Chapitre 5.

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Après une semaine à sillonner entre les voitures, dans les marchés... Khaïry pu réunir une certaine somme gardée par la bienveillante mère Thioub. La nuit, elle essayait tant bien que mal d'être hors de vue des malfaiteurs.

Mais parfois, on se préoccupe des hommes et oublie la nature qui peut être toute sauf prévisible, pouvant vous surprendre à tout moment. Ce soir-là, alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre les bras de Morphée, un vent violent s'éleva accompagné de sable, des sacs plastiques, et même des toits en zinc ; une nuit riche en pluie s'annonçait pour la population dakaroise, une nuit riche en cris de détresse dans certaines maisons qui ne s'impatiente jamais de ne pas voir le ciel s'assombrir, chez les sans-abris... On ne peut rien contre la nature sinon de se soumettre à lui, se recoquilla sur elle-même. Le cas de Khaïry est sûrement le seul visible pour nous, mais des milliers d'autres gens vivent ça.Impuissantes faces à la nature,qu'ils détiennent leur pleine conscience ou non.

__Au moins j'aurais pris un bain, fit-elle avec une voix peinte de désespoirs, mais qui se veut optimiste.

Elle n'avait ni toit pour se protéger, ni habits lourds pour faire freins au froid qui pénètre son corps sans défense et encore moins une personne à qui dire "j'ai peur" lorsque la foudre retentie, lorsque les éclaires déchirent le ciel...

Il plu toute la nuit et une partie de l'aube accompagnée de foudres et d'éclairs qui ne permirent nullement à la jeune infortunée de fermer l'œil. C'est trempé jusqu'au os,tremblante de froid et des éternuements qu'elle se rendit devant le magasin de mère Thioub pour recommencer une nouvelle journée de travail.

Elle trouva la veille dame en train d'ouvrir celui-ci, mais se figea dès qu'elle vu l'état plus que déplorable de la jeune lougatoise.

__Soubhanallah, mais qu'est-ce qui t'est arrivée Oumou Khaïry !? Fit-elle choquée.

__Je... Atchou ! Se fit-elle interrompre par un éternuement.

__Viens entre d'abord, lui dit-elle en faisant doucement pression sur son bras glacé alors qu'elle claque des dents.

Oumou Khaïry s'exécuta telle une automate et s'assit à même le sol les genoux amenés sur le menton.

__Oumou Khaìry j'ai assez vécu pour savoir que tu me cache quelque chose,ça fait une semaine qu'on a fait connaissance et sans vouloir te fexer tu porte les mêmes habits depuis,tu es la dernière à renter chaque soir et aujourd'hui alors qu'il n'a plu que la nuit et l'aube tu viens tremper jusqu'au os et grelottant de froid alors je t'écoute.

__...

__ Khaïry ?

__J'ai pas d'abris, avoua Oumou Khaïry en fuyant le regard de mère Thioub.

__Comment ça se fait ? Demande mère Thioub avec calme.

__C'est trop difficile à partager.

Elles restèrent quelques minutes dans un silence sans se regarder, un silence qui n'a rien de gênant, mais qui leur permettent à tous les deux de réfléchir à la courte révélation faite par Khaïry.

__Je t'ai entendu, fit mère thioub en brisant le silence. Prends la robe accrochée sur le mur (vous savez le genre de robe en coton qu'on porte en période de chaleur durant la journée.), et bois quelque chose de chaud avant de commencer ta journée.

Khaïry s'exécuta en se changeant dans un coin reculé du magasin.

**

Le soir comme à son habitude, elle fut la dernière à descendre du travail et elle donna l'argent à Mère Thioub.

__Attend Oumou Khaïry, lui intima-t-elle alors que celle-ci s'apprête à partir.

Elle ferma son magasin et marqua une minute d'arrêt comme si un duel se passait dans sa tête.

__Oumou Khaïry je t'ai écouté ce matin et je ne pourrai dormir en paix sachant que tu dors dehors dans ce stade du monde où le mal se balade partout. Je ne pourrai certes pas te donner une demeure rêvée, mais je peux partager la chambre que je loue avec toi. On ne sait jamais dans la vie, mais le fait que tu m'aies fait confiance jusqu'à laisser l'argent de tes bénéfices quotidiens ne peut être ignorer.

Khaïry n'en revenait plus, il était clair que Mère Thioub soit la gentillesse en personne, mais elle n'a jamais pensé que sa bienveillance soit à ce point.

__Wallah les mots me manque, c'est la première fois que je vois une personne comme vous...Murmure-t-elle.

__Mais ne serai-je abusé de votre gentillesse que d'accepter ? Ajouta-t-elle alors qu'au fond-elle, tout son être lui crie d'accepter.

__Je ne me qualifierai nullement gentille sachant que je t'ai laissé dormir dans l'insécurité dakaroise.

__Wallah je ne sais comment remercier une femme t-elle que vous.

__Prie pour que j'ai une longue vie rk...et surtout beaucoup d'argent, la taquine-t-elle en se mettant en route.

Elles prirent le ligne ** qui les déposèrent à Sicap Mbao dans une étroitesse et chaleur insupportable où les hommes malveillants se profilent toujours pour faire leurs bail(On se sait.).

Après quelques minutes de marche , elles entrent dans une grande maison à la porte en fer peint en rouge, mais qui avec le temps laisse apparaître la rouille du fer. En entra, on fait face à un grand arbre de nima touffue, à la gauche de Khaïry les toilettes. La cour est tout en sable. Et à droite, un perron avec cinq chambres : trois dans le même rangé et les deux autres faces en face.

__Bienvenue dans ta nouvelle chez toi, dis Mère Thioub à Oumou qui se contenta de sourire avec gène.

__Kany! Dior ! Appela-t-elle en toquant sur deux chambres contiguës.

__A Thioub Thioub tu es descendue, fit une femme claire ,avec des rondeurs masha'Allah .

__Oui je suis rentrée,je te présente Dior une de mes colocataires et Dior voici Khaïry ma petite fille.

__Enchantée, fit Khaïry lui tendant la main.

Une autre femme sortie avec un homme dans l'autre chambre : c'est une voilée élancée, très belle mais aussi adorable et habillée avec décence.L'homme est lui habillé d'un jalaba et dépasse d'une bonne tête la femme.

__Thioub , saluèrent-ils mère Thioub, tu es descendue ?

__Oui oui je viens d'arriver, j'ai un peu tardé cette nuit à cause des embouteillages sur la route nationale. Je vous présente Oumou Khaïry ma petite fille et Oumou voilà Cheikh et Kany, ils sont mariés.

__Enchanté, dirent-ils.

__Moi de même.

Elle ouvrit la chambre près de celle du couple qui doit être la sienne. Elle est simple avec un lit deux places , un armoire quatre battant et des ustensiles déposés dans un coin.

__T'as vu comment c'est désordonné, ria Mère Thioub.

__Même pas,fit Khaïry riant à son tour.

__Kany et Dior sont comme mes enfants, tu peux leur faire confiance, dit-elle en prenant un verre d'eau qu'elle tendit à Khaïry qui acquiesça.

__De même que Cheikh ; c'est un jeune homme très à cheval sur la religion. Mais méfie toi du mari de Dior, tu ne l'as sûrement pas vu, étant occupé à draguer toutes les filles du quartier. Et Deguene et Mor Talla deux célibataire qui occupe les deux chambres en face.

__D'accord.

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Trop de noms dans ces deux chapitres, mais c'est important de les connaître et insha'Allah le rencontre tant attendu arrive.

Déchirures Secrètes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant