<Day 14> (PARTIE 1)

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La longue silhouette noire qui me faisait face ne bougeait pas, bloquant la rue. Ses bras ridiculement longs étaient pendant à coté de son corps bien trop maigre pour être humain, donnant à cette chose l'air d'un poteau dans lequel j'allais rentré si je ne faisais pas quelque chose. Le décor, le monstre, mon père, tout était lié pour que je soit dans un état de panique le plus total. Nous étions éclairé par la couleur rouge anomale du soleil, donnant à la scène un effet beaucoup plus dramatique, si cela pouvait s'aggraver encore un peu. Alors que je continuais de dévaler la pente de la rue, je me repris en main et agrippais les freins de mon vélo et les serrais le plus fort possible pour déraper dans la rue perpendiculaire. J'avais tourné tellement fort que j'étais presque tombé du vélo. Par réflexe, ou par chance, je m'étais rattrapé en plaquant mon pied au sol pour faire pivoter mon corps, entraînant le vélo avec moi. J'avais réussi à tourner dans la prochaine rue même si le craquement dans ma cheville et la douleur aiguë qui m'avait parcouru la jambe m'indiquais que je ne pourrais pas refaire ce coup plusieurs fois. Serrant les dents pour ne pas penser à la douleur, je me remettais à pédaler en regardant derrière moi pour être sûr qu'il, le monstre, ne me suivais pas. 

Ne pédalant pas souvent sous un état de pression comme celui la, je me trouvais vite essoufflé et toussais à m'en faire mal au poumons à chaque fois que j'essayais d'avaler une nouvelle bouffée d'oxygène. L'air était trop chaud pour la saison et je pouvais sentir la transpiration de mon dos coller à mon tee-shirt. Respirer devenait de plus en plus compliqué et j'avais déjà la tête qui tournait. Ayant roulé quelques mètres avec la tête en arrière, je me remis droit sur le siège, ayant constaté que la bête ne me suivais pas.

Seulement, à l'instant même où je tournais la tête, il était là. Il était là, à quelques mètres de moi, me bloquant de nouveau la rue. Son visage inexistant me provoquait un long frisson dans le dos.

"Fait chier!" Je criais en tournant mon guidon d'un coup sec, ne prenant même plus le temps de regarder la rue dans laquelle je m'engageais.

Il n'y avait personne de toute façon. Pas de voitures, pas de personnes à la fenêtre pour me dire de ne pas cirer, pas de chats manquants de se faire renversés par mon vélo qui roulait à toute vitesse dans la rue. Je pensais que la vitesse pouvait me sauver. D'ordinaire j'aurais préféré dire que la tactique m'aurait sauvé mais si rien n'avait de sens, je ne devais pas me fatigué à trouver un plan qui allait me pousser droit dans le ravin. Encore une fois, alors que j'étais sûr d'être assez loin, il était là.

Je tournais à droite, il était là.

Je tournais à gauche, il était là.

En larmes à cause de la peur, je me retrouvais à valser dans toutes les rues, sans qu'au final je sache où j'allais. Mathilde avait, dans son livre, parlé d'hallucinations qui pouvaient surgir lors de l'apparition du monstre mais jamais je n'aurais pour m'imaginer me retrouvé face à une folie pareille. Alors que je commençais à comprendre où j'allais, où il essayait de m'emmener, il était déjà trop tard. Quel pouvait être l'endroit le plus éloigné, le plus retiré pour qu'une personne meurt? En voyant les fines silhouettes des arbres de la foret se dessiner, je comprenais que j'allais devoir me débrouiller seul.  Étant pétrifie au début, je commençais à ressentir une lueur d'espoir en moi. Mon père avait disparu pendant des années et avaient sûrement passé la plupart de sa vie à l'autre bout du pays alors que moi j'étais resté ici toute ma vie. La foret, j'avais eu des années pour l'explorer avec Jeremy même si ma mère n'aimait pas cette idées, je connaissais assez l'endroit.

"Jerem'..." Je serrais les dents en pensant à lui. Je l'avais ignoré pendant des jours et se demandais sûrement ce que j'étais en train de faire. Est-ce qu'un jour il m'aurait imaginé en course poursuite contre un monstre et un homme qui voulait ma mort plus que tout? Aucune chance, mais une chose était sûre, j'allais resté en vie pour lui raconter. 

Les oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir | CreepypastaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant