"Je me réveille sans savoir où je suis", "Troubles du sommeil", "Cauchemars et hallucinations".
L'historique de recherches de Jeremy commençait à saturer de recherches de plus en plus étranges, mais je continuais à pianoter rapidement sur les touches du clavier de son ordinateur portable. Je ne savais pas où j'allais avec toutes ces questions, mais les réponses trouvées sur le net n'étaient pas celles que j'attendais; comme je m'y étais préparé. Une dizaines de forums avaient pour centre d'intérêt les cultes satanistes et autres pratiques étranges, je les avais tout de suite écarté de ma zone de recherches. Les autres, ce sur qui je posais tous mes espoirs, conseillaient de prendre des somnifères, d'arrêter les écrans et films d'actions avant d'aller se coucher et, pire, d'arrêter de mentir pour attirer l'attention des internautes. Rien de bien satisfaisant.
Fermant tour à tour les différentes pages internet, ayant perdu l'espoir de trouver des réponses ce soir, je commençais à me mettre en tête que j'inventais vraiment tout ça et que je manquais simplement de sommeil. Cela pouvait expliquer beaucoup de choses après tout, les visions étranges, les pertes de mémoires, le manque de concentration... Tout ça était lié et je devais juste me reposer. Je devais peut-être faire comme Jeremy. En jogging et tee-shirt Marvel, mon meilleur ami s'était écroulé sur sa chaise de bureau qui tournait lentement sur elle même. Il etait éveillé, je le voyais avec les quelques mouvements provenant de ses doigts, mais il n'allait pas mettre longtemps à tomber dans les bras de Morphée si je ne le laissais pas tranquille. Après tout, cela devait déjà faire quatre bonnes heures que je l'avais embarqué dans mes recherches aux bizarreries du net; chose qui se confirmait par la couleur de mes cuisses. J'avais retiré mon jean peu après être arrivé, posant l'ordinateur sur ma peau nue, et je me retrouvais désormais avec deux cuisses rouges écarlates, brillantes de sueurs et brûlantes au touché. Je retirais donc l'appareil de mon corps et le posais sur le lit défait sur lequel j'avais pris place. Une pause s'imposait.
«Tu t'arrêtes ?» La voix grave et fatiguée de Jeremy résonnait dans la pièce, suivie d'une bâillement significatif de sa lourde fatigue.
Je lui répondais par un long hochement de tête. «Je vais finir par croire que je suis dingue si je continue à fouiller dans ces conneries là» Je me faisais rire moi même. La part de moi qui pensais que je manquais de fatigue était en plein round de catch avec l'autre part, celle qui votait pour mon manque de stabilité mentale.
Un sourcil levé, mon ami ne semblait pas convaincu de ma réponse. Il détestait que les autres se critiquent, il ne pouvait pas supporter qu'on puisse dire du mal de soi même. Alors que nous venions d'entrer au lycée, il était devenu le souffre douleur préféré d'un terminale. Tous les jours une claque derrière la tête, une bousculade contre un mur ou des insultes de plus en plus corsées. Il en souffrait beaucoup et, à la fin de l'année, il avait fini par pardonner à son bourreau; qui était venu s'excuser à cause des remords. Sa gentillesse était une capacité que peu possédait et jamais je n'aurais pu faire preuve d'autant de force et de maturité pour accepter de parler à la perosnne qui m'a fait le plus souffrir au monde.
Jamais je n'accepterais d'avoir une conversation normale avec Charles.«T'es pas dingue mon vieux» Le voilà en pleine action «Juste dans une mauvaise passe... Tu sais très bien que tu vas mieux (Il faisait allusion à mes cauchemars, il devait être une des rares perosnnes à être au courant de mes nuits mouvementées), mais c'est comme...» Il cherchait des mots en bafouillant du yaourt, faisant tourner son poignet comme si cela pouvait l'aider «comme une légère redescente ? Parles en à ta mère ou ton beau père, ils peuvent t'aider, non ?»
Je détestais l'admettre, mais il avait parfaitement raison. Ma mère et John me connaissaient comme s'ils m'avaient créés de A à Z, et ils avaient largement la force et le temps de m'aider à aller mieux. Mais pour le moment, je ne voulais pas adresser le moindre mot à ma mère si elle ne me glissait pas une toute petite information sur mon père. Ne pas vouloir le revoir ou lui parler est une chose, savoir pourquoi il nous a abandonnés et savoir s'il est en vie en est une autre.
