La Mort prise au piège (21)

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Pdv Nagisa :

Irina coupa le contact du fourgon, puis se glissa hors du véhicule. Elle ferma délicatement la portière et se dirigea avec une démarche féline vers la grande construction nous faisant face. Je sentis mon cœur battre infiniment vite lorsque je la perdis de vue entre les ombres. Akira me prit la main et m'adressa un sourire rassurant. La sienne était moite et je repris la mienne, gêné.
Après une interminable attente, une lumière vacillante s'alluma plusieurs fois d'affilé.

- Le signal ! Chuchota Akira.

Nous sortâmes du camion avec moins de discrétion que notre mentor. Nous pouvions à peine distinguer les contours de la porte blanche entrebâillée sur la façade bétonnée, le tout plongée dans l'obscurité.
Je poussa la porte et alluma la lumière, et pénétrant dans la vaste pièce non sans appréhension. Des dizaines de lits hospitaliers vides trônaient en ligne sur du carrelage immaculé.

- Voilà les blouses, désigna Akira.

Deux petits tas avait été abandonné à terre, cadeaux de notre chère Irina. Un peu plus loin gisait une infirmière et un de ses collègue en sous-vêtements, inconscients.

- Depuis quand not' Pouffe arrive à draguer des nanas ? Plaisantais-je.

J'enfilais le costume et remarquais que celui-ci était trop étroit au niveau de mes hanches. Je grimaçais en lisant mon badge "Isabelle Moulin". Je pouvais presque voir Karma me reluquer avec ironie, mais bannis la vision sans m'y attarder.
Après s'être moqué de moi, Akira et moi prîmes le chemin d'un long couloir. Aucun bruit n'était à signaler. Irina avait pour mission de regrouper tout le personnel dans une même salle et je me demanda comment est-ce qu'elle gérait sa troupe ... Bien sûr la présence de personnes ayant échappé à notre mentor était prévisible, et c'était sur nos gardes que nous arpentions le laboratoire.

Soudain, un fracas résonna. Je fis volte-face en même temps que mon partenaire et vis un chercheur ramasser des fioles brisées à proximité d'un chariot renversé. Je fus étonné de ne pas l'avoir entendu derrière nous avant, et il glapit :

- Je suis désolé ! Je cherchais nos collègues mais ... mais ... L'homme maladroit semblait paniqué comme un gamin en faute.

- Il n'y a aucun problème, dis-je avec le soulagement que nos déguisements fassent l'affaire. Je m'agenouillais et ajoutais  : Tenez, laissez nous vous aider. De quel service êtes-vous ?

Tant qu'à jouer le jeu, autant récupérer des informations. J'étais curieux de savoir quel nom il allait me sortir pour dire "Je découpe des enfants et place les pièces au rayon surgelé !", mais sa réponse fut toute autre. Akira m'imita et on ramassa les morceaux de verre avec le scientifique. Mes gestes étaient légèrement tremblants.

- Je suis nouveau, donc encore affecté nulle part ... Dites, vous savez quelle est l'activité de cette entreprise ? A vrai dire, j'ai été envoyé en stage ici en urgence mais personne n'a pris le temps de tout m'expliquer !

J'échangeai un bref regard avec Akira, qui semblait aussi affairé que moi. Que répondre ? Je fis en sorte qu'il comprenne et sauve la situation, comme la personne sauveuse de situation qu'il était, en vain. Il se contenta nettoyer le sol des débris en silence et fronçait les sourcils, troublé.

- Eh bien... Tu le sauras le moment venu, dis-je avec amertume. Il y a une réunion dans une pièce je ne sais où du bâtiment, tout le monde y était convié. Pourquoi n'étais-tu pas avec les autres ?

- J'avais du rangement à faire, répondit-il un peu sèchement. Et vous ? Vous êtes un peu à la bourre ...

Je laissais passer un silence. Sérieusement, plus le temps passait je le trouvais vraiment étrange. Une sorte d'impression ... de mauvaise impression. Comme un étau qui se resserre ...

- Aïe !

Un filet de sang s'échappa de mon petit doigt.

- Décidément, tu es trop doué, déclara Akira en se penchant pour examiner ma blessure.

Ce n'était que superficiel mais la coupure eu le don de me provoquer quelques vertiges. Était-ce à cause du morceau de verre ou bien de mon jeûn de la journée ?
Le jeune stagiaire se releva à vive allure, l'air soucieux.

- Je suis vraiment navré. Je ... si je n'avais pas renversé ce stupide chariot alors vous n'auriez rien eu du tout ! Je vais arranger ça, suivez-moi ...

Je demandai conseil à Akira du regard, qui opina du chef en gardant son air crispé. Nous suivâmes notre guide et je me rendis compte que je ne savais plus par où je venais. Si tout cela était un piège ?! Ma cage thoracique devint trop grande pour mon corps et menaçait d'exploser...
Il nous fit entrer dans le local, toujours aussi désert. Il s'appliqua à désinfecter la plaie, quand Akira balbutia :

- Je ... nous devrions y aller, chercher le lieu de la réunion ou ... N-Nagisa ...

L'homme en blouse nous toisa avec une expression victorieuse, lâchant ma main meurtrie. Il ôta son gant hygiénique et claqua des doigts sans arrêter de nous fixer de ses yeux de prédateur.

- Nagisa ? Dit-il avec une voix mieilleuse.

De derrière les armoires et de sous les tables s'extirperèrent des scientifiques aux visages masqués par des masques chirurgicaux et braquèrent sur nous de longues lames effilées. Je me mis dos-à-dos d'instinct avec Akira, mais lorsqu'il me prit la main une seconde fois, je ne pensais plus qu'à Karma.

Était-ce donc ce que tu voulais ...?

Dans Mon ViseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant