Chapitre 8.

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Lundi, la routine revient pour tous ceux qui travaillent, étudient... Mais réveil n'est jamais aussi difficile que dans cette période de fraîcheur où l'eau devient l'ennemie numéro un de tous sous la douche même si la période commence juste à s'annoncer. Et si certains peuvent s'en passer sans gène, la jeune lougatoise en a besoin pour se dégourdir le corps même si cela ne sera pas une mince affaire. Elle regardait son seau d'eau depuis plus de cinq minutes ayant déjà la chair de poule en pensa au moment où elle doit s'en asperger. Dans un soupir, elle se résigna à plonger le pot dedans avant de s'en verser sur le corps avec un cri digne d'un film d'horreur. Mais bientôt, la froideur de l'eau se substitua à un peu de chaleur au contact de son corps noir d'ébène propre et lisse.

Alors qu'elle passe le Ndiampé sur son corps,un paire de yeux voilés de mystère s'imposa dans son esprit comme un flash car elle le chassa vite quand le souvenir d'un corps pestant l'alcool contre le sien la fit hoqueter de douleur et bientôt un flot de larmes coula se mélangeant avec l'eau sur son visage.

__I...Il.a...gâché ma vie. Il l'a gâché, sanglota-t-elle en regardant son propre corps avec dégoût.

__Oumou Khaïry ! Appela Mère Thioub depuis la cour.

__Naam Mame !(Oui grand-mère !) repondit-elle en prenant une voix détachée malgré sa peine.

__Je n'attend que toi ma chérie.

__D'accord !

Elle fit vite et sortit. Dehors, il faisait encore noir et au loin, on entendait déjà les premiers appels à la prière de l'aube. Il devait être environ 5 h et quelques minutes : la lune était encore visible sous son lit de ciel étoilé.

Elles se préparent rapidement et firent leurs ablutions sachant que l'heure de la prière les trouvera au marché. Et en sortant ces heures, on pouvait avoir peur, mais en vrai, c'était comme en plein jour puisque la circulation des travailleurs et élèves anime les rues : les gens se pressant pour ne pas rater leur bus qui n'avait pas d'heure d'arrivée fixe faute des embouteillages, on voyait des femmes, leurs bassines en main se bousculant pour avoir une place dans les cars rapides (Rapide ? Alors qu'ils traînent comme des escargots). Des vieux , chapelets en mains se rendaient dans les mosquées pour la première prière de la journée. Les élèves les sacs à dos porter à ventre (pour éviter les voleurs qui n'hésiteront guère à leur voler sachant que ce ne sont que des élèves) guettent l'apparition du numéro de leur bus.(wa LSLL je vous salut)

Essoufflées, Mère Thioub et Khaïry arrivèrent à avoir deux places dans un car rapide. Tout à coup , deux yeux sibyllins rencontrèrent les siens alors que ceux-ci semblent la transpercer lisant en elle comme un livre ouvert. Ceci dura presque une minute avant que leur contact visuel ne soit rompu par la voix de Mère Thioub.

__Ah Youssouf Diop Diop je ne t'avais pas vu Diop.

__C'est vrai kay Thioub et la mâtinée.

__Ça va alhamdoulilah tu vas au travail ? Demanda-t-elle par politesse.

__J'ai un entretient d'embauche, répondit Youssouf.

__Ah d'accord qu'Allah t'aide mon fils, kou nango liguey gueu té am diom.

__C'est comme ça deh mon fils,fit un vieux assis à côté de Oumou Khaïry, seul le travail honnête et la bravoure peuvent te donner ceux que tu veux sans tendre la main à qui que ce soit.

Les autres personnes âgées, dans le bus approuvèrent les paroles du vieux en regardant Youssouf alors qu'Oumou Khaïry lève discrètement les yeux en haut visiblement exaspérée. Elle n'est nullement indisciplinée, mais il semble qu'entendre des éloges traite avec Youssouf l'irrite sans savoir pourquoi.

