/!\ Cette histoire a été écrite en 2019, il y a sûrement des fautes et elle se sera sûrement jamais corrigée. Callie (2024) /!\
« Vous pourrez faire ce reportage sur ce que vous voulez, tant que ça concerne la diversité ou l'évolution évidemment »
Telles étaient les dernières indications que Mr Claret, mon professeur de science et vie de la terre, avait donné à la classe alors que la cloche le coupait dans ses explications. Ni une ni deux, mes camarades et moi n'avions pas attendu l'autorisation du pauvre homme pour lancer nos sacs sur nos épaules et nous engouffrer vers le portail du lycée que nous n'allions pas traverser pendant deux jours jusqu'à lundi.
Un week-end entier s'offrait à moi pour réaliser le projet demandé, bien que je ne fusse pas un grand amateur de science. D'ordinaire, et comme un bon nombre des autres élèves de terminale, j'aurais attendu le dernier moment pour faire mes devoirs, mais là c'était différent. Un projet seul ; ma classe étant un nombre impair d'élèves, j'avais eu la chance de pouvoir me mettre seul ; un sujet libre et un format non défini. La liberté totale pour s'exprimer pour une fois. J'étais plutôt excité de pouvoir commencé, sachant que j'allais inexorablement utiliser la caméra que mon beau-père m'avait offert pour mon dix-huitième anniversaire quelques semaines auparavant.
Arrivé chez moi après mes 20 minutes de bus quotidiennes, je posais mon sac à l'entrée et saluais John qui préparait déjà le repas pour ce soir.
« Salut John » Je disais presque machinalement en attrapant une banane dans la corbeille a fruit, espérant calmer mon ventre qui criait famine depuis quatre heures.
« Antoine bonsoir, évites de manger maintenant ou tu ne vas pas toucher ton assiette » Il répondait avec un sourire au milieu de sa courte barbe, pointant le plat de spaghettis bolognaises avec sa cuillère en bois.
Mordant à pleine dent dans le fruit un peu trop mure, je secouais la tête de droite à gauche en donnant une petite impulsion pour me hisser sur la table ; même si maman détestait que je sois assis sur la table. J'avais déjà mon idée en tête, et je voulais commencer mon reportage dès ce soir, trop impatient pour attendre le lendemain matin.
« Non ? » Il essuyait ses mains rouges de sauce tomate sur son tablier, attendant une explication de ma part. Explication qui vint immédiatement après sa question.
Mon projet allait être basé sur les oiseaux. Comme je savais que les autres adolescents de ma classe allaient se contenter de faire un exposé sur des images et des informations piochées sur Google et Wikipédia, je voulais faire plus original pour montrer ce dont j'étais capable ; et aussi pour espérer remonter ma moyenne de quelques points. Je voulais filmer ces animaux, les prendre en photo et ainsi finir avec une courte vidéo pour montrer les différents types d'habitats, leurs modes de vie et tout ce que je pouvais trouver d'autre à mettre. John accrochait à l'idée, même s'il avait fallu négocier mon couvre-feu pour que je puisse rester dehors jusqu'à plus de 23h.
« Ta mère, n'apprécierait pas trop mais comme elle n'est pas là ce week-end j'imagine que c'est moi qui prends les décisions importantes » Il haussait les épaules en me donnant une tape derrière l'épaule. « Aller, va pour minuit mais pas plus 'Tonio »
Une heure plus tard à peine ; j'avais mis plus de temps que prévu car John m'avait quand même fait manger une bonne assiette de pates, chose que je ne regrettais pas ; j'étais paré pour partir. Un bon pull en laine sur le dos, ma caméra dans mon sac et ma lampe frontale vissé sur la tête, j'enfourchais mon vélo pour dévaler la pente de ma rue. Direction la forêt de St Stone. C'était une forêt modeste mais assez étendue pour que je puisse espérer avoir de bons clichés d'oiseaux. J'y allais souvent avec ma mère et mon beau père pour faire des pique-niques quand j'étais gamin et plus tard je m'y promenais de temps en temps quand j'avais envie de prendre l'air. Autrement dit, je connaissais les lieux et je n'avais pas de quoi avoir peur. N'est-ce pas ?
J'attachais mon Btwin à l'emplacement vélo avec un cadenas et vérifiais une dernière fois l'état de mon matériel. Ma caméra Sony avait des piles, ma lampe était chargée et j'avais même penser à emmener des barres de céréales au cas où. Pour l'organisation, je tenais ça de ma mère. Je jetais un coup d'œil en biais à l'étendue d'arbre qui paraissait plus silencieuse et froide que d'habitude. C'était à en donner des sueurs froides mais je n'avais pas le temps de jouer au pleurnichard, je n'avais pas beaucoup de temps derrière moi.
J'allumais mon nouveau jouet et attendis que la loupiotte rouge clignote, m'indiquant que je devais sortir mon plus beau jeu d'acteur pour épater la galerie. Raclant le fond de ma gorge, me plaçant entre deux arbres pour capter la lumière de la lune qui se montrait peu à peu, je commençais enfin mon travail.
« Bonjour ici Antoine Cliff en direct de la forêt de St Stone. Je m'aventure seul ce soir pour vous présenter les oiseaux de nuit et montrer comment l'évolution leur a permis de s'adapter à un mode de vie nocturne. J'espère que cette partie de mon reportage va vous plaire » Bon. Mon dit jeu d'acteur n'étais peut-être pas celui de Tom Hanks mais après tout ce n'était qu'une vidéo de terminale, ça n'était pas comme si j'étais en train de tourner La Ligne Verte non plus.
Réfléchissant à une introduction un peu plus accrocheuse, je prenais quelques clichés du décor somptueux et effrayant qui m'entourait. Si St Stone était connue dans la région, ça n'était pas pour ses chemins accueillants et légèrement ombragés sur lesquels on aimait se perdre en été. Elle était retenue pour ses arbres de dizaines de mètre de haut, aux branches crochues et déformés par une maladie qui les avait touchés des années dans le passé. Le bois était sombre, l'écorche râpeuse et anguleuse, et les feuilles ne restait pas souvent sur les arbres, tombant quelle que soit la saison. Mes pas étaient bruyants sur le tapis vert sous mes pieds, faisant fuir les premiers volatiles que je croisais. La mission photo s'annonçait plus compliquée que prévu. Passant la caméra en mode photo, je marchais sur la pointe des pieds en allant aussi doucement que possible, apercevant une chouette de Tengmalm qui venait de se poser sur une branche à quelques mètres de moi.
La couleur rouge de ma lampe donnait un air oppressant à la scène alors que je sentais ma sueur couler le long de mes tempes et de mon dos. Je n'avais pas chaud, ni froid, je n'avais pas de raisons d'être stressé devant cet animal et pourtant je sentais que quelque chose n'allait pas. Mon enthousiasme était retombé et je sentais mon cœur battre trop fort dans ma poitrine ainsi qu'aux bouts de mes doigts qui allaient fini par s'enfoncer dans l'appareil phot qui je ne relâchais pas ma poigne. Je tremblais. J'étais vraiment en train de trembler comme une feuille alors que je tentais de stabiliser ma pose, mon doigt sur le déclencheur. Ça ne va pas. Ça ne va plus. Je devrais rentrer maintenant en revenir demain. Je devrais-
// CLAC //
Je m'étais fait moi-même sursauter en appuyant sur le bouton de l'appareil, prenant brusquement la photo voulue. Déstabilisé, je tombais sur les fesses et regardant l'oiseau battre des ailes sur sa branche avant de s'envoler au loin.
« Bon sang qu'est ce qui m'a pris... » Je susurrais en posant deux doigts au creux de mon cou, sentant mon pou qui était monté rapidement. Cette nouvelle sensation n'était pas agréable et je voulais bien savoir d'où elle venait. Jurant silencieusement, je regardais l'écran de la caméra pour voir si j'avais au moins pu prendre une photo potable qui allait pouvoir me remonter le moral. A mon soulagement, le mode par défaut était un mode photos en rafales. Je faisais donc défiler les images une par une avant de me stopper sur l'une d'elle.
La sensation de malaise recommençait alors que je cherchais comment zoomer sur ce nouvel appareil. Ma respiration se faisait plus courte et mes mains moites glissaient contre le plastique. Un mal de tête commençait à se faire sentir, l'arrière de mes globes oculaire me démangeaient douloureusement mais la gêne physique n'était pas le plus urgent.
Je me répète, je ne suis pas un expert en science. Mais je savais quand même une chose, bien que cette photo essayait de me prouver le contraire comme un montage d'horreur.
Les oiseaux n'ont pas de tentacules.
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Les oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir | Creepypasta
HorrorLes oiseaux n'ont que leurs ailes pour fuir; Ils peuvent fuir en cas de danger. N'est ce pas ? Mais toi, le peux tu ?