7] Jet

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Contrairement à ce qu'elle pensait, scier les os a été bien plus simple que prévu. Sans doute parce que comme le bois c'est une matière organique friable même si rigide. Ou alors est-ce grâce à l'adrénaline qui a guidé ses mouvements avec une force incroyable. Elle n'en a aucune idée, mais elle est heureuse de ne pas avoir dû aller acheter des pinces ou des cisailles et de ne pas non plus avoir dû y aller à grands coups de pieds pour réussir à les briser. Cela n'aurait pas été propre et Ange a toujours été très méticuleuse dans tout ce qu'elle entreprend.
Après avoir séparé les bras et les jambes du tronc, il a fallut qu'elle fasse de même pour la tête. Qui s'est avérée la partie la plus simple à scier, mais également la plus croustillante.
Sectionner un membre quelconque est une chose, mais décapiter un cadavre est sans doute l'expérience la plus jouissive de sa vie après le meurtre en lui même.

Elle a ensuite enveloppé chaque partie dans un morceau du drap préalablement déchiré puis dans trois sacs poubelles pour chaque morceau afin d'être sure qu'il n'y aie aucune fuite possible.
Elle se retrouve donc avec six paquets noirs et étanches qu'elle passe un à un dans sa douche pour retirer les gouttes de sang qu'il pourrait rester puis les essuie et les mets en ligne dans son couloir d'entrée.

Sa salle de bain est désormais recouverte d'hémoglobine. C'est à se demander comment il est possible que le carrelage ait été blanc un jour.
Elle décide de viser directement le sol et les murs avec le jet de sa douche et tant pis l'inondation. Elle asperge d'eau de javel et telle Cendrillon se met à frotter méthodiquement chaque parcelle de la salle de bain.

Lorsqu'elle finit enfin la nuit commence déjà à tomber, mais elle préfère attendre quelques heures pour descendre les sacs un par un dans le coffre de sa voiture et s'en débarrasser

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Lorsqu'elle finit enfin la nuit commence déjà à tomber, mais elle préfère attendre quelques heures pour descendre les sacs un par un dans le coffre de sa voiture et s'en débarrasser. Hors de question d'être vue par un de ses voisins ou n'importe qui d'autre d'ailleurs.
Mais elle ne sait pas quoi faire pour passer le temps à part rester assise sur le sol à fixer un pont imaginaire, se remémorant le film de ses derniers vingt-quatre heures.
Elle a perdu sa sœur et même si différemment, également ses parents. Elle a enfin cessé de combattre contre ses démons et les a laissés prendre le dessus, ce qu'il l'a conduit à commettre un meurtre.
Que dirait-elle?
Sa petite sœur. Si elle la voyait en cet insistant.

Elle ne veut pas y penser. Elle ne peut pas.

Elle se lève du carrelage froid et retire ses vêtements couverts de sang qu'elle entasse dans un autre sac poubelle avec de le jeter avec les autres dans le couloir. Elle grimpe dans sa baignoire et fait couler l'eau sur son corps et des cheveux.
Aussitôt le fond de la douche se colore de rouge vif, puis rosé, jusqu'à redevenir transparente. Elle ferme les yeux et dirige le jet vers son visage.
C'est si incompréhensible. Elle n'est pas humaine, elle ne l'a jamais été, et pourtant... pourtant elle sent cette eau sur sa peau. Elle sent le vent, le froid, le chaud, la douleur et le plaisir. C'est comme si son âme monstrueuse était prisonnière d'un corps terrestre et n'attendait qu'une chose: être libérée pour pouvoir retourner en Enfer.

AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant