Hey, bien le bonjour et c'est chouette de te revoir ici pour la suite de Moloch. L'action commence enfin, c'est un peu la fin de l'exposition des personnages mais pas tout à fait celle de leurs liens et interactions. TW violence, sang, gore, cicatrice. On est dans un chapitre aux pov exclusivement féminins en plus. Bonne lecture /o/
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Raven, 5h00, Dimanche
Raven ne dort pas. Ça fait des jours qu'elle ne trouve pas le sommeil. Dans sa cage, elle se retient de hurler. Elle rêve de lumière, d'apercevoir le phare dans sa nuit noire. Mais Raven ne dort pas. Ça la force à ne voir que la terrible réalité de sa vie, dans cette cage, cet uniforme gris, le corps sectionné par le plafond trop bas. On ne lit plus rien dans ses grands yeux noirs. Elle était la reine du monde. Elle a forgé une expérience monumentale. Il a fallu qu'on détruise ses découvertes. Qu'elle devienne faible. Tout s'est écroulé. Et la voilà étouffée dans ce linceul, dernière demeure de son esprit qui se broie lentement sous cette torture de l'isolement et de la solitude. Elle rêve de se pendre avec ses longs cheveux, telle une Raiponce démoniaque. Pour tenter de ne pas se perdre elle-même, elle grave des choses sur les murs avec ses ongles. On l'a placée en isolement depuis plus d'une semaine déjà. Elle commence à oublier à quoi ressemble le monde extérieur, tout comme son visage. Il se désagrège en poussières aussi fines que des grains de sables quand elle passe la main sur ses joues. Plus les jours passent, plus Raven se dilue dans son ombre. Sans voix familière, ni regard connu, ses anciens amis, sa famille l'ont condamnée à pourrir ici. Raven se ronge, Raven se dévore. Ça lui arrive de mordre dans son poignet, se mordre jusqu'au sang, pour continuer de se ressentir, savoir que c'est la réalité et qu'elle est toujours vivante. Elle a envie de se dévorer. Se dévorer jusqu'à l'os. Quand elle ferme les yeux, elle voit le visage de Louis se dessiner sur ses paupières. Ce cousin qu'elle n'a pas vu depuis tant d'années, sa faiblesse, son protégé, son préféré de sa famille, Louis qui est si loin d'elle, Louis qui ne l'aide pas. En même temps, elle ne s'en étonne guère. Le crime qu'elle a commis n'est pas pardonnable aux yeux de Louis. Il est odieux. Sadique. Cruel. Atroce. Immonde. Insensé. Violent. Inhumain. Bref, impardonnable. Parce qu'il n'a pas de logique. Pas de circonstances atténuantes. Aucune raison d'instaurer de la jurisprudence. Elle est coupable. Et elle le sait. Raven n'a jamais nié le crime qu'elle a commis. Parce qu'elle en est fière. Parce qu'elle est persuadée qu'elle a fait ça d'une manière juste. Que c'était le plus haut stade de la morale. Elle devait le faire. C'était son destin. Sa justice. Louis pense plutôt que c'est la plus grave conséquence de ces gens qui ne croient viscéralement en rien par dégoût plus que par principe. Ses mots cinglants devant le juge, cette façon de voir le monde comme la déchetterie de toutes les civilisations n'ayant jamais existé, cette haine viscérale pour tout ce qui est vivant, sauf soi-même, est la plus dangereuse, la plus meurtrière pensée qu'il peut être imputée à un être humain. Raven, si belle, si prometteuse, perd tout lentement dans cette cellule sombre. La notion de l'heure, du jour qu'il est, c'est devenu une préoccupation futile. Elle ose à peine fermer les yeux. Elle ne veut pas revoir le visage de Louis encore une fois. C'est pour ça qu'elle ne dort pas. Tue moi, Raven, c'est l'occasion, tue moi, je t'en prie, tue moi. L'écho des mots s'écrasent sur les barreaux. C'est si étrange que ça, pour toi, de tuer quelqu'un qui a envie de mourir, de toute façon ? Qu'est-ce que tu ressens ? Hein, dis moi, que ressens-tu ? Raven ne sait pas quoi faire pour ne plus entendre sa voix. Comment s'échapper de ce souvenir. C'est sa véritable prison à elle. Louis Rightway, ce cousin lié à la famille de sa mère, ce jouet qui ne s'est jamais montré docile, cet être avec trop de principes, trop de règles. Cette beauté déchiquetée par la douleur, ce visage qui hurle même s'il n'exprime rien, Louis est son obsession depuis l'enfance. Elle n'a jamais su si elle voulait lui ressembler ou le détruire. Au final, elle l'a façonné à son image, elle se considère comme son dieu, la raison pour laquelle Louis est si impressionnant, pour laquelle il est véritablement lui-même. Tue moi, Raven. Pitié, tue moi. Elle n'a jamais revu Louis après ces mots. Jamais.
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MOLOCH
Mistério / SuspenseQuand Hyacinthe Rightway, à 16 ans se ramène avec un bébé, du nom de Flower, dont il affirme être le père, il est exclu du domicile familial et il embarque alors son jumeau, Louis, dans ses galères. Maintenant, ils ont 25 ans. Flo est un gamin anxie...