Assis contre le meuble du salon où reposais la télévision, je resserrais mes genoux contre mon torse en regardant, avec la plus grande attention dont je disposais à l'heure, la fenêtre en face de moi. J'observais le moindre détail qui pouvait confirmer que je n'avais pas rêvé. C'était devenu une sorte de quotidien malsain désormais, essayer de me prouver à moi-même que je n'étais pas en train de délirer même si cela voulait signifier qu'un inconnu m'avait épié hier soir. A travers la surface vitrée, je pouvais voir que des branches du cerisier avaient été cassées et que des traces opaques étaient restées sur la fenêtre du coté extérieur, comme des traces de buées dues à la respiration de quelqu'un ayant taché la fenêtre.
J'en concluais que l'inconnu était réel et qu'il m'avait regardé lire pendant un lapse de temps inconnu et que je n'étais plus en sécurité dans ma propre maison, seul. Frottant mes mains sur mes bras, j'espérais faire partir cette sensation qui me prenait aux tripes et qui me faisait trembler. Sale. Je me sentais plus que jamais sali à cause de la violation de ma vie privée et de la peur que l'on puisse m'observer ainsi tous les soirs. Depuis quand m'observait-il ? Était-ce la première fois ? Je n'avais aucune réponse a ces questions et cela ne faisait qu'empirer l'état dans lequel je me mettais. Mes mains appuyaient si fort contre ma peau que le frottement de mon pull commençait à me bruler et me gratter, d'où le fait que je rajoute mes ongles au processus. J'étais en train de me détruire physiquement mais je ressentais comme le besoin de m'arracher la peau pour faire partir la saleté qui me recouvrait de la tête aux pieds.
« Douche... » Je me disais à moi-même en me levant maladroitement à l'aide d'une main et du meuble de télévision, l'autre main restant agrippée à mon pull.
Je fermais tous les rideaux du rez-de-chaussée avant de me précipiter dans la salle de bain et de m'y enfermer à double tours. Mes vêtements de mirent pas longtemps à que séparer de mon corps pour être lancés dans un coin, me laissant complétement nu devant le miroir mural de la pièce d'eau. D'un point de vu mentale je n'était pas glorieux, mais je ne pensais pas dire ça un jour de mon physique. Je baissais les yeux puis remontais le regard pour m'observer en entier et tout ce que je voyais, c'était un garçon qui faisait peine à voir. Je ne m'étais pas rendu compte du poids que j'avais perdu en si peu de temps mais je comprenais maintenant pourquoi je me sentais si fatigué et faible ces temps-ci. Mes joues étaient plus creusées que la norme, la peau de mon torse et mon ventre s'était étiré pour laisser entrevoir mes cotes qui ressortaient de trop et mes cuisses pouvaient être comparées à celle d'un enfant. Comme ça, dans cet état et nu devant le miroir, n'importe quelle personne qui me croisait m'aurait donné deux ans de moins. Horrifié, je passais le bout des doigts du bas de mon bassin jusqu'à mes clavicules en sentant les bosses de mes os sous la pulpe de mes doigts. Ça et les marques rouges que j'avais désormais sur les bras, on aurait pu dire que je sortais de guerre.
N'arrivant plus à me regarder en face, je me glissais sous l'eau de la douche que j'avais allumé à l'avance, laissant l'eau chaude me bruler au niveau des griffures. Ça faisait mal, j'en resserrais les dents pour ne pas crier, mais ça devait partir. Je n' avais jamais pensé pourvoir utiliser une demi-bouteille de gel douche en une seule fois mais beaucoup de choses peuvent nous surprendre dans la vie. La buée de la salle de bain sentait tellement fort la noix de coco que ça en devenait nauséabond mais au moins, je me sentais moins collant et dégoutant. Assis dans la douche, je finissais de me rincer les cheveux en réfléchissant à ce que je devais faire maintenant. D'abord, retourner à la bibliothèque pour faire décoller le livre de Mathilde pour que je puisse arriver à la fin. Ensuite, manger quelque chose pour limiter les malaises qui pouvaient arriver et ensuite... Je ne savais pas. Attendre que mes parents reviennent pour enfin leur en parler ? Hors de question. Aller voir Jeremy pour continuer des recherches ? Encore moins, ça le mettrait en danger. Je devais me débrouiller seul.
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Les oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir | Creepypasta
HorrorLes oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir; Ils peuvent fuir en cas de danger. N'est ce pas ? Mais toi, le peux tu ?