20. FAIRE L'AMOUR AVEC JAMES

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Après avoir jouit en moi, rapidement comme s'il retrouvait l'excitation de sa puberté, il me regarde et il m'embrasse, m'accueille au sein de son être à nouveau.


Je sens nos âmes fusionner comme on selle le rabat des enveloppes en léchant la colle imprégnée avec la langue. Et on se lèche, lèche, lèche, jusqu'à ce que chaque partie de nous soit cousue l'une à l'autre,. En quelques minutes je sais que je n'étais pas folle, tout est resté intact, gravé dans nos corps, l'attirance, le désir, le besoin, la fascination que l'on ressent l'un envers l'autre, je dirais presque l'amour.


Je ne peux pas croire que ça vient d'arriver, alors que la scène avait été tant de fois jouée dans ma tête. J'avais imaginé tous les décors, tous les mots échangés possibles, tous les gestes, mais pas ceux-là.


Je suis pile à l'étrange instant, qui débute dès que cesse l'immense désert gelé de l'attente, où tout se met soudain à fleurir et tournoyer. Le changement est si percutant que c'est comme si le sol bougeait sous mes pieds, que les murs se mettaient à vibrer, et que je ne pouvais plus appréhender la réalité comme quelque chose de concret et d'unifié. La sensation est délicieuse mais plus rien ne fait sens, ou plutôt, tout revêt un sens radicalement nouveau.


Je ressens son corps, sa peau que je peux voir et toucher, comme un miracle. Je me fais l'effet d'un homme d'église qui aurait voué sa vie à Dieu, et un beau jour se retrouverait nez à nez avec Lui, en chair et en os.


Je ne peux pas m'empêcher de le toucher, comme si je voulais accumuler les preuves, juste avant qu'on me le reprenne. Je pense brièvement à Philippe, mais je ne ressens aucune culpabilité, je ne me suis jamais sentie aussi proche de ma vérité. Il fallait que ça arrive. Toute la honte accumulée jusqu'ici s'est complètement évaporée. JE NE SUIS PAS FOLLE. Il n'y a qu'un apaisement, un immense soulagement en moi. Je suis pile là où je dois être.


Dans ses yeux je lis qu'il en avait envie depuis longtemps.


" Je ne comprends pas...

_ J'ai essayé de résister mais je n'arrive plus à lutter.

_ Tu m'as dit que tu ne ressentais plus rien pour moi, que tu étais heureux avec ta femme.

_ C'est plus compliqué que ça... C'est vrai que je suis heureux, que je t'avais oublié. Le passé c'est le passé.

_ Mais..?

_ Mais, te revoir, ça a réveillé quelque chose en moi... Je me suis rappelé de plein de détails de notre histoire, et c'est devenu très dur de t'enlever de ma tête après ça. "


Il me dit ces mots, son front contre mon front. Nos nez se touchent et nos jambes sont étroitement entrelacées, imbriquant nos deux corps humides et fiévreux l'un dans l'autre. Je n'entends que sa respiration, profonde, presque animale. Il enserre mon cou d'une de ses mains, son pouce s'étalant sur ma joue. Son souffle sort de sa poitrine pour être aussitôt avalé dans la mienne. Il m'attire vers lui pour m'embrasser encore, caresser doucement ma langue avec sa langue. Je réfugie ma tête dans son cou, ferme les yeux et me laisse aller complètement, sans penser à la soirée qui continue sans nous dehors. Dans notre empressement nous n'avons pas même pas pensé à fermer la porte à clef, laissant la voie libre à quiconque tenterait d'entrer.

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