MOLOCH

CHAPITRE ONZE : UN MONSTRE À L'INTÉRIEUR

Désolée pour le retard mais le voici enfin, le chapitre 11 de Moloch. Au programme, en apprendre plus sur les pouvoirs des persos, un peu d'amour aussi. TW SEXE. Hésitez pas à commenter, me dire si vous avez aimé, pester contre un perso ou le câliner d'amour. Bonne lecture o/

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Hobbes, 18h00, Mercredi

La rue s'agite, les bars se remplissent et Hobbes est obsédé par Hyacinthe. Ses mots, son parfum, ses cheveux taillés dans de l'argent, la couleur indéfinie de ses grands yeux clairs, son rire, sa façon de fumer, de boire, de danser, d'aimer l'art. Il sent que quelque chose cloche chez Hyacinthe. Un truc grave. Quelque chose de terrible. Mais il n'arrive pas à voir quoi. Si c'est un drame ou bien si c'est inhérent à lui-même. Ou les deux. La rue s'agite et son portable sonne au rythme des pas et des bruits en terrasse de bar. Il attend un appel de Hyacinthe, un petit mot, accroché à leur sonorité qu'il fantasme, gardant sa voix profondément dans son crâne comme un trésor immensément précieux enterré sous la mer. Cette passion débordante qu'il nourrit pour lui depuis le premier jour l'étouffe. Il rêve de le voir sourire, de l'entendre rire pour assister à cette métamorphose du monde, de l'univers, de chaque coin, chaque détail qui peuple ses rétines, et ce serait pour Hobbes comme une seconde naissance. Hyacinthe l'obsède, Hyacinthe l'intrigue. Il voit en lui plus que le petit con qu'il montre, il y a quelque chose d'autre. Hobbes veut qu'il sente son cœur battre, par n'importe quel moyen, qu'il vive de manière puissante et plus seulement par procuration de lui-même. Il rirait, Hyacinthe, s'il entendait ce qu'il pense. Mais Hobbes s'en fiche. Il commence à pleuvoir. Une pluie froide qui glace le sang quand elle vous touche la peau. Hobbes se décide à rentrer dans cette résidence abîmée où vit Hyacinthe également, espère le croiser à la volée, juste un regard dans la pénombre. Hyacinthe l'absorbe, le dévore de l'intérieur, chaque fois qu'il le dévisage ça a la violence d'une morsure, chaque parole prononcée un coup de griffe en plein cœur. Et même si la littérature disait que l'amour fait mal, que les protagonistes ne finissent jamais bien, que Roméo et Juliette meurent à la fin, Hobbes a trop d'espoir pour ne pas croire que la blessure se transformera en parterre de fleurs surréalistes et même si c'est niais, il s'accroche, oui il s'accroche, Hobbes, parce que Hyacinthe parce que lui, ils valent mieux que ça, ils valent mieux que ça, comment emmener Hyacinthe hors de la morosité, du désespoir, comment l'empêcher de se faire manger par son monstre à l'intérieur, les humains valent tellement mieux que ça, c'est quoi cette société ou ces tourments qui les condamnent, c'est quoi ça, c'est injuste, pourquoi on fait attention à ça, pourquoi on nous dit qu'il ne faut pas prendre ses désirs pour la réalité, Hobbes veut prendre ses désirs pour une réalité et rien ne l'en empêchera, pour lui, il a déjà gagné, quand il passe la grande porte de sa résidence, entendant toujours les rires des gens dans les bars, quand il réfléchit dans l'ascenseur, quand il appuie sur le bouton du septième étage, quelque chose de plus beau que ça existe, et il ignore d'où tout cela lui vient, ignore ce qu'il va en faire, pourquoi Hyacinthe dans le fond, est-ce que c'est seulement parce qu'il est beau, il l'intrigue, il l'intrigue, et c'est ça, le sentiment le plus fort que s'apportent les humains entre eux, s'intriguer, c'est comme ça qu'on comprend le monde et nous-mêmes, qu'on se ressent, qu'on est vivant, il veut que Hyacinthe lui apprenne ce que c'est qu'être vivant et...

« Hobbes. »

Le temps se suspend entre ses lèvres. C'est le lot des gens beaux. Allongé au milieu du couloir qui sépare leurs appartements respectifs, une longue jupe en tulle argentée qui remonte jusqu'à ses genoux dévoilant ses jambes fines et pâles, le regard assombri par une paire de lunettes de soleil roses, les cheveux trempés par la pluie, Hyacinthe plante ses crocs dans sa gorge. Quand il se lève, la terre entière s'incline, Hobbes retient son souffle quand il enlève ses lunettes face à ses yeux trop clairs comme forgés dans du cristal, il se paralyse quand Hyacinthe marche vers lui porté par la cambrure de son corps et c'est comme la première fois qu'il l'a vu, ça n'a pas changé.