Camila
Une semaine passe, bouchée comme un ciel d'orage. Je n'ai pas quitté la caravane après le départ de Chris et Lake. J'ai prétexté l'envie- pas tout à fait fausse- de me remettre sérieusement à la guitare et de faire du raffut. J'ai déménagé le strict nécessaire. Et je me suis arrangée pour être prise tous les soirs, pour rentrer après dîner et filer directement dans mon refuge.
Je me suis arrangée pour ne pas la croiser.
Pas seulement parce que j'avais peur de craquer. Mais parce que je craignais qu'en nous voyant ensemble, les gens devinent. Mon père. Clara. J'ai l'impression que j'ai son prénom écrit partout sur le visage. Le prénom le plus tarte du monde. Lauren... Et que, pourtant, je me suis mise à me répéter souvent, comme un mantra, un trésor.
Elle aussi fait tout pour m'éviter, et je suppose qu'on a de la chance d'être dans un bahut aussi imposant. C'est facile de ne pas se croiser- excepté pendant les cours de littérature, que j'ai religieusement séchés. J'ai assumé le savon passé par Clara. Sans la laisser se douter d'à quel point c'est aussi pour elle que je fais ça.
Mardi midi, en me planquant sous les gradins pour fumer et éviter le réfectoire où je sais que Lauren se trouve, j'entends un groupe de fille cracher sur elle. Comme quoi elle fait des drames pour rien, qu'à cause d'elle c'est tendu entre Brad et moi. Tendu ? Le mot est faible. Le quaterback et moi, on ne se parle plus. Plus depuis la fois où il m'a collé au grillage du lycée, à la sortie du bahut, le lendemain d'Halloween, en clamant que je lui avais fait foirer son plan. Que j'étais une connasse aigrie. Que de toute façon, il allait récupérer Lauren. Qu'il tenait à elle et que, pari ou pas pari, elle était à lui. Je n'ai pas répondu, en prétextant auprès des autres que c'était pour l'équipe. La vérité, c'est que je n'avais pas envie d'en rajouter. C'était déjà insupportable de le voir sortir avec Lauren. Mais clamer qu'elle était à lui, qu'il la récupérerait, qu'il avait des sentiments ?
Cet abruti en a peut être développé, mais il ne ressent sûrement pas le quart de ce que j'éprouve pour elle. Parce qu'il ne la connaît pas comme moi je la connais.
Il ne l'a pas regardée se déshabiller, rougir en dévoilant son corps. Il ne l'a pas tenue, n'a pas senti la douceur de sa peau. Il n'a pas murmuré avec elle, la nuit, dans la pénombre. N'a pas entendu sa voix sexy, un peu éraillée, lui dire qu'elle le veut. Il ne sait pas la façon dont ses yeux chavirent quand elle jouit. Il ignore la façon dont elle bouge, dont elle mord, dont elle gémit de plaisir. Il ne sait pas ce que c'est que de vouloir lui faire du bien. Il ne sait pas ce que c'est que de la laisser partir parce que c'est mieux comme ça.
Il ne sait pas ce que c'est que de vouloir la défendre, à tout prix.
- Alors, les vipères, on s'éclate ? demandé-je en me hissant sur les gradins pour surgir par-derrière. On est jalouses, peut-être ?
Les filles, parmi lesquelles Sydney, rougissent, s'excusent, assurent qu'elles ne voulaient pas dire du mal de ma « famille » ... Je les toise d'un air plain de mépris.
- Barrez-vous de mes gradins. Et ne vous avisez pas de recommencer à parler comme ça de Lauren si vous voulez pas dégager de l'équipe.
Elles rassemblent leurs affaires et se cassent, paniquées, en réitérant leurs excuses de merde. Une fois arrivées en bas, elles croisent Austin mais n'osent même pas lui dire bonjour.
- Eh ben, lance Austin en grimpant à son tour. On est de bonne humeur, à ce que je vois.
Mon ex se pose à côté de moi, une pomme à la main. C'est souvent son menu, quand sa mère oublie de lui filer de la thune pour déjeuner.
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IMMORALE (camren)
FanficCapitaine des cherleaders, Camila est sexy, puissante, invincible. Aucun garçon ne résiste à son charme, elle obtient ce qu'elle veut d'un claquement de doigts. Sauf avec Lauren. Sa future demi-sœur lui tient tête, l'agace et refuse de se laisser in...