38] Gégène

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Alors que son corps et son esprit plane dans un néant des plus total, quelques sensations se mettent soudain à réapparaître.
Une chaleur agréable l'enveloppe et des couleurs chaudes réconfortantes apparaissent devant ses rétines pour remplacer ce blanc glacial.

Mais la chaleur devient vite brûlante et les couleurs aveuglantes.
La consolation se transforme peu à peu en désolation. Comme si le piège se refermait soudain sur la jeune femme et qu'il était trop tard pour qu'elle puisse y faire quoi que ce soit.

Elle est sur un brasier qui la consume et la torture et à la sensation que les flammes s'agrippent à ses poignets et à ses chevilles comme si il s'agissait de griffes.  
Elle résiste, elle se débat, elle hurle et son corps qu'elle croit totalement nu se tortille dans tous les sens pour échapper à ces mains qui veulent attraper sa chair.

Et soudain, une voix. Une voix comme un souffle, lointain et grinçant.

-Monstre.

Elle ne comprend pas qui parle. Elle ne comprend pas d'où cette voix provient.

-Démon.

C'est insupportable. Ce sifflement inhumain est terrifiant, parce que comme tout droit sorti des entrailles de la terre.

-Sorcière.
-Silence!

Ange plaque ses mains contre ses oreilles pour faire taire cette voix mais elle continue d'arriver jusqu'à ses tympans sans qu'elle ne puisse rien y faire.

-Tu bruleras. Tu bruleras pour l'éternité.
-Silence! Stop! Taisez-vous!
-Tu bruleras dans le sang de tes victimes. Ta chair fondra encore et toujours. Tes souffrances persisteront à jamais! 
-STOP! TAISEZ-VOUS!
-A jamais Ange. A JAMAIS...
-SILENCE! SILENNNCE!

Et d'un coup, la voix disparaît. Comme si elle n'était jamais venue.
La jeune femme rouvre lentement les paupières et retire ses mains de ses oreilles.
Tout à de nouveau disparu.
Le néant.
Encore.

Et soudain, comme un éclair transperçant une nuit sans Lune, Ange est foudroyée.
Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas pourquoi ni comment. Elle ne comprend que la douleur. Comme si tous ses organes internes venaient de carboniser en une fraction de seconde.
Elle pousse un hurlement strident qui résonne alors dans ce néant qui l'entoure, puis, reprend peu à peu sa respiration, tentant d'étouffer la souffrance physique tout en continuant de flotter malgré elle dans cet espace vide.
Mais à peine a t'elle repris légèrement ses esprits qu'un deuxième éclair la foudroie de part en part. Et aussitôt, comme un réveil en sursaut, elle ouvre les paupières et se retrouve de nouveau attachée sur cette chaise, entourée de ses tortionnaires. Son cerveau est plus embrumé que jamais, mais elle réalise néanmoins en cet instant que les éclairs qui la transpercèrent sont en réalité des décharges électriques qu'ils s'amusent à lui administrer.

Alors qu'elle croyait hurler ses tripes, un nouveau bâillon est enfoncé dans sa bouche, ne lui permettant que des gémissements étouffés.

Une troisième décharge lui est soumise, cette fois en pleine conscience, et le calvaire physique n'en est que plus intense.
Personne ne peut supporter ça.
Elle souffre trop. Tellement.
Elle aimerait tant être délivrée dans cette prison charnel pour que son âme s'envole, loin de ces tortures.
Ange ne peut plus.
Ange veut mourir.
Ange est prête à supplier...

AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant