20] Réconfort

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Ange est prise au piège.
Continuer de mentir en disant qu'elle ne voit pas de qu'il s'agit serait stupide.
A présent elle doit jouer la carte de la grande sœur désespérée qui ne sait plus comment sortir la tête de l'eau et qui se noie dans son chagrin.

Elle plonge ses yeux dans ceux de l'homme quelques secondes et se met brusquement à fondre en sanglots. Des sanglots de désespoir, de chagrin incontrôlables et de tristesse irréparables.

L'inspecteur de radoucit et s'approche d'elle:

-Asseyez-vous...

Elle obéit et se laisse guider jusqu'aux bords de son lit. Elle continue de pleurer et entre deux sanglots articule maladroitement:

-Oui... Oui c'est vrai que je le connais. Enfin... connaître est un bien grand mot... Je ne savais même pas quel était son vrai nom, vous venez de me l'apprendre... Nous nous sommes rencontrés à... l'enterrement.

Tout est calculé. Sa voix tremblotante, sa respiration bruyante, sa gorge faussement serrée, le nombres de sanglots et de reniflements par phrase, les mimiques de ses mains, ses regards fuyants emplis de désespoir...

-Et...
-Il... est venu me parler, parce que je ressemble à ma sœur... tout le monde me l'a toujours dit... comme deux gouttes d'eau...

Le secret d'un mensonge réussit est d'être toujours au plus proche de la vérité.

-Il avait l'air aussi dévasté que moi... c'était son meilleur ami, du moins c'est ce qu'il m'a dit... Et... je ne sais pas. J'imagine que nous avions besoin l'un comme l'autre de réconfort...  C'était la première fois de ma vie. La première fois que j'emmenais chez moi un parfait inconnu. Je... je ne suis pas fière de ce que j'ai fait. Et... j'imagine que lui non plus, parce que le lendemain lorsque je me suis réveillée, il avait disparu. Je n'avais pas son numéro, et même pas son vrai nom. Alors je me suis dit que c'était mieux comme ça. Que cette nuit devait rester entre moi et son souvenir...
-Et pourquoi ne m'avez vous pas dit directement la vérité?
-Et bien comme je viens de vous le dire je... j'avais honte. J'ai honte. Honte d'avoir tenté d'oublier mon chagrin, d'oublier ma sœur dans les bras réconfortants d'un homme.

L'inspecteur pousse un soupir navré et compréhensif et pose amicalement sa main sur le bras de la jeune femme:

-Vous ne devez pas vous en vouloir. Essayer d'oublier son chagrin est normal. Personne ne vous le reprochera...
-Je sais... mais moi je ne peux pas me le pardonner...
-Bon, je vais vous laisser vous reposer. Tenez ma carte. J'aimerai beaucoup vous revoir le plus vite possible pour discuter de nouveau de tout ça, et surtout pour mettre votre témoignage à l'écrit. Vous êtes la dernière personne à avoir vu Erwan Rousseau, et le moindre détail dont vous pouvez vous rappeler nous sera très utile.
-Oui, je comprends. Je vais faire mon possible pour vous aider inspecteur...

AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant