Chapitre XIII

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--Station LOP-G, Espace, 06/01/2031--

-Euh commandant ? Lança Warren en se dégageant d'un simple mouvement de bras de l'étreinte de Vladimir, celui-ci était comme le reste : absent, et un peu sonné de la déclaration de leur commandant de mission ; Marc.

-Marc ? Renchérit Arleen, fixant de plus en plus l'astronaute, ne sachant déduire de son discours.

Tout autour de l'homme qui était le centre de l'attention, le monde semblait s'être arrêté. Même Jason, n'appuyant plus son couteau sur la gorge de Maria, semblait être décontenancé par ce monologue qui était soit une conclusion horrifique, soit... Une folie pure et dure, encore un qui y plongeait. Même les flammes qui léchaient la fusée semblaient ralentir leur course, prêtant une oreille à la situation.

-Je... Marc semblait chercher ses mots, mais lui-même peinait à croire ce qu'il se passait. Je vous ai déçu, reprit-il, je me devais de finir cette mission, c'est ce que vous croyez, aller sur Mars, le but de votre vie. Mais ma mission à moi était de vous enfermer ici, en attendant les...

Marc sembla être décontenancé un instant, baissa ses yeux sur son ventre, et regarda le sang couler. Le bruit désagréable du sang chaud tombant sur le sol impeccable de la station manqua de faire vomir Nao. Le visage de Maria, quand à elle, n'exprimait rien d'autre que l'effarement. Warren avait toujours les yeux fixés sur son commandant, Jason était hypnotisé par cette rivière de sang tandis qu'Arleen laissa échapper un cris, manquant de tomber à terre, mais se retint pour regarder Vladimir ; couteau à la main, qui avait tranché au niveau du ventre de Marc sa combinaison, le visage du Russe incarnait le désespoir. Le bruit du sang ne cessant de couler fut interrompit par les genoux de Marc tombant au sol. Celui-ci eu un regard vers son astronaute, comprenant sans doute le geste puis voulu en avoir un pour Arleen mais le monde bascula avant et il n'eut que ce flot de sang coulant sur le sol comme vision puis les ténèbres l'engloutirent.

-Qu'est-ce que... Commença Warren, regardant Vladimir avec horreur, essayant de réaliser ce qu'il s'était passer.

-Il avait déjà perdu sa tête, alors la vie... Déclara-t-il d'un haussement d'épaules. Un fous ne peut commander, c'est notre commandant même qui l'a dit... Cela me désole mais... Il m'a compris.

Il regarda son couteau qui ne l'avait jamais quitté, toujours maculé du sang de Marc, puis sans un regard sur le corps de son commandant, traversa la salle. Jason était tellement abasourdi qu'il ne fit rien quand celui-ci arriva à sa hauteur, mais quand le meurtrier d'Hayden comprit ce qu'allait faire Vladimir, il s'écria vivement en rapprochant le couteau de la gorge de Maria.

-Ah ça non ! Hurla-t-il.

Le coéquipier d'Éric avait tellement peur de Vladimir qu'il ne fit pas attention qu'il appuyait trop sur le cous de Maria. Celle-ci eu un long cris voyant son sang couler sur son ventre. Jason, eut alors un mouvement pour la jeter sur Vladimir mais celui-ci la repoussa sans ménagement. La jeune Italienne, tombant au sol, ne put même plus crier, les cordes vocales sectionnées, le reste de l'équipage put entendre son long râle d'agonie, mais pas un ne vint la secourir, tous savaient que plus rien n'était à faire.

Vladimir chassa d'une main le poignard de Jason, ce dernier put néanmoins lui taillader le pouce et deux doigts. L'astronaute Russe ne se soucia pas de ses trois doigts tombant au sol en même temps que son poignard. Il prit par le sol le fous d'une main, et de l'autre ensanglantée appuya sur le bouton ouvrant le sas. La chaleur imbiba d'un coup la salle, et celle-ci grimpa d'un coup de plusieurs degrés. Il le traîna par la suite vers le feu, Jason essayant vivement de se débattre, mais Vladimir était bien trop puissant, et ignorant la douleur de sa main gauche et la chaleur étouffante des flammes, s'y engouffra accompagné de son fugitif. Le hurlement de Jason n'avait rien d'humain, c'était... Démoniaque.

Arleen eut le réflexe de se précipiter afin de refermer la porte du sas avant que toute la station ne brûle. Une fois le sas fermé, elle actionna le mécanisme d'extinction, aussitôt une pluie de neige fondit sur les flammes, étouffant les sons à peine audibles de Jason à travers le mur du sas.

La chaleur retombée, les flammes éteintes à travers le hublot, Arleen voulut ouvrir la porte extérieur du sas pour larguer la fusée et le reste carbonisé, mais fut arrêtée par un râle. Alors tremblante, elle se retourna et vit qu'il ne restait plus qu'Éric, qui avait lâché son gobelet pour s'agenouiller près du corps de Marc encore coulant de sang, les yeux exorbités, la bouche tremblante de terreur. Il y avait Nao, qui avait finalement vomit près du mur, et enfin Warren, qui semblait ne pas comprendre ce qui s'était passé mais avait néanmoins le regard fixé sur une chose au sol, juste à côté d'Arleen. La chose tremblait, son ventre faisant des sauts, sa gorge rejetant de temps à autre des jets de sang et son râle... Qui ne s'était pas interrompu, qui continuait... Qui brisait le silence mâchabre. Cette chose, constata Arleen avec effroi, n'était autre que Maria... Toujours vivante.

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