Infidèl(e)s

23. L'INVITATION

Je passe voir James en coup de vent, nous n'avons pas le temps pour autre chose qu'un café en ce moment, il a de gros shootings à finaliser, et avec la Fashion Week qui commence il n'a presque pas de temps pour lui, donc encore moins pour nous.

Nous prenons quand même le temps de nous asseoir dans un petit bistrot où personne ne risque de nous reconnaître. Je respire fort l'odeur de café qui me réveille et m'apaise à cette heure matinale. Je m'autorise à poser ma main sur son poignet en le regardant avec douceur. Je remercie la vie intérieurement.

Même ma relation avec Philippe s'en trouve transformée, par une opération étrange de vase communicant j'ai de nouveau envie de lui, et notre couple n'est jamais allé aussi bien.

Je rapproche ma chaise pour coller mes jambes entre les genoux de James pendant qu'il regarde son téléphone. Il me tend son écran, ouvert sur une galerie de photo :

" Je me suis remis à dessiner après que tu sois partie l'autre fois. T'en penses quoi ?

_ Ah ! Bien, je vois que tu suis mes conseils. C'est plus coloré, plus léger. J'adore. Fais-en d'autres.

_ Hé je me disais, si tu veux toujours faire des rencontres avec des gens dans l'édition, j'ai quelqu'un à te présenter. Un ancien écrivain qui se lance dans le coaching, comme agent littéraire. il connait plein de monde. Il pourrait peut-être t'aider.

_ Je sais pas, ça va changer quoi ? Je suis pas sûre....

_ Écoute il faut que tu le rencontres. Tu devrais vraiment écrire un livre. Tu vas y arriver j'en suis sûre, tu es faite pour ça. Il sera là vendredi. Je peux t'avoir une invitation si tu veux.

_ Mais c'est en couple non ? On ne peut pas y aller ensemble...

_ Tu viendras avec ton mari.

_ Non, on peut pas faire ça...

_ Pourquoi ? J'y vais avec Grace, elle t'a déjà vue, elle ne se doute de rien. Ça va le faire t'inquiète, pourquoi ça se passerait mal ?

_ Je sais pas, j'le sens pas, c'est pas bien de tout mélanger comme ça...

_ Parce que tu crois que c'est bien ce qu'on fait ?

_ On va finir par se faire griller si on ne fait pas attention.

_ Mais non, tu vois toujours le mal partout, relaxe. Il faut que tu vois ce type, j'ai un super pressentiment. Ça va te motiver. Il faut que tu écrives, arrête de remettre à plus tard. Plus tard ce sera trop tard.

_ Je t'aime.

_ Moi aussi je t'aime. Écris d'accord ? Écris pour moi. N'importe quoi. "

On s'embrasse et c'est déjà le moment de se quitter. Mon coeur se serre. Je l'aime oui. Et j'aime Philippe. Je les aime tous les deux d'une manière complètement différente. Philippe, c'est l'amour sûr, raisonné, profond et limpide, comme un grand lac apaisé qui fait sens, et autour duquel tu peux vivre, te sustenter. James, c'est l'intensité de tout ce qui touche sans qu'on puisse comprendre avec la tête. C'est croire en quelque chose d'immatériel, un grand ciel la nuit dans lequel on distingue quelques étoiles, sans savoir où l'on va. Ils se complètent, je ne pourrais pas vivre sans l'un d'entre eux.