Éric ; perplexe.

-Non, dit celui-ci. C'est pas toi... Le fous, tu n'as...

-Tout ceci, l'interrompit-il tout en regardant le mur en face de lui, n'osant pas poser ses yeux sur ceux de ses coéquipiers. C'est moi... Qui suis à l'origine de ce qui est arrivé sur Terre. C'est moi... Qui ai participé à ce... Il lutta alors contre des larmes qui voulaient couler. Il devait résister. Il leur devait ça. Ce génocide, cette extermination, ce... Cet anéantissement de l'être humain. Ses yeux mouillés fixaient alors Arleen ; qui le regardait, affolée. Et vous serez les prochains... J'en suis désolé, tellement, tellement mais... Je ne peux rien faire pour arrêter tout ça ! Déclara-t-il d'un geste d'impuissance en ouvrant les mains. C'est trop tard, et vous êtes les derniers, bientôt votre heure viendra... Vous ne pouvez rien faire... On est... Préparés.