Chapitre 5

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-Je, euh..., hésita Adam. Vous avez dû vous tromper.

-Peu de foyer héberge pourtant un loup cosmique en leur sein, répliqua Lotor, assuré.

-Comment vous sav-

-Adam ? appela la voix de Shiro. Tout va bien ?

La tête de l'aigle apparut dans l'embrasure, mais Shiro se raidit aussitôt en reconnaissant les ailes de l'albatros, quittant le salon pour venir lui faire face, le visage dur et impardonnable.

-Qu'est-ce que vous faites ici ? demanda-t-il sèchement.

-Shiro, qui e-

-Je m'appelle Lotor et je suis à la recherche de quelqu'un, répéta l'homme aux longs cheveux fins et argentés. Je pense qu'il est ici.

-Il n'y a rien pour vous ici, partez s'il vous plaît, répliqua Shiro d'un ton ferme.

-Je ne partirai pas sans lui.

-Sérieux, les gars, vous faites quoi, il faut pas deux heures pour faire entrer All-

La voix de Keith s'étrangla dans sa gorge et ses plumes se gonflèrent presque aussitôt de rage lorsqu'il reconnut l'individu. Derrière lui, Lance écarquilla les yeux et rabattit brusquement ses ailes contre son dos, faisant sans y penser un pas en arrière. Keith enregistra tous ces mouvements, ainsi que le rapide coup d'œil que l'albatros lança aux ailes détachées de Lance, et l'éclat de colère qui fit ombre dans ses prunelles pendant un court instant.

-Le voilà, déclara-t-il avec un calme oppressant, affichant un sourire convainquant. Lance, rentrons, ta mère s'inquiète.

-M-Ma mère ? répéta Lance, d'une voix si faible que même Keith, à côté de lui, faillit ne pas l'entendre.

Un silence de mort pesait soudain sur le hall d'entrée, où deux aigles, un milan sacré et une pie aux ailes dépareillées s'entassaient face à un albatros à la posture droite et fière.

-Tu ne donnes plus de nouvelles depuis deux jours entiers, elle m'envoie te chercher, assura l'intrus.

Keith détesta le venin au goût de mensonge et de manipulation qu'il put entendre dans sa voix. Ses plumes se gonflèrent encore et il écarta une aile cramoisie devant Lance, le bloquant de la vue de l'autre.

-Lance n'ira nulle part avec toi, prévint-il d'une voix menaçante.

Les traits de l'albatros se durcirent, ses sourcils se froncèrent, ses poings se serrèrent un bref moment. Et Lance se recroquevilla un peu plus, se rapprochant inconsciemment de Keith, ses ailes plaquées contre son dos.

-Lance est mon petit-ami et j'ai tous les droits de le voir, asséna l'intrus. Il n'a rien à faire ici. Sa famille s'inquiète et je dois le ramener sain et sauf.

Keith ne répondit pas, mais se tourna plutôt légèrement vers Lance, derrière lui.

-Il dit la vérité ? interrogea-t-il.

Il détestait mettre autant de pression sur Lance. Le forcer à choisir entre celui qui clamait être son petit-ami, un être proche et probablement aimé, et eux, qui l'avaient secouru et accueilli dans la maison sans un mot de plus. Mais Keith ne pouvait s'empêcher de repenser à la rage qui coulait comme un torrent dans la voix de l'albatros la première fois qu'il l'avait vu, et à l'horreur de Lance, sa terreur et sa pétrification. Quelques ponts se formèrent soudain dans l'esprit de Keith. Pidge avait parlé d'un albatros, d'un « Lotor ». Lance avait également mentionné ce nom, d'une voix terrifiée. Et à présent que cet oiseau de malheur se représentait de nouveau devant eux, affirmant être le petit-ami de Lance, il comprit facilement que « Lotor » et « albatros » n'étaient qu'une seule et même personne. Et que Lance en était terrifié.

Étends tes ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant