33. LA FIN EST TOUJOURS LE DÉBUT D'AUTRE CHOSE

9 2 2
                                    




Six mois après.


Mon téléphone affiche un appel entrant auquel je n'ai pas eu le temps de répondre. Quelques secondes plus tard, j'ai un nouveau message. Je l'écoute juste avant de tourner la clef pour démarrer.


" Liz, c'est votre agent à l'appareil. En ce qui concerne votre recueil de poèmes, les ventes vont tout doux mais je vous avais prévenu, on peut difficilement faire des miracles avec la poésie... D'autre part, j'ai bien reçu le manuscrit. J'aimerais qu'on en parle de vive voix. Je pense qu'on peut aller loin avec celui-là Liz, je suis très confiant. J'ai quelques maisons d'éditions en tête, et j'ai pensé à quelques remaniements, des détails, mon côté perfectionniste. Très chère, j'attends votre appel. "


Je suis au volant de ma voiture, Noah endormi sur son siège auto à l'arrière, nos valises débordant du coffre jusque dans l'habitacle, sur la banquette arrière et à la place passager, à côté de moi. Aller où ? Vivre de quoi ? Ce sont des questions que je me poserai plus tard, ayant l'énorme chance de pouvoir me reposer pendant quelques temps sur mes économies. Pour l'heure, le soleil se couche et je vais rouler droit devant, toute la nuit s'il le faut.


J'arrive finalement chez mon frère au levé du jour, en l'ayant prévenu que tard dans la nuit. Il m'accueille sur le perron de sa maison en bois de laquelle irradie une lumière chaleureuse, doucement rejointe par les rayons du soleil qui se lève à l'horizon. Après avoir déposé Noah, qui dort toujours, au milieu du grand lit de la chambre d'ami, et laissant tous les bagages dans la voiture, je m'affale sur le canapé du salon, attenant à la grande cuisine à l'américaine. Les deux pièces embaument le parfum du café brûlant que Raphaël a préparé pour mon arrivée. Cette odeur familière me rassure, je suis en sécurité. Tout va bien se passer.


Il est debout, les cheveux ébouriffés, encore en pyjamas. Dans le silence bienveillant, il me regarde avec un sourire en coin. Il me laisse le temps de reprendre mes esprits avant que je me lance dans le récit de tout ce qui s'est passé ces derniers mois. Quand j'ai fini, il se rapproche de moi et passe un bras protecteur autour de mon cou. " Tu peux rester aussi longtemps que tu voudras, vous êtes les bienvenus ici. T'as de la chance que ton frère soit célibataire et plein aux as. Et beau-gosse avec ça. " Nous voilà partis dans un grand éclat de rire. Bon, il n'est pas "plein aux as", mais gagne quand même très bien sa vie, il est architecte. C'est sa façon de me dire de prendre tout mon temps, que je ne lui devrai rien.

Infidèl(e)sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant