53] Tort

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Après avoir appuyé sur la détente, Ange reste l'arme à la main et le bras tendu vers le cadavre, les yeux fixant ce visage n'étant plus qu'un trou béant, pendant de longues, très longues secondes.

Delaunay quant à lui est derrière elle, a quelques mètres, et la regarde intensément.
Elle a été torturée, violée et presque tuée, que pouvait il attendre de sa part alors qu'elle a réussi à saisir l'occasion d'en finir.
Elle lui a dit que ce n'était pas de la vengeance mais qu'est ce que ça pourrait être d'autre?...

Comme elle ne bouge pas d'un cil, toujours nue et recouverte de son propre sang et de celui de ses bourreaux, l'inspecteur finit par avancer doucement vers elle en articulant son prénom:

-Ange... Ange regarde moi...

Elle ne l'écoute pas. Alors il arrive a sa hauteur et pose sa main sur son bras, mais à peine leur peau est elle entrée en contact l'une avec l'autre que la jeune femme se retourne vers lui dans un soubresaut hystérique et pointé le canon du revolver vers son visage.
Il recule aussitôt d'un pas par réflexe et lève ses mains entre eux en signe de paix.

-Tout va bien Ange, c'est terminé maintenant.
-Non... Non ce n'est pas terminé! Pourquoi parles-tu toi? Oui toi qui ne sait rien mais qui penses tout savoir?!
-Écoute Ange, je...

Elle le coupe violemment, les mains tremblantes et les nerfs à deux doigts de lâcher:

-Arrête de dire mon prénom! Qui crois tu être pour oser dire mon prénom? Tu penses être mon prince charmant? Mon héros? Tu voulais me sauver seul n'est ce pas? C'est pour ça que tu es venu sans co-équipier, tu pensais pouvoir t'en sortir par toi même...

Elle a raison et ils le savent tous les deux. Delaunay essaye de la calmer en restant le plus doux et calme possible. Elle a subit un traumatisme inimaginable, sa réaction est normale se dit-il.

-Oui tu as raison... Je croyais pouvoir te sauver seul. Et j'ai eu tort.

Ange a les mâchoires serrées, les yeux brillants et elle ne peut plus se retenir de hurler:

-Oui tu as eu tort! Mais pas pour ça. Si tu t'es trompé c'est sur moi! Parce que tu pensais que c'était moi qu'il fallait sauver. Mais je vais t'apprendre quelque chose: personne ne peut me sauver, pas même moi même. Je suis condamnée. Condamnée à errer pour toujours et à jamais. Je suis un fantôme, un monstre. Je suis le diable!

Lui ne comprend pas ce qu'elle veut dire. Sans doute délire-t-elle à cause de la douleur et du trauma.

-Pourquoi serais-tu condamnée? Qu'as tu fait? Qui étaient ces hommes par rapport à toi?
-Je suis condamnée pour être ce que je suis. Pour m'être laissée emportée par mes pulsions. Pour avoir laissé ma sœur mourir et par la même occasion tout ce qui était encore humain chez moi.

Delaunay comprend. Ou plutôt il croit comprendre. Il pense encore une fois que la jeune femme qu'il a devant lui ne s'est toujours pas remise de la mort de sa sœur et qu'elle pense à tort que tout part de là mais bien sûr elle se trompe, et surtout rien n'est de sa faute. Elle est innocente.
C'est un ange.
Et il ne l'aime encore que davantage pour ça...

AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant