Ange sent un goût métallique sur sa langue.
Ce goût elle le connaît bien: c'est celui du sang. Mais cette fois ci elle n'en retire pas le moindre plaisir, pour la simple raison qu'il s'agit de son sang à elle.
Son crâne tambourine et une douleur amère lui tiraille le côté gauche du visage. Elle est allongée sur le dos.
Elle ouvre doucement les paupières, ne comprenant pas ce qu'il vient de se passer. Elle est sur son lit et fixe le plafond. Sa gorge est sèche, elle a besoin de boire. Elle veut se lever mais elle réalise alors que ses membres refusent d'obéir à ses volontés.
Elle tire sur ses mains et ses jambes mais elle les sent retenus par quelque chose. Elle tourne alors la tête vers sa main droite et découvre que son poignet est menotté à la tête de lit. Et ce n'est en même temps qu'à ce moment qu'elle réalise que quelque chose est coincé dans sa bouche. Comme une boule de tissus retenu par du scotch de déménagement. Un bâillon artisanal.
-Bien dormi?
Elle sursaute et tourne son visage vers la voix masculine.
Debout, aux pieds du lit, se trouvent les trois hommes qu'elle pensait alors avoir seulement rêver, et elle comprend que tout ça n'avait rien d'un cauchemar.
Mais Ange est calme. C'est une cérébrale, et un milliers de pensées se bousculent dans son cerveau. La meilleure façon de se sortir de cette situation, la manière dont elle va les tuer un par un avant de les dévorer, la sensation que son pendentif est toujours bien à son cou, les interrogations évidentes qui lui poussent à se demander qui sont ces hommes et ce qu'ils veulent...
Mais la pensée principale qui est placardée devant ses yeux est qu'ils ne l'ont pas tué. Et que s'ils ont pris la peine de l'attacher de la sorte c'est qu'ils ont besoin d'elle et qu'ils n'ont pas l'intention de se débarrasser d'elle, ou du moins par dans l'immédiat. Et ça, c'est un bonne nouvelle non-négligeable vu la situation actuelle dans laquelle elle se trouve.
Elle les regarde lentement un par un, les détaillant avec supériorité.
L'homme approchant la cinquantaine a les cheveux noirs, parsemés de quelques mèches grises. Il a une légère barbe poivre et sel et n'est pas particulièrement grand. Sans doute un mètre soixante-quinze. Depuis le début, c'est lui qui s'impose comme l'alpha, c'est évident. Il commande, et est sans doute le cerveau de tout ça...
Le deuxième homme est noir. Il est rasé à la perfection et son regard est tinté de haine.
Le troisième, enfin, mesure comme le deuxième au moins un bon mètre quatre-vingt-cinq. Il est si blanc qu'il en paraîtrait malade. Sa peau est pâle. Ses yeux cernés, et ses lèvres gercées. La jeune femme remarque que ses ongles sont rongés. Celui là est nerveux, et même s'il le cacherait aisément aux yeux du premier venu, cela n'échappe pas à Ange.
Ils n'ont comme point communs que leurs vêtements noirs, et des tatouages parsemés un peu partout.
Elle aimerait parler mais bien-sûr c'est impossible avec cette chose dans sa bouche, mélangée à son sang.
L'homme alpha finit enfin par reprendre:
-Tu te demandes qui nous sommes, ce que nous faisons là, ce que nous te voulons, c'est normal. Alors laisse moi éclairer tes interrogations: nous sommes les amis de l'homme que tu as tué et laissé gisant dans une ruelle la nuit dernière...
