Hey hey hey, il est temps de s'aventurer dans le premier chapitre de Moloch. Un premier chapitre qui est très long avec beaucoup de personnages. Si vous souhaitez un jour que je fasse une grande fiche récapitulative, hésitez pas. Plus le roman avance, plus y a de personnages, c'est un roman chorale à plusieurs point de vue. Enjoy /o/
***
Hyacinthe, 6h34, Jeudi.
Ouvrez les yeux, vous allez tous crever. D'une manière aussi immonde que la fin du monde dans vos écoles en plastique. Tourne tourne tourne tourne. Même l'art est devenu propagande. Les culs vissés sur des bancs, nos cerveaux sont des ordinateurs. Dans mon amphi de fac, les yeux de statues me dévisageaient. J'ai le cœur dans une machine. On n'exprime jamais rien, non jamais. Paume moi paume toi. Je rêve que tout le monde crève dans l'explosion d'une bombe nucléaire. Des alarmes perforent mes entrailles. J'ai peur maintenant. Tout mon corps est criblé de balles. Des griffes acérées me scalpent la peau. J'ai tellement erré. Ils semblent que mes yeux ne voient plus rien, désormais. Je cherche sans arrêt l'ombre de Louis au creux de chaque ruine, au milieu des déserts et des tumeurs formées par les souvenirs. Quand, une fois que je n'en pourrais plus de marcher mon corps se disloquera. De toute manière, mes yeux s'effritent déjà tout à l'intérieur de mon corps. Ce monde des villes brille-t-il encore ? La lumière des lampadaires éclaire-t-elle mon chemin ? Il y a tant de choses à voir dans ce monde que j'en suis devenu aveugle. Y a-t-il encore de l'espoir, quelque part, entre les ruines, et les choses qui s'écroulent ? Quel trésor trouverons nous sous les gravas ? Enfant, je rêvais de pouvoir danser n'importe où, comme dans les comédies musicales. Sur les toits, les voitures pendant les embouteillages, les cafétérias du lycée. Existe-t-il des comédies musicales qui se déroulent pendant l'apocalypse ? Quel massacre avons nous causé ? Regardez tout ce désordre dans la ville. Ici, où pouvons nous voir le soleil ? Il ne fait même jamais nuit. Juste un blizzard permanent, de pâles nuées ardentes et un ciel gris. On se noie dans des liqueurs, on détruit nos cerveaux à coup de fronde et de pierres, on tente à découvrir de nouvelles couleurs que l'oeil humain n'a pas encore saisie au fond de ce monde sans rien, dénué de tout. Où irons nous, dites moi, lorsque le monde explosera ? Quand les gens deviendront fous ? Nos rêves prendront-ils alors la forme de la réalité ? Et parmi ses voiles, y aura-t-il assez d'espace pour que je m'y allonge ? Est-ce que je mérite vraiment ce glaive au dessus de moi ? Ouvrez les yeux. Vous allez tous crever. J'espère intimement que vous allez tous crever. Voilà que je m'empile sous des assiettes sales. C'est crevant. C'est dingue d'être aussi paumé, juste parce que Louis n'est pas là.
Je passe ma vie dans le bruit des voitures et la torture des pots d'échappements je respire la fumée de nicotine et du goudron écrasé par les roues du diables non ne me jugez pas nous les cerveaux blindés d'horreur de mensonges de messages politiques bidons ne me jugez pas fabriqué en pièces détachées machines périmées rouillées à qui on demande quand même de marcher de réfléchir d'avoir des opinions ne me jugez pas continuer d'être solidaire sous le règne des populistes et de tous ces autres vendeurs de chimères au prix de la chair humaine non ne me jugez pas continuer de s'aimer quand on nous parle de surpopulation et qu'on parle de sexe comme d'un virus obligatoire non ne me jugez pas plus personne ne se pose de question en réalité quand on voit des jeunes des vieux des gens déambuler dans la rue les pieds ouverts et nus sur les pavés parlant à une conscience divine inaudible et sourde seuls dans la nuit éclairée par quatre lampadaires qui s'essoufflent à éclairer nos routes et nos cerveaux ratatinés par l'espoir de s'en sortir vivant alors que tout le monde va mourir à la fin de l'histoire comment voulez vous, comment voulez vous que ça ne déraille pas, que ça reste stable tout ça ? Je n'ai que faire de la guerre, là, dehors, ailleurs que chez moi. On m'a demandé d'être compatissant, à la télé, quand cette même télé montre des horreurs comme une banalité profonde. On demande aux enfants de participer en classe alors que le monde entier a un énorme problème de communication qui s'est transmis comme une maladie vicieuse vorace et contagieuse. J'ai commencé à troquer mes neurones contre la totalité des chaines de la TNT. Je m'en vais brûler les derniers qu'il me reste dans les rues, là bas, dehors, dans ma rue, au fond des périphériques et des autoroutes, et ils serviront de cartouches pour fusiller la Terre.

VOUS LISEZ
MOLOCH
Mystery / ThrillerQuand Hyacinthe Rightway, à 16 ans se ramène avec un bébé, du nom de Flower, dont il affirme être le père, il est exclu du domicile familial et il embarque alors son jumeau, Louis, dans ses galères. Maintenant, ils ont 25 ans. Flo est un gamin anxie...