Lauren
- Lauren ? Lauren, tu es là ? m'appelle ma mère depuis le rez-de-chaussée.
Je repose mon journal intime qui, depuis hier soir, sert de déversoir à ma colère. Cette fois, Camila est allée trop loin ! Je ne parle même pas du côté calculateur et cruel d'avoir utilisé une photo personnelle, de famille, pour me faire passer encore plus que ce n'était déjà le cas pour une gourde auprès de ses potes.
Mais cette photo... En l'employant, elle l'a détruite à jamais.
Or, c'est la dernière que mon père a prise de moi, pendant la semaine passée tous les deux en Floride. Trois mois avant qu'il ne décède brutalement.
C'était un souvenir triste, mais beau. J'y tenais.
À présent, quand je regarderai ce cliché, il aura juste le don de me rappeler mon humiliation.
Camila Cabello, je ne te le pardonnerai jamais.
Jusqu'à présent, pour être honnête, ce que je détestais principalement chez Camila, c'était qu'elle ne m'aime pas. De façon si ostentatoire. Je l'avoue, au fond, j'étais vexée. À présent, c'est différent ; je vois clairement à quel point elle incarne tout ce que je méprise. Je n'ai jamais pu supporter les tyrans et les brutes – j'en ai côtoyé quelques-uns, dans ma pension d'élite bourrée de filles à papa limite sociopathes. Ma stratégie, avec ce genre de personnage ? M'en tenir le plus loin possible. Pour éviter le rayonnement de leur toxicité.
Ce que je compte bien faire avec Camila.
Après tout, c'est ce qu'elle voulait, non ? Alors elle a gagné. Qu'elle savoure sa victoire. Mais pas question de lui laisser de nouveau l'occasion de me faire mal à ce point.
- Lauren ! continue d'appeler ma mère.
- J'arrive !
Je descends les escaliers d'un pas traînant, en priant pour ne pas tomber sur l'autre connasse... Et découvre Brad, dans l'encadrement de la porte d'entrée. On ne s'est pas vus depuis mon départ en trombe hier. Quand Dinah et Camila ont fait leur petit coup bas, Brad a voulu quitter la soirée avec moi... Mais j'ai refusé fermement, avant de monter dans le pick-up que Alejandro m'avait prêté pour la soirée. Pas uniquement parce que je voulais être seule.
La vérité, c'est qu'une part de moi est aussi furieuse contre lui.
Furieuse qu'il ait ces amis de merde. Furieuse qu'il ne m'ait pas avertie pour Dinah avant que je la rencontre. Furieuse qu'il ait pu sortir avec une garce pareille. C'est pour ça que je n'ai pas non plus répondu à ses textos ce matin.
De toute façon, tout ce qui se rapporte de près ou de loin à Camila, là, je préférerais éviter.
Je sais qu'il va falloir que je réfléchisse à ce que je compte faire concernant notre relation. Après tout, si je veux vraiment battre en retraite et éviter au maximum Camila pour le reste de l'année, sortir avec un des membres de l'équipe de foot n'est sans doute pas la meilleure idée qui soit... Certes, j'étais contente d'avoir un petit copain, mais pas à n'importe quel prix ! Pas si ça implique de devoir traîner avec tous ces gens que je méprise.
Brad semble deviner où j'en suis de mes réflexions concernant notre avenir proche car, avec ses cheveux châtain clair en bataille, son sourire timide, il me regarde d'un air penaud. Puis, avant que j'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, il fait apparaître de derrière son dos un énorme ours en peluche, agrémenté d'un nœud. Quelque chose en moi flanche. C'est mignon, romantique.
Et c'est la première fois qu'un garçon me fait un cadeau.
- Monte, lui proposé-je, radoucie, mais sans toujours trop savoir ce que je vais faire de lui.
De nous.
J'ai à peine le temps d'y penser que, une fois dans ma chambre, Brad pose la peluche dans mon fauteuil en rotin, sort une photo de sa poche et, avec une épingle à nourrice, la fixe sur la tête de l'ours. C'est un cliché de Camila, en plan américain. Son sourire étincelant. Elle est en maillot de bain. Ses yeux perçants, comme si elle avait un secret. Ça suffit à me remettre en rogne. Avant que j'aie eu le temps de m'emporter en demandant à Brad ce qu'il fabrique, il balance son poing dans l'estomac du gros nounours.
- Je t'offre un punching-ball customisé, pour quand ta demi-sœur est trop conne. Pas mal, non ? me lance-t-il d'un air espiègle.
Je ris, surprise. Et aussi, je dois bien l'admettre, ravie de l'idée. Brad est de mon côté, il comprend ma colère. Ça suffit à faire fondre la glace entre nous. Rassuré par ma réaction, mon petit ami commence à s'excuser, à m'expliquer qu'après mon départ il a mis les points sur les « i » avec Camila.
- Personne n'a trouvé ça cool, tu sais. Même Austin était furieux contre Dinah et elle. Et si Ally nous a empêchés de nous foutre sur la gueule, ça n'empêche qu'il était de mon côté – pardon, de notre côté.
OK, sa façon de se reprendre, juste à l'instant, vaut plus que toutes les peluches ou les défouloirs du monde.
Et puis ça me rassure de savoir que le reste de sa bande a pris mon parti. Peut-être finalement qu'ils ne sont pas si pourris que ça... Ils ont juste une fréquentation déplorable : Camila Cabello. Quand je pense qu'il y a dix minutes encore, j'envisageais de rompre avec Brad, tout ça à cause d'elle ! C'est fou le pouvoir que cette salope a sur moi.
Je ne dois plus lui en laisser autant.
Ça fait à présent cinq semaines que Brad et moi sommes ensemble. L'idylle estivale a fait place à une vraie romance de couloirs de lycée. Pour moi, la fille qui sort à peine d'une école de filles et qui n'avait jamais eu de petit ami, les séances de bécotage dans les couloirs, les gradins du stade, dans sa voiture le matin quand il passe me prendre pour m'emmener à l'école sont une vraie bouffée d'air frais. Bien sûr, ça me fait aussi peur, parfois. Après tout, je ne sais pas ce que je suis censée ressentir. Je ne sais pas jusqu'où Brad espère aller avec moi. Ni ce pour quoi je suis prête, avec mon inexpérience et mes questions sans réponses. Mais, en le considérant en cet instant, tellement attentionné, je me demande si ça ne vaudrait pas le coup que je nous donne une chance. Que j'accepte de voir ce que ça peut donner, nous deux. Sans laisser Camila interférer dans ce que je veux !
Une nouvelle bouffée de rage contre la pétasse du palier d'en face me pousse à décocher moi aussi un coup dans l'estomac de mon nouveau défouloir. Puis un deuxième, et un troisième, qui me font un peu de bien. Légèrement échevelée, je ris, et Brad m'enlace par-derrière.
- J'en déduis que tu ne m'en veux plus ? me demande- demande-t-il en tentant de m'amadouer.
- Disons que pour une première crise, tu l'as plutôt bien gérée, réponds-je en resserrant l'étau de ses bras autour de moi.
En voulant de tout cœur que cette étreinte me réchauffe. Qu'elle chasse la mélancolie que je ressens en cet instant. En voulant de cette étreinte l'impossible : qu'elle m'apporte la paix, le réconfort que Camila me confisque.
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IMMORALE (camren)
FanficCapitaine des cherleaders, Camila est sexy, puissante, invincible. Aucun garçon ne résiste à son charme, elle obtient ce qu'elle veut d'un claquement de doigts. Sauf avec Lauren. Sa future demi-sœur lui tient tête, l'agace et refuse de se laisser in...