MOLOCH

CHAPITRE DIX : UN VERRE ÉBRÉCHÉ

Hey bonjour bonsoir, et bienvenu dans le chapitre 10 de Moloch. Un chapitre d'explication, de révélation, et encore exclusivement féminin. TW arme, blessure. C'est le moment où les masques commencent à tomber petit à petit. Mais y a un début de romance mignonne à la fin. Donc tout va bien. Enjoy ta lecture /o/

***

Nour, 11h00, Lundi

La présence de Raven a infiltré les murs et les nerfs de Nour comme une brèche immense sur un minuscule verre. Elle sert les clients du café avec une angoisse dans le cœur. Ses mèches de cheveux virevoltent dans l'air et leur bourrasque fredonne avec les odeurs de thé à la menthe, de café et de limonade fraiche dont on entend les bulles pétiller, s'effacer à la surface. Esra lui a envoyé plusieurs messages depuis le début de la matinée. Nour a peur qu'il lui arrive quelque chose à elle, si Raven retrouve sa trace. Puis, sa raison lui dit que de toute manière, c'est Flower que Raven cherche. Pas elle. Jamais elle. Même quand elles étaient ensemble, Raven ne la cherchait pas vraiment. C'était un jouet pour mieux cerner Louis, elle qui en était si proche alors que Raven le perdait jour après jour dans la puissance qu'elle lui avait elle-même développée. Nour sait qu'elle a réellement aimé Raven. Même après le coup de feu, logé dans le creux de ses reins, tiré par Raven, cette Raven qui la visait elle en particulier. Ce bref instant où l'on devient juste une vulgaire cible. Nour s'en souvient parfaitement, au delà de la cicatrice qu'elle en a gardé sur son corps, c'est quelque chose de plus profond, c'est cérébral, c'est dans son sang. Comme si la mémoire, l'usine des souvenirs se trouvait partout dans son corps, qu'elle ne pouvait ni s'en échapper ni se contenir entièrement dans le cerveau. Louis se moquerait. Ou peut-être pas. Peu importe au final. Qui accorde encore de l'importance à tout ça.

« Bah alors, Nour, tu bloques sur la table ? Elle a mal parlé de ta mère ? »

Derrière elle, Hyacinthe, d'une beauté qui tend de plus en plus au surnaturel, lui offre un petit sourire malicieux. Pas un rictus. Un sourire. Il n'a pas démaquillé ses yeux et quelques marques de crayons noirs ont coulé sur ses joues. Il est impossible de décrire Hyacinthe convenablement, pour arriver à retransmettre toute sa beauté même lorsqu'il devrait sembler totalement indésirable. Cette beauté délicieusement empoisonnée déchire les chairs, plante ses œufs toxiques sous la peau et se répand en tumeurs déformées dans chaque cellule du corps, tord chaque pensée. Hyacinthe ne laisse aucun répit à la personne qui ose le regarder dans les yeux. Dans ces moments-là, Nour se dit qu'elle est vraiment heureuse d'aimer les femmes. Raven n'atteint pas Hyacinthe dans le domaine de ce jeu de perversion réciproque qui entraine les deux partis au bord du précipice.

« Tu es en retard.

—J'ai eu une... Petite réunion de famille. »

Ange a peur que je bute quelqu'un, ce qui est quand même vachement ironique quand on pense que son père est en taule pour meurtre et que bah c'est Ange quoi tu penses pas qu'il abuse ?

« Quoi ?

—Tu penses pas qu'il abuse. C'était une vraie question.

—On n'a plus seize ans, Hyacinthe, arrête d'utiliser mon psyché juste quand tu veux pas parler d'un truc.

—Je vais pas hurler sur tous les toits que Ange Rightway est mon cousin.

—Depuis quand il est de retour en ville ? »

Oh bah aucune idée Nour, peut-être depuis la libération de Raven, parce que à ton avis, comment elle est sortie de taule celle-là, bizarrement personne la cherche en plus, on doit la croire morte, tu lis pas les infos, Nour, alors à ton avis, depuis quand Ange est revenu ?