1. L'AMOUR NE FAIT PAS LE BONHEUR

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Enfin, Noah est couché. Philippe et moi sommes contents de nous retrouver un peu seuls et prenons le temps de discuter de nos journées respectives, l'habituelle tisane du soir à la main. Il me parle de son travail. Je ne sais pas comment il fait pour rester enfermé dans un bureau toute la journée, dans un milieu aussi déprimant et sérieux.

Marina revient beaucoup dans la conversation, son assistante d'une vingtaine d'année, qui est une vraie bombe à en croire ses collaborateurs. Je ne l'ai jamais vue, je n'oserai pas débarquer à la banque et envahir son espace vital. Peu m'importe ce qu'il s'y passe, je lui fais totalement confiance.

Je l'écoute d'une oreille distraite, en regardant son physique parfait d'acteur de cinéma. C'est le sosie de Jon Hamm. Il me plait comme au premier jour. Je ne pensais pas qu'il me ferait toujours autant d'effet dix ans plus tard.

Puis je m'éclipse, après un bref baiser déposé sur ses lèvres, pour aller me préparer pour la nuit. Je soupire d'aise en refermant la porte de la salle de bain, imaginant les prochaines trente minutes que je vais pouvoir dédier entièrement à moi-même.

J'ai encore passé une journée interminable à m'occuper de la maison et de Noah, deux ans. Alors que j'ai juste envie de vivre, pas de rester enfermée chez moi, en dehors du monde, et voir les autres qui avancent, travaillent sur des projets passionnant, profitent de la vie, usent et abusent de leur liberté de couple sans enfant, voire de célibataire, pour les plus chanceux d'entre eux.

J'aimerais pouvoir me remettre à écrire aussi. Impossible de noter ne serait-ce qu'une ligne, alors que ça a toujours été mon travail, et avant ça, une passion. Mais plus rien ne sort depuis la naissance de Noah, j'ai l'impression que mon identité, tout ce que j'étais, s'est évaporée dans la nature, que je me suis fanée, que mes plus belles années sont désormais derrière moi, que je suis finie. Ma vie est désespérément plate et sans saveur.

"Il se marièrent et eurent beaucoup d'enfants." Et après quoi ? Sérieusement c'est ça la fin de l'histoire ? Quelle horreur !

Le pire n'est pas d'avoir des rêves impossibles, mais de réussir à les atteindre et de se rendre compte que rien ne sera jamais assez. Métier, mariage, famille, rien de tout ça ne pourra jamais me remplir.

On dit que l'argent ne fait pas le bonheur, mais l'amour non plus.

Je me rends compte aujourd'hui que je n'aurais jamais dû me marier, je n'aurais jamais dû avoir d'enfant. Ma pire erreur a été de croire que je pourrais supporter la normalité, la vie de tout le monde. 

Infidèl(e)sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant