Hey hey hey, voilà, la conclusion du tome un de cette saga familiale chelou. Ça aura mis cinq ans, mais voilà, j'ai écrit presque 50% de ce truc très expérimental. D'ailleurs, ce chapitre l'est, expérimental. J'avais envie de faire une conclusion poétique. Un point de vue de Hyacinthe, le premier pdv du roman. Lui entièrement centré sur lui au début. Et lui, maintenant. Je voulais un chapitre qui ne raconte rien mais qui raconte tout à la fois. Parce que Hyacinthe, tout autant que Moloch, ne racontent rien en soi. Pourtant ça raconte tout. Merci d'être arrivé.e.s jusqu'ici, on se retrouve avant 2100 pour le début du tome deux. Bonne lecture o/
Hyacinthe, Noël
Des bras comme des branches enfermant les fruits de tes passions meurtrières. Je ne peux que te regarder. Ton haut du corps bat sur la musique. Toi au-dessus du monde, toi au-dessus de l'humanité entière. Tu pourrais me percer à même la nuit dans ta transe, dans tes nuages logiques qui s'éparpillent à l'impulsion de ta tête qui tangue. Personne ne saura jamais la guerre qui se joue depuis des années dans tes cellules, tes reins, tes os, la plus belle et la plus laide de tes grandes idées métaphysiques. Parce que là, tu danses. Vieux pull de Noël, laideur qui ne fait que t'embellir, toi sans tes lunettes opaques, toi avec ton vrai visage. Je suis l'érotisme, tu es la passion. Des bras comme des branches, tes mains sont des fleurs qui éclosent en pagaille, ce feu d'artifice saisissant, banquet de résidus chimiques dans tes coudes maigres. Si je meurs dans ton regard, je pourrais sentir le souffle putride de tous les cadavres de dessous la terre. Tu leurres le monde à longueur de journée sans jamais te leurrer toi-même. Tu maitrises parfaitement la comédie dont tu es le metteur en scène. Tourne sur toi même, un sourire brisé comme un cœur trahi, cette grâce grave sans commune mesure, courbes de ton dos contre les courbes de lumières de réverbères, dehors, étoiles vers le ciel noir. Incroyable et majestueux : tu es un empereur. Des bras comme des branches s'étirant se tordant s'exhibant et des poignets qui figent l'espace temps. Si tu t'arrêtes de bouger je pourrais sentir la sensation vertigineuse de la Terre en chute libre de son axe. Soleil lune, jour nuit, aurore crépuscule, oxymore et antithèse, anaphore et grésillement, tes mouvements se répètent inlassablement mes yeux brûlent de l'acidité des tiens. Naissance mort, amour haine, passionnel routinier, tes os sont ma couverture ton cœur la berceuse à ce moi, planté ici, devant toi, devant nous à la parallèle perpendiculaire de l'innommable. Louis Louis Louis. Prénom de roi, prénom de Saint. Je suis la fleur que tu n'as jamais su faire fleurir. Au milieu de ces décombres, de nos décombres, de mes gravas, de ton tombeau. Tu es vivant et je suis mort : nous sommes le chat de Schrödinger. Car moi ou toi ça ne veut rien dire sans nous. Ton ADN lié au mien je le sens à chaque respiration de toi. Car moi ou toi ça ne veut rien dire, le vrai toi, c'est nous, le vrai moi, c'est nous. Et je n'arrive plus à entendre la musique, seulement ton souffle saccadé et ton cœur qui bat qui pulse et fait pulser le système solaire. Lucidité déraison, hiver été, naissance et résurrection, métaphore et analogie, même moi je ne pense pas tout savoir de toi. Je ne peux bouger correctement que si tu me regardes. Toxique ou sécurisant : j'ai oublié. L'importance n'est accordée qu'à l'aspect moralisateur des choses. Je n'ai aucun sens sans toi. Hallucination et réalité, monologue et tirade, œil défiguré œil trou noir qui est à toi qui est à moi qui est à Tobhias. Les fusées qui décollent pour l'espace n'auront jamais cette aura subversive et subjuguante que tu as. Louis Louis Louis. Tu incarnes les morts et les vivants ce cette famille. Si ma cervelle lâche et explose, compte les morceaux et embrasse les, mets les au feu, brûle, brûle les tous. Je veux laisser ma mélancolie me manger et en formulant ce souhait je deviens cannibale de ma propre substance pensante. Louis, tu brises mon cœur et mon âme. Quand tu souris. Quand tu pleures. Quand tu cries. Est-ce que tu donnes envie de vivre, est-ce que tu donnes envie de mourir ? Les deux à la fois. Sans doute.
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MOLOCH
Mistério / SuspenseQuand Hyacinthe Rightway, à 16 ans se ramène avec un bébé, du nom de Flower, dont il affirme être le père, il est exclu du domicile familial et il embarque alors son jumeau, Louis, dans ses galères. Maintenant, ils ont 25 ans. Flo est un gamin anxie...