Le début de journée fut peu fructueux pour Khaïry qui eût beaucoup de refus dans sa quête de travail. Il semble que les gens ne pensent qu'au sexe vu le nombre de regards malsains dirigés sur ses fesses.
Comme si ses chaussures la narguent, l'une d'elles subit l'ultime endommagement vu l'état dont elle se trouvait. Pour cette fois, Khaïry ne tenta pas de la réparer, elle s'assit avec un regard vide. Elle allait s'abandonner ! Elle ne verra jamais cette lueur de bonheur longtemps poursuivi ! Les gens défilaient devant elle sans qu'elle ne les voie, son esprit était ailleurs, plongé dans un océan de tristesse, dans d'obscures pensées...
Des voix qui semblent se livrer à une querelle virulente la firent relever les yeux qui se reconnectèrent à la triste réalité. Un endroit attira son regard, deux jeunes gens se dirigèrent vers là avec chacun un petit bol entre les mains. Ils donnèrent à une dame ceux qui semblent être des pièces de monnaie et celle-ci chargea leur bol de sachets d'eau. Le manœuvre se répéta plusieurs fois avec d'autres personnes sous l'œil attentif d'Oumou Khaïry.
Qui ne tente rien n'a rien, se dit la jeune Ndiambouroise en se dirigeant vers la dame en question. Le regard est une fenêtre sur l'âme des gens, paraissant être une septentenaire , Khaïry n'avait jamais vu un regard si pur et doux.
__Salamalékum mame (Grand-mère), fit-elle avec politesse.
__Aleykum Salam ma fille, répondit la septentenaire en arrêtant son tricot.
__Mame depuis quelques instants, je vous observe avec ces jeunes gens et se trouve que depuis ce matin, je cherche du travail dans cette région qui m'est totalement inconnue, mais en vain.
__Je ne suis qu'une vielle femme qui ne cherche qu'à aider ma fille, mais comment puisse avoir la garantie que vous ne me faites pas le coup que j'ai subit il y a deux jours.
__Ne vous n'inquiétez pas mame je comprendrai si vous ne m'aidez pas Gni bone gné yak gnou bakh gni et moi je n'ai que ma parole pour garantie.
__Hum? Fit la dame pensive en regardant le visage sincère de Khaïry. C'est d'accord.
__Bilay merci mame, fit Khaïry touchée.
__De rien, répondit gentiment la concernée. Bon, le grand sachet des sachets d'eau coûte 500 francs et c'est moi qui vends la glace. Donc, après avoir tout vendu, tu me donnes 650 f et garde le bénéfice.
__Euh d'accord, pouvez-vous me prêter un bol ?
__Oui prend celui à côté du frigo.
Khaïry s'exécuta n'y croyant même pas.
Et c'était parti pour sa première journée en tant que vendeuse d'eaux. Son premier sachet vendu lui fit un bénéfice de 850 f qu'elle eut même l'avarice d'en prendre beaucoup pour manger.
Défilant entre les voitures, de la détermination se lisait dans ses yeux tantôt animés par le désespoir et une grande tristesse.
__Hé borom ndokh yé(Hé la vendeuse d'eau !), l'interpella un conducteur sur l'autre voie.
La jeune lougatoise se dirigea vers celui-ci avec empressement pour ne pas se faire devancer par ses concurrents qui ne manquent pas avec cette période de chaleur où les vendeurs d'eau ne manquent pas dans la capitale sénégalaise.
__Combien de sachets? demande Khaïry en arrivant vers son client.
__ Un seul, fit celui-ci en lui tendant un billet de 1 000 f.
__Je n'ai pas la monnaie, répondit Khaïry qui venait de verser l'argent à la dame -Mère Thioub-
__Garde la monnaie ma fille, fit celui-ci montra khaïry là où le mal est présent, il y aurai toujours des gens biens aux cœurs larges et purs.
__Merci papa, fit-elle émue.
Celui-ci se contenta d'acquiescer.
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Déposant un énième curriculum vitae dans une entreprise,Youssouf se rendit dans un sentier où il manœuvre depuis plus d'une semaine pour pouvoir au moins rentrer avec une certaine somme d'argent.
Il est de ce qu'on fait confiance a vu d'œil, tout le monde le respecterai même s'il portait des guenilles. Et effectivement on le respect dans ce sentier où il a moins d'expérience que les autres maçons.
Il ne s'inquiétait guère pour son père étant donné que c'est son demi-frère Babacar(fils de la première femme de Père Diop) qui doit s'en occuper.
__Mais Youssouf pourquoi tu ne souris jamais ? Demande gentiment un jeune homme avec qui il travaille.
__Peut être que j'ai mes raisons, répondit-il simplement en soulevant un sac de ciment.
__Ça m'intrigue en tout cas, fit son interlocuteur en faisant de même.
Ce fut la seule discussion non-professionnelle qu'il eut.
Le soir, il rentra chez lui et miracle mère Ndiaye était à la maison, il semble que cette dame soit la marraine de la rue. Jamais dans la maison conjugale et ses enfants ne dérogeaient pas à la règle. Mais elle n'était pas seule, il y avait ses deux enfants biran et Maï, deux têtes inconnues et babacar et son père assissent en retrait sous le filao.
__Salamu aleykum, se contentant-il de dire en se dirigeant vers babacar pour le tchiéker.
__Mais boy il se passe quoi ici ? Demanda-t-il en attirant une chaise vers lui.
__Biran a marqué un but, il paraît, répondit babacar un sourire au coin.
__Je me suis toujours demander comment une fille peut l'aimer,c'est Siny n'est ce pas ?
__Oui cette...
__Que vous le voulez ou non il va l'épouser ! Cri l'une des inconnus coupant babacar.
__Biran n'est qu'un enfant ! Il n'a que 23 ans ! Comment voulez-vous qu'il engrosse votre fille ?! Cria avec hystérie mère Ndiaye.
__Quelle question ! Laj ko sa dome !
__Yaw lay wakhal biran ya bireul ki?! Je m'adresse à toi biran c'est toi qui a engrossé cette fille ?!
__Mère c'était juste un accident, répondit Biran sans vergogne.
__Yay doméram deug khalé bilé!
__Maintenant qu'il a avoué, je ne vais pas amener cette pute chez moi au risque d'être la risée de Pikine. Qu'il l'épouse dès qu'elle accouche ! Partons.
__Ay... Commence mère Ndiaye, mais ils me l'écoutèrent guère et partirent.
__Mère Ndiaye a trouvé sa paire, s'esclaffe Babacar.
__Bilay biran t'es qu'un chien.
Youssouf les regarde écœuré et pars se doucher.
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Vous allez me tuer pour mon absence mais je vous demande pardon du fond de mon cœur ce n'est pas voulu mais nécessaire