-Il faut que l'un de vous y aille. Qu'il se fasse passer pour mon mec.
OL fronce les sourcils, mais réalise rapidement que l'idée est bonne. Il regarde DY:
-Vas y.
Ange l'arrête:
-T'es recouvert de mon sang connard.
-Putain elle a raison. XE, vas-y toi.
-M...moi? Mais...
-Ferme la et sois crédible bordel!
L'homme obéit et avance vers la porte avant de l'entrouvrir juste suffisamment pour passer sa tête.
-Bonsoir...
L'inspecteur est gêné mais surtout étonné. Il ne la voyait pas avoir un petit ami. Mais peut être qu'après tout n'est ce qu'un homme d'un soir, comme Erwan l'a été pour elle pour se consoler du chagrin de la perte de sa sœur.
-Bonsoir. Je peux entrer?
-Et bien... euh... Ange n'est pas... très couverte disons.
-Ah. Je vois. Bon je vais vous laisser. On va dire que ça va pour cette fois. Mais tacher de... « poursuivre » plus silencieusement...
Il salut le jeune homme d'un signe de tête entendu et tourne les talons en direction des escaliers.
Ange comprend alors que sa seule chance est en train de partir. Que la seule personne qui puisse la sortir de là va s'en aller et que la prochaine fois qu'il se croiseront elle sera allongée nue sur une table en métal dans une morgue.
Non. Elle doit agir. Elle doit trouver quelque chose. Avant qu'il ne soit trop tard...
La panique la gagne. Son cerveau embrumé se met à fonctionner a dix milles à l'heure. Elle se remémore leur dernière conversation. Et sans réfléchir davantage, alors qu'il est déjà en train de descendre les escaliers elle dit:
-Vous aviez raison la dernière fois, ce n'est pas un oxymore. Bonsoir monsieur l'inspecteur...
Delaunay fronce le nez, ne comprenant pas et se contente de répondre poliment:
-Bonsoir...
XE referme la porte, soulagé tandis qu'OL lâche les cheveux de la jeune femme pour attraper directement son visage.
-Qu'est ce que t'as raconté comme connerie?
-R...rien. Je le connais et il m'aime bien. Il aurait trouvé ça suspect si je n'avais pas dit quelque chose de sympathique, comme j'ai l'habitude de le faire.
-Bon c'est bien. Tu l'as parfaitement fait dégager... Alors peut être bien que je serai clément, mais en attendant on va pouvoir reprendre où on en était...
L'inspecteur Delaunay continue de descendre les escaliers, ne comprenant toujours pas la dernière remarque d'Ange. Il sort de l'immeuble et monte dans sa voiture, mais pour une raison qu'il ignore, il ne démarre pas. Comme si quelque chose l'en empêchait. Comme si quelque chose n'allait pas.
Il pose ses mains sur le volant et tapote ses doigts dessus tout en réfléchissant.
« Vous aviez raison la dernière fois, ce n'est pas un oxymore ».
La dernière fois... la dernière fois.
Ce n'est pas un oxymore.
Son nom. Ils avaient parlé de son nom « Ange Succube ». Et il avait dit avant de partir de chez elle que finalement il ne pensait pas que cet et ait un oxymore, si l'ange est déchu et que sa place est au milieu des démons.
Sa place est au milieu des démons.
« Au milieu des démons »...
Qu'à t'elle essayer de lui dire?
L'inspecteur approche son visage de la vitre et lève les yeux vers l'appartement de la jeune femme. La lumière est allumée mais les rideaux tirés.
Et si... et si Ange était au milieu de ces démons?
Une ombre passe devant les rideaux. L'ombre d'un homme. Son amant.
Il se mord machinalement la lèvre, essayant de se convaincre intérieurement de cesser d'en pincer pour cette fille qu'il ne connaît même pas. Elle a une sexualité libre et épanouie, et lui n'a pas à en faire partie, ce ne serait pas correct, point final.
Soudain, une deuxième ombre s'approche de la deuxième.
Mais ce n'est pas celle d'Ange. C'est celle d'un autre homme.
Delaunay fronce les sourcils, ne comprenant pas. Et puis, comme un éclair d'évidence cette phrase se met à hurler dans son cerveau:
« Au milieu des démons ».
Sans une seconde de plus, il attrape le micro de la radio de son véhicule et appelle:
-Je demande du renfort à l'adresse où je me suis rendu pour tapage nocturne. Prise d'otage. Sans doute armes à feu.
-Bien reçu. Attendez pour l'intervention.
Mais l'inspecteur est alors déjà sorti de la voiture et se met à courir vers l'immeuble, sa main saisissant son arme de service accrochée sur son flanc droit.
