Il était aux alentours de 10h du matin quand je me réveillais. Ou du moins, il était 10h quand je me redressais en panique dans un lit qui n'était pas le mien, un ordinateur brulant presque greffer à mes cuisses et un paquet de chips vide gisant lamentablement sur mon torse nu. En vu des nuits horribles (et journée également) que j'avais passé ces derniers jours, il me paraissait normal que je réagisse comme si j'allais mourir ou faire une attaque au moindre petit élément surprenant dans ma vie. Mes réactions devenaient même exagérées et incontrôlables, couinant à un grincement de porte ou à quelqu'un qui me tapotait l'épaule.
Je me rassurais alors en baissant les yeux vers le lit, regardant quelques secondes la masse endormie à coté de moi. Jeremy avait gardé ses lunettes pour dormir, il n'avait surement pas pensé à les enlever à cause de la fatigue et du temps que je lui avais pris. Je lui enlevais donc, les posant sur sa table e nuit ou reposait mon tas de dessins et quelques-uns de ses livres préférés, la plupart ayant pour thème la zone 51, les légendes du monde et autres ouvrages étranges qu'il se faisait un plaisir d'aller emprunter à la bibliothèque de la ville et de dévorer en moins d'une semaine. Malgré mon agitation matinale, il ne semblait pas vouloir se réveiller alors j'attrapais mon jean et mon pull, les enfilant rapidement, et pris soin de reprendre mes dessins, de ne pas faire de bruit et de sortir doucement de la chambre en lui laissant tout de même un mot sur son ordinateur. Le post-it rose ne pouvait pas vraiment être manqué.
Merci pour la soirée je te revaudrai ça, je pars tôt pour ne pas trop inquiéter tout le monde. Si j'ai du nouveau sur ces trucs bizarres je te tiendrai au courant. Bisous ;)
Le bisou et le smiley faisaient un peu kitsch mais il avait l'habitude de mes mots aux relents de drague vieillotte ; il disait que c'était de la drague, ça n'en est pas.
Ses parents n'étant pas là, ce fut plus simple de sortir de la maison sans à avoir à expliquer sa présence. J'enfourchais mon vélo qui avait dormi dans la pelouse dehors, au milieu des flaques d'eau s'étant formé pendant la nuit. Mes Vans ne me remerciaient pas, n'arrivant pas à éviter d'enfoncer mon pied dans un de ses trous d'eau, mais il fallait que je fasse avec. La selle était également trempée mais le trajet n'était pas si long.
« J'aurais les fesses au sec dans pas si longtemps » Je soufflais pour me donner du courage pour mon premier effort matinal, un léger nuage de buée se formant autour de mon visage rougi par le froid environnant.
Je prenais tout de même le temps de mettre les feuilles de papier dans la poche avant de mon jean, ne voulant pas les retrouver en morceaux à cause de l'humidité. Il fallait que je les garde, je n'avais encore aucune idée de ce que je pouvais faire avec mais je devais les conserver au cas où. Acheter un porte-vue n'était peut-être pas une mauvaise idée, je ne pouvais pas me permettre de les laisser au grenier, ou alors je pouvais simplement les laisser dans un des tiroirs de mon bureau. La deuxième solution me paraissait plus rapide et économique, même si cela ne me disait pas pourquoi je devenais obsédé par des feuilles de papier de médiocre qualité qui ; en plus de ça ; me faisaient faire des cauchemars toutes les nuits.
A force de réfléchir à tout ça, le chemin se fit encore plus court que ce que j'espérais. Rouler la tête pleine était dangereux mais au moins j'en avait oublié la sensation désagréable de l'eau stagnante dans mes chaussures qui rendaient certainement leur dernier soupir. Dommage. Arrivé devant ma maison, je découvrais que je n'allais pas être seul aujourd'hui. La voiture de ma mère, qui ne devrait pas se trouver là mais sur le parking de son travail, était garée devant la porte de garage. Un rectangle sec sous la voiture indiquait en plus que maman n'avait pas bougé depuis hier soir, autrement dit elle avait surement pris un jour de congé pour rester avec moi ; ça n'était pas un congé maladie, même sur un lit d'hôpital elle demanderait à aller travailler.
Laissant mes chaussures dehors et mon vélo sous le porche, j'entrais le plus discrètement dans la maison pour voir si j'allais me faire hurler dessus où si j'avais encore l'espoir de me glisser rapidement dans ma chambre avant que j'aie le malheur de croiser son chemin. Malheureusement pour moi, elle m'attendait dans le couloir les bras croisés, le dos appuyé contre le mur et le regard baissé.
