29. LA COLÈRE

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Mais Philippe ne veut pas comprendre. Il reste bloqué sur l'idée qu'il ne veut pas me partager. Je me sens moins comme ça femme en cet instant que comme une possession quelconque et ça a le don de m'énerver.


" Tu l'aimes ? Plus que moi je veux dire ?

_ C'est différent.

_ Je crois que j'aurais préféré que ce soit avec un coup d'un soir.

_ Tu ne penses pas ce que tu dis. Je te connais, il n'y a rien qui ne te répugne plus que le sexe pour le sexe.

_ Qu'est-ce qui te manque avec moi ? Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Si tu n'es plus heureuse avec moi tu peux partir, je sais même pas ce qui te retient. Si tu veux éviter de me faire souffrir c'est trop tard..

_ C'est pas ça, je suis heureuse avec toi, mais avec lui aussi. J'ai besoin de vous deux.

_ Je ne comprends pas ce que tu cherches, ce besoin que tu as... cette insatisfaction permanente... mais tu as le droit d'être heureuse. Je suis juste déçu que ce ne soit pas avec moi.

_ Mais c'est avec toi, je ne veux pas te quitter. Une partie de mon bonheur est avec toi.

_ Oui mais une partie seulement. C'est bien ça le problème. Je ne veux pas te partager.

_ Je suis désolée.

_ Est-ce que tu sais à quel point je souffre? Tu n'as même pas l'air de regretter ce que tu as fait.

_ C'est vrai, je suis désolée mais je ne regrette rien. Tu n'as jamais voulu voir ailleurs ? On pourrait être ensemble, et libres tous les deux. 

_ C'est vraiment ce que tu veux ? Tu veux dire que tu ne dirais rien si je faisais la même chose que toi? Ça ne te ferait rien ? Tu ne serais pas jalouse ? Et si je te disais que je t'avais déjà trompé?

_ Ça ne me ferait pas plaisir évidemment mais j'essaierai de l'accepter. J'essaierai de te donner ce que j'ai envie que tu me donnes. Je ne vois pas une autre façon d'aimer.

_ Ce n'est pas ma conception des choses. Ça n'a jamais été ma conception de l'amour, de la famille. Ça n'a aucune valeur pour toi ?

_ Ce n'est pas parce que j'ai besoin d'un autre que je n'aime pas notre famille, jamais je n'aurais pu avoir ce que j'ai avec toi avec lui. 

_ Oui je comprends très bien ne t'inquiète pas, avec lui c'est la passion et moi je suis le dindon de la farce.

_ Pourquoi tu dis ça ?

_ Je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il a la meilleure part de toi.

_ Je suis désolé de te faire de la peine.

_ Quel choix il me reste ? Accepter ou partir ?

_ Je ne veux pas que tu partes, j'ai besoin de toi.

_ Tu es quand même gonflée de me dire ça après ce que tu as fait. Tu mériterais que je parte. Tu sais, le plus triste dans tout ça c'est que ça fait quelques mois que je me dis que j'ai retrouvé la femme que j'ai épousé. Celle qui était contente de vivre. Et quelque part c'est à lui que je dois tout ça. J'ai besoin de réfléchir. Je ne sais pas si je pourrais continuer... "


Alors voilà, maintenant il sait. Ça a été bizarrement plus facile que ce que je m'imaginais. Il ne s'est pas effondré comme j'avais eu peur qu'il le fasse. Et j'ai su tenir bon, être véritablement moi-même pour la première fois,  exprimer ce dont j'ai véritablement envie au plus profond de moi-même, même si c'est moche, que ça va à l'encontre de tout ce que l'on m'a toujours appris. J'aurais presque aimé qu'il me dise qu'il m'avait trompé lui aussi. J'en ai marre de toujours être la méchante, celle qui fait mal, celle pour qui rien ne va, qui n'en a jamais assez. Son irréprochabilité me fait me sentir d'autant plus mauvaise.

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