Penser à lui me rappelait que les dessins de plus tôt étaient encore pliés dans les poches de mon jean. Je ramassais le bas en toile bleu qui jonchait le sol en boule, ne voulant pas trop froisser les derniers souvenirs de mon géniteur (géniteur était un mot étrange, mais père me dégoûtait de plus en plus). Je tirais les feuilles jaunies, qui ne restèrent pas longtemps en ma possession. Jeremy les attrapa doucement, comprenant que j'en prenais soin, et les faisait défiler devant ses yeux, les posant peu à peu à côté de lui en petit tas.«Antoine...» Il murmurait d'un air sérieux, les yeux grands ouverts.
«Quoi ? Ya un truc bizarre dessus ? Qu'est ce que tu vois ?» J'étais aux aguets, sa réaction ne présumant rien de bon.
«C'est... C'est super moche ! T'avais quel âge ? Deux ans ? Trois à tout casser ? Heureusement que t'as pas demander les Beaux-arts l'année prochaine ils auraient bien rigolé !»
D'accord, il est gentil, mais pas tout le temps avec moi. Je plaquais ma main sur mon visage en grognant longuement de fatigue et de désespoir. Bon sang qu'est ce qu'il peut m'exaspérer parfois. Je lui reprenais les dessins des mains en manquant de très peu de lui donner une coup sur la tête avec le fin paquet de feuilles.
«Non allez sérieusement, c'est pas mal pour un enfant. Je me souviens à la maternelle et au primaire, tu dessinais toujours mieux que les autres mais tes dessins n'étaient jamais affichés. C'était bizarre un peu» Il se redressait sur sa chaise, posant un coude sur son bureau, et son menton dans le creux se sa main.
«Charles les récupéraient tout le temps, il ne voulais pas que mes travaux soient affichés à l'école. La directrice n'insistait même plus pour lui faire changer d'avis, tu le connais après tout.»
«Pas tant que ça... Il est... Parti assez tôt, enfin tu vois ?» Le sujet du départ de mon père était un sujet que tout le monde prenait avec des pincettes pour ne pas trop me bousculer, je les remerciais pour ça mais je pouvais en parler à peu près normalement désormais. Je ne le connaissais pas plus que ça moi non plus, il n'avait pas tort.
Je feuilletais une nouvelle fois le paquet en effaçant les notifications de mon téléphone, voyant les messages de ma mère disparaître.
De maman: [Rentres à la maion Antoine.] Il y a 57 minutes. *Supprimé*
De maman: [John et moi on s'inquiète, tu es où ?] Il y a 34 minutes. *Supprimé*
De maman: [Chéri s'il te plaît, on peut parler à la maison ?] Il y a 21 minutes *Supprimé*
De John: [Antoine, ta mère est morte d'inquiétude et tu sais que c'est dangereux dehors alors rentres à la maison ou va au moins dormir chez un copain. Je me doute que tu es chez Jeremy mais je ne dirai rien à ta mère pour le moment si tu me promet de faire attention. Rentres vite] Il y a 16 minutes. *Sauvegardé*
J'en étais à la moitié du tas de feuilles quand je posais mon téléphone sur l'ordinateur pour me concentrer sur des formes particulières. Elles étaient plus noires, comme si le feutre de s'était jamais effacé sous l'effet du temps ou que les traits étaient nouveaux.
«Jerem'? Tu as rajouté quelque chose sur les feuilles ?» je levais les yeux une seconde sur lui, observant sa réaction.
Il secouait négativement la tête en se craquant le dos, rajoutant un discret «Je ne sais pas dessiner, qu'est ce que tu veux que je fasse ?».
Il n'avait rien rajouté, je n'avais rien fais et les dessins n'étaient pas sortis de la poche de mon jean depuis mon départ. Pourtant, sur l'un des (semblants de) paysage forestier se trouvait l'inscription:
BIENTÔT TON TOUR.
J'ARRIVE.Et, j'en étais sur et certain, je n'avais jamais dessiné de tentacules sur cet arbre.
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Les oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir | Creepypasta
HorrorLes oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir; Ils peuvent fuir en cas de danger. N'est ce pas ? Mais toi, le peux tu ?