« J'imagine qu'on doit parler... ? » Je commençais en restant à ma place.
« A toi de voir » Elle levait la tête, me laissant voir ses yeux épuisés par la nuit horrible qu'elle avait dû passer, en contraste total avec le sourire rassurant qu'elle parvenait à montrer. « J'ai appelé mon boulot pour prendre ma journée, je travaille tellement qu'ils en étaient presque ravis. Je me disais qu'on pouvait passer la journée ensemble. Si ça te tente Antoine on pourra en parl- »
« D'accord m'man, pas de problèmes mais je vais prendre une douche d'abord » Je la coupais sans pour autant prendre un ton agressif. Elle hochait simplement la tête, me laissant monter dans ma chambre sans dire un mot. On savait se comprendre sans se parler, une bonne douche allait m'aider à faire descendre la pression et atténuer d'un cran l'atmosphère pesante qui semblait écraser la maison. Et ça avait l'air de marcher. L'eau était brulante, à m'en laisser des plaques rouges sur les bras et le visage, mais au moins j'avais l'impression d'être plus détendu. Je restais donc sous l'eau, les yeux fermés, à essayer de faire sortir les mauvais moments de cette affreuse semaine ; en vain puisque toute la pression et la peur ne pouvait pas s'en aller si rapidement. J'avais au moins tenté.
Mon lit s'affaissait sous mon poids, les draps absorbant le reste d'eau que je n'avais pas eu le courage d'essuyer. La douche m'avait aussi permis de réfléchir à ce que j'allais faire maintenant. Attrapant quatre feuilles banches assez épaisses qui trainaient sur mon imprimante et un gros marqueur noir, je m'installais à mon bureau pour mettre mon plan en place. Il fallait que je sois réaliste. Les vieux dessins que j'avais dans la poche de mon jean dataient de plusieurs années et n'étaient pas très bien réalisés, ressemblants plus à des brouillons, il était donc tout à fait possible que des détails m'aient échappé et que toute cette histoire soit la faute de mon manque d'attention et de concentration.
Sur la première feuille, je dessinais vaguement ma maison. Une forme rectangulaire avec un carré plus petit à coté pour le garage, un grotesque triangle pour faire le toit et mon vélo posé devant. Deux fenêtres et une porte pour compléter le tout. Rien de très artistique, c'était pour l'expérience.
Je n'aurai qu'à les cacher à différents endroits.
Sur la deuxième feuille, je regroupais mes souvenirs pour mettre en forme la forêt de la ville, ou dépassait de manière voyante une branche sur laquelle je dessinais une forme ovale avec une petite tête et des ailes. L'oiseau que j'avais trouvé mort sur mes photos devait être là également.
Des endroits pas trop évidents, que seul moi puisse connaitre.
Sur la troisième je dessinais trois bonhommes de différentes tailles un peu clichés. Un avec une robe pour montrer ma mère, un avec une casquette pour un enfant ; moi ; et le dernier avec une barbe pour symboliser John. S'ils étaient en danger je m'en voudrais à vie.
Il faut que j'en prenne une sur moi, toujours.
Et enfin sur la dernière feuille je gribouillais une phrase sur toute la longueur, en appuyant fort avec mon feutre en fin de vie. « Qui êtes-vous ? » C'était simple à répondre à cette question, je n'attendais pas vraiment de réponse mais je voulais au moins savoir si je pouvais communiquer avec quelqu'un d'autre. Une tierce personne dans cette histoire étrange.
Mon travail terminé, je plaçais mes nouvelles œuvres à différents endroits. Au-dessus de mon armoire, sous le sommier de mon lit, dans le tiroir de mon bureau que je fermais à clé et une dans la poche de ma veste. Je n'avais plus qu'à attendre, un poids désagréable m'appuyant sur le ventre. Je pouvais désormais rejoindre ma mère qui m'attendais dans la cuisine, assise sagement en face de la porte de la cuisine.
« On peut parler maintenant ? »
Je m'asseyais à mon tour « On peut. »
(Pas très intéressant je vous l'accorde)
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Les oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir | Creepypasta
TerrorLes oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir; Ils peuvent fuir en cas de danger. N'est ce pas ? Mais toi, le peux tu ?