Je portais la valise de ma mère jusqu'à devant l'entrée, les bras flagellant, manquant de la lâcher sous peu.
Premièrement, ma mère avait pris une quantité d'affaires faramineuse pour une seule semaine d'absence ; elle rajoutait toujours des affaires de rechange en cas d'extrême urgence. Mais elle en était arrivée au point de pouvoir partir plus de 3 semaines sans manquer de rien. John n'avait rien dit, me lançant un regard amusé du coin de l'œil lorsque je soulevais difficilement la valise pour la mettre dans le coffre du 4x4 de mon beau père.
Et deuxièmement, j'avais eu une nuit affreuse ; encore une fois. Le soir précédent j'étais exténué, je ne demandais qu'à dormir mais comme souvent, la nuit en avait décidé autrement. Chaque fois que j'osais fermer les yeux pour trouver le sommeil, je me retrouvais devant la fenêtre du salon à fixer l'extérieur, comme pendant le repas du soir. La première fois que le cauchemar commençait, je répétais les mêmes actions, fermant le rideau pour ne plus voir l'être inhumain qui m'observait depuis dehors, attendant quelques minutes sans bouger avant de les réouvrir en grand d'un geste brusque.
Si j'avais bien compris ce qu'il s'était passé quand John était venu me secouer, couper le contact visuel avec celui que j'appelais désormais "L'Être" pouvait le faire disparaître. J'en étais persuadé et je comptais bien m'en servir par la suite.
Lorsque je réouvrais donc les rideaux, le résultat fut plus horrifique que jamais, eh bien loin de ce que j'espérais. Une main griffue et bien trop grande pour être humaine me saisit par le bras, me serrant jusqu'à m'en briser et me tira d'un mouvement sec pour me faire traverser la fenêtre dans un fracas monstrueux.
Je me réveillais pour la première fois au moment où mon corps allait s'écraser au sol. J'avais le souffle coupé, respirant si peu que mes poumons en devenaient affreusement douloureux. Un cri d'horreur s'était étouffé dans ma gorge, n'ayant même pas la force de hurler. Les nuits étaient déjà chaudes dans la maison comme ma mère laissait le chauffage allumé, alors j'étais déjà habituellement couvert de sueur en me levant. Mais là j'étais plus dégoulinant que luisant. Je ne dormais qu'en short de pyjama et les draps collaient désagréablement à mes épaules, mon dos et mon torse, imbibant l'eau qui glissait sur ma peau couverte de chair de poule.
Ça avait été le rêve le plus violent qui m'était arrivé depuis des années, peut-être le premier à se placer à un tel niveau et j'en étais terrifié. Je ne savais pas ce qui me faisait le plus peur entre le fait que mes cauchemars étaient en train de détruite mes espoirs de m'en sortir ou le fait que la fatigue allait me forcer à me rendormir d'une minute à l'autre et peut-être revivre la même chose encore et encore.
C'était ce qu'il s'était d'ailleurs passé, alors mon allure de mort-vivant et mo' manque de force physique pouvaient être à moitié justifiés ; je n'étais pas forcément musclé de base, alors cela ne me surprenait pas vraiment.
Fermant le coffre, je sentais ma mère passer ses bras autour de moi pour me faire un câlin. Je sentais à son soupire qu'elle n'avait pas envie de me laisser seul pendant 7 longues journées, mais la promotion de John devait passer avant pour une fois.
« Ça va aller mon chou ? » Elle demandait en me prenant par les épaules pour me tourner, passant sa main dans mes cheveux pour remettre quelques mèches en place.
« Maman... J'ai déjà dit que j'avais des choses à faire cette semaine, ça va passer rapidement. » Je lui faisais un bisou sur la joue « Profitez sans moi pour une fois. Fais ça pour John, et pour toi aussi. Une semaine en amoureux »
Elle eut un léger sourire avant que John ne l'appelle de la voiture, expliquant qu'ils étaient prêts à partir. Ma mère continuait à me câliner en me disant qu'elle m'aimait pendant quelques minutes ; je laissais ma fierté de côté pour elle, elle en avait besoin ; avant de rejoindre mon beau-père dans la voiture.
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Les oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir | Creepypasta
HorrorLes oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir; Ils peuvent fuir en cas de danger. N'est ce pas ? Mais toi, le peux tu ?