Le Chevalier nacré

Chapitre 11

La foule hurlait et courait, des éclairs s'abattant un peu partout sur le terrain. Les tribunes prenaient feu par endroit, affolant les citoyens qui essayaient de fuir. La garde royale, dirigée par Vald, était déjà en mouvement, mettant les familles royales ainsi que les habitants à l'abri.

Le chevalier nacré, sonné par la décharge, se relevait difficilement, une main sur son heaume, l'autre toujours agrippée à son épée. Au loin, il put voir un éclair s'abattre devant la famille royale et entendre un rire hystérique. Une femme au teint cadavérique, aux longs cheveux noirs et à la robe de la même couleur, flottait dans les airs, juste au dessus du roi et de la princesse de Wynver. Le chevalier se redressa prestement, serra son épée dans sa main et s'élança vers le groupe. Il fut coupé dans son élan par une lame noire qui manqua de le décapiter. Il ne dut sa survie qu'à ses réflexes surhumains. Devant lui, se tenait un chevalier à l'armure aussi noire que du charbon, ne reflétant aucune lumière. Les cornes sur son casque horrifique, en aurait fait frémir plus d'un. Mais ce ne fut pas le cas du chevalier nacré. Il en fallait bien d'avantage pour l'impressionner.

Plus loin, le chevalier sanglant c'était rué sur la sorcière descendue au sol. Sa hache brandit, grognant le plus fort possible, il se dirigea à grand pas vers la femme au sourire maléfique. D'un tour de main et sans même lui accorder un seul regard, elle lui fractura la nuque à distance, le chevalier s'écroulant à ses pieds. Son rire reprit de plus belle et bien plus fort.

- Aller chevalier ! Hurla-t-elle en ouvrant les bras. Osez venir me défier ! Vous n'êtes pas de taille ! La sorcière rigole de nouveau.

- Le chevalier nacré vous arrêtera ! Se rebella la princesse, tandis que son père essayait de la retenir derrière lui.

- Vraiment ? Je crains fort que mon chevalier sombre ne le tue avant.

La princesse frémit d'horreur, ne pouvant croire une seule seconde que son chevalier favori pouvait perdre. Il était le meilleur de tous. Personne ne pouvait le vaincre. Pas même la pourriture qui se trouvait en face d'elle. Elle essaya d'avancer, mais son père fit barrière de son corps et lui intima de reculer et d'arrêter de provoquer cette femme maléfique. La garde royale entoura les deux souverains pour les protéger et se lancèrent à l'assaut de la sorcière. Celle-ci riait à n'en plus finir, son visage se déformant tandis qu'elle tuait un par un les chevaliers qui protégeait la princesse. Il ne restait plus que le roi pour la défendre, mais lui aussi fini bien vite par voler de l'autre côté, sous le cri de sa fille inquiète pour son paternel.

Le chevalier nacré et le chevalier sombre c'étaient engagés dans un combat sans merci. Aucun des deux ne parlait, mais l'on pouvait sentir la rage se dégager d'eux. Alors que la légende fut distraite par le cri de la princesse, son adversaire en profita pour lui porter un coup fatal. La rapidité le sauva de peu, mais ne l'empêcha pas de chuter. Au sol, dans une position inconfortable pour se battre, les chevaliers cornu et Belarisse intervinrent dans le combat pour lui prêter main forte. Cela permit au chevalier nacré de se relever et d'apercevoir que son armure avait été percée.

Le combat tourna court. Le chevalier sombre étant bien plus fort que ses adversaires, il fit tournoyer sa lame et trancha la tête du chevalier cornu avant de blesser grièvement Belarisse qui s'écroula en hurlant. Il fit face au chevalier nacré, bien décidé à mettre un terme à sa vie. Il fut néanmoins interrompu par la sorcière.

- Mon chevalier sombre ! Nous avons ce que nous étions venus chercher ! Allons-nous-en !

Le chevalier sombre hésita, avant de baisser sa lame et de rejoindre sa maîtresse. Le dos tourné, son adversaire aurait pu en profiter pour l'attaquer, mais il tenait à son honneur de chevalier. C'est donc impuissant, que la légende vit disparaître la sorcière et son serviteur, avec sous les bras la princesse qui criait à l'aide. Tout autour de lui, le royaume n'était que désolation. Les flammes ravageaient tout sur leur passage, les cadavres jonchaient le sol par centaine. Rengainant son épée, le chevalier nacré s'approcha de Belarisse en mauvaise posture. Il lui releva la tête et lui enleva son heaume pour voir le visage crispé de douleur de son compagnon d'arme.

- Laissez-moi chevalier. Allez aider les autres. Je n'en ai plus pour très longtemps. Dîtes à mon royaume que je suis mort en héros. Ma femme et mon fils en seront fier.

- Vous le leur direz vous-même chevalier.

Pour la première fois, la légende brisa le mythe du silence qui l'entourait. Belarisse en fut surpris et son regard s'éclaira de compréhension avant de s'évanouir.