__Lui môme masha'Allah, fis Mère Thioub.

Les gens continuèrent à débattre sur la bravoure et les responsabilités d'un homme comme s'ils se connaissaient. Et c'est ce qui fait une des particularités de mon pays, il a bon avoir des choses qui révulsent, mais à aussi beaucoup de qualités venant de son peuple. Les gens peuvent juste partager un bus et découvrir des liens de parenté ou simplement s'apprécier. Se rencontrer dans la rue, savoir qu'on a le même nom ou prénom pour se faire une accolade...

__Gneuw len pass, fit l'apprenti en tendant la main aux passagers.Youssouf tenta de payer pour Mère Thioub qui refusa catégoriquement.

__Ah j'ai oublié ! S'exclame Mère Thioub, tu reconnais ma petite fille Oumou Khaïry?

__Oui oui comment tu vas mademoiselle ? Demanda neutrement Youssouf.

__Bien,fit simplement Khaïry en detournant le regard.

Mais durant tout le reste du trajet, il sentit le regard de Youssouf sur elle.

__On est arrivé, dit doucement Oumou Khaïry.

Elles dirent au revoir à Youssouf qui avait encore du chemin à faire et descendirent sous le regard que coule celui-ci sur la jeune lougatoise.

Il dut encore prendre une autre voiture avant d'arriver devant un immeuble de plusieurs étages en verres ou se reflète les voitures passant et les autres immeubles.

À son entrée, plusieurs regards dévièrent vers lui alors qu'il remarque certains employés grattaient leurs collègues pour le monter avec leurs regards. Certaines filles allèrent jusqu'à rajuster leurs décolletés ce qui le fit contracter la mâchoire en fronçant les sourcils.

__Bonjour , fit-il à la réceptionniste qui cila des yeux visiblement surprise ce qui rendit encore plus perplexe Youssouf.

__Bonjour , répéta_il d'une voix où perce l'agacement.

__Euh.. Je... Bonjour monsieur, finit-elle par dire.

__Je suis là pour le poste d'assistant de Monsieur Amar.

Elle eut encore un regard surpris avant de reprendre contenance.

__C'est au dernier étage, c'est le patron en personne qui passe l'entretient, précisa-t-elle

Il acquiesça et prit l'ascenseur. Il y avait déjà beaucoup d'autres candidats dont certaines ressemblaient à des tableaux de Picasso tellement leurs visages sont maquillés alors que les deux hommes présents arborent des sourires confiants : les premières comptent sur la beauté physique et les derniers sûrement sur leurs contacts d'autant plus que c'est un entreprise fort réputé. Youssouf, lui compte sur ses capacités et l'aide d'Allah.

Ils défilèrent devant lui, mais chacun sortait au bout de trois minutes le visage renfrogné avec un rictus de déception.

__Youssouf Diop , fit une voix féminine et l'incita à entrer ce qu'il fit priant intérieurement comme à son habitude.

__Bonjour , fit-il en pénétrant dans le bureau décorer avec sobriété et luxe.

__Bonjour, répondit un homme la tête plongée sur un papier. Je vous écoute qui vous envoie vous ? Continua-t-il blasé.

__Mes capacités, ripondit Youssouf avec tact attendant qu'on l'invite à s'asseoir.

La réponse plu visiblement à M.Amar qui leva la tête vers Youssouf...

Vous savez, les gens ont tendance à dire ici au Sénégal que tout ce que Dieu cré, c'est en paire Lou yallah bind paire la. Cette phrase n'a jamais été si juste devant le sosie parfait de Youssouf en plus âgé. S'en était même terrifiant et ils le remarquèrent vu la symphonie avec laquelle ils froncèrent les sourcils. Même traits fins, même rictus séduisant aux lèvres, même carrure imposant malgré l'âge de l'autre, et même regard voilé de mystère ...

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Salam mes amours ! Alors ce chapitre ?! Maintenant môme, je crois bien que ma chère inspiration est revenue.

Déchirures Secrètes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant