<DAY 9>

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En rentrant chez moi, je ne pouvais pas m'empêcher de penser au recueil qui pesait dans mon sac à dos ; le livre documentaire sur les oiseux m'intéressant subitement nettement moins malgré tout le respect que j'avais pour son écrivain. Non, le livre qui occupait mes pensées était très différent et semblait provoquer chez moi une certaine obsession. Je ne l'avais pas ouvert, c'était ce qui me préoccupait le plus. Je ressentais l'envie oppressante de découvrir ce qui se trouvait à l'intérieur et mon cerveau avait bien l'ai de le comprendre, forçant mes jambes à accentuer la pression sur mes pédales pour me faire accélérer. Plus vite, plus vite. C'était comme si mon sac était en feu et que la tension allait finir par me consumer si je n'arrivais pas à temps.

La maison apparaissait à quelques dizaines de mètres, la distance devenant plus petites à chaque coup de pédale. Le reste de mes actions fut rapide et désordonné ; allant du lancer de mon vélo dans la pelouse ou la recherche tremblante de mes clés dans mon sac, rien n'allait correctement. Mais j'étais maintenant dans mon salon, le cœur battant dans ma poitrine à cause de la poussée d'adrénaline qui allait mettre un moment à redescendre, fixant mon sac comme un idiot. J'ouvrais la fermeture éclair et on était là, à se regarder l'un et l'autre. La couverture était abimée, le tissu noir qui le recouvrait ayant été comme gratter ou ronger par endroits. En tournant le livre dans mes mains, je pouvais déjà voir les taches d'humidité sur le tour et une partie du livre semblait être collée. Selon la documentaliste, un deuxième exemplaire existait dans la bibliothèque, mais il avait été emprunté des années auparavant et n'avait jamais été rendu. Peu importe, j'en avais un.

« Aller calme toi... » Je me disais en posant le livre sur le bord du canapé pour aller dans la cuisine quelques instants.

Je ne savais rien de ce livre, il fallait que je me ressaisisse. Passant les mains sur me visage en soufflant longuement une bonne fois pour toutes, je décidais de me faire une boisson chaude pour essayer de faire passer les tremblements de mes mains. La confection n'avait pas été facile et on pouvait voir plus de cacao en poudre sur le plan de travail que dans ma tasse, mais au moins j'avais un chocolat chaud à peu près correct et buvable. Je retournais donc sur le canapé, me mettais une couverture sur les genoux et prenais le livre en main. D'ordinaire, lire était une demande d'un prof mais aujourd'hui ça n'était pas un ordre, ni une envie, mais un besoin de savoir si oui ou non je devenais complètement cinglé. J'allais avoir ma réponse dans peu de temps. J'ouvrais.

_____ (Lecture) _____

« La peur est le sentiment qui découle de l'anticipation du mal. » Aristote

J'aurais aimé dédier ce livre aux gens qui m'ont soutenu mais la solitude due à la peur est la seule personne qui vous tient compagnie dans les épreuves.

Partie 1. Histoire et rencontre

Ma vie n'a été qu'un long fleuve tranquille (...) j'avais des amis, une famille aimante et tout ce qu'une jeune femme pouvait désirer. Rien de mal ne m'arrivait et je ne faisais rien de mal en retour. Certains parlerait du parfait exemple d'innocence, je le répondais que la bonté était un choix qu'il fallait travailler pour garder aux fils des années. (...) C'est donc à ce moment qu'on se demande « Pourquoi moi et pas un autres ? ». Quand le pire des malheurs vous accable, vous ne savez plus quoi faire de cette bonté que vous avez tant voulu préserver. Doit-on rester la même personne dans le malheur ou avons-nous le droit de changer ? Pour ma part le changement a été rapide.

Tout avait commencé lorsque les soirs, en rentrant chez moi, je sentais cette présence dans mon dos. (...) Chaque jour elle se rapprochait, de plus en plus, pour que finalement je la sente ; SA présence ; et que je l'aperçoive ; LUI. J'ai su à cet instant que quelque chose n'allait pas, jusqu'à ce que je me rende compte que rien n'allait. Je perdis le sommeil (...), l'appétit (...), la patience (...) et l'envie de faire tout ce qui me passionnait dans le passé, de passer du temps avec mes amis ou me concentrer sur mes études.

Les oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir | CreepypastaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant