11. Souviens-toi le printemps dernier

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Camila

Allongée sur mon lit, fenêtres ouvertes, je fume ma sixième clope depuis que je suis rentrée – l'avantage d'une soirée à la maison quand mon père et Clara sont sortie. Austin a essayé de m'appeler vingt fois pour savoir quelle mouche m'avait piqué de quitter le Grey Goose comme ça et s'il pouvait passer. J'ai hésité, avant de refuser. J'ai envie de baiser, ouais, mais pas de parler. J'aurais pu faire venir n'importe quel autre mec du bahut qui me tourne autour pour ça ; j'ai même commencé à écrire des textos, puis je me suis ravisée, j'avais trop peur.

Le mouvement de ses hanches, qui se balancent lentement pour qu'elle puisse conserver son équilibre.

Trop peur de penser à elle.

Ses cuisses fuselées, légèrement dorées par le soleil, qui s'échappent de son short et enserrent le cou du taureau.

Je tire une taffe, expulse la fumée, la regarde se dissoudre pendant que de la folk douce s'échappe de mes enceintes.

Ses épaules qui bougent au rythme de la musique, et sa poitrine pleine qui remue sous son débardeur.

Je bondis hors de mon lit et vais changer de disque. J'ai besoin de rock hurlant, pas de sentimental pour un sou. J'opte pour les Clash. Je me pose sur ma chaise de bureau, clope entre les lèvres, et commence à frapper sur une batterie imaginaire. Ça me défoule et me sort de la tête toutes ces pensées affreusement coupables. Inexcusables.

Lauren n'est pas seulement la nana de mon meilleur ami, putain ! C'est une nana !

C'est avant tout ma demi-sœur. Ma jolie demi-sœur, complètement tarte et anti-sexy au possible avec ses airs de pimbêche. Ma demi-sœur avec qui on se bouffe constamment le nez, même quand j'essaye de signer la trêve. C'est plus fort que moi, elle m'insupporte depuis le premier jour où je l'ai rencontrée, avec ses airs et ses phrases compliquées. Alors merde, qu'est-ce qui me prend ? Pourquoi est-ce que ce soir, je n'arrête pas de penser à elle comme ça ?

Peut-être que les mecs avec qui je couche ont raison : j'ai un problème.

C'est ce que m'a lancé Mathew, le petit blond de première année à l'université avec qui j'ai couché deux fois depuis septembre, et accessoirement assistant du coach de l'équipe de foot, en se rhabillant l'autre jour dans sa chambre.

« Tu n'es pas simplement une salope, Camila. Tu es aussi et surtout une pauvre meuf, avec un glaçon à la place du cœur. Une gamine qui veut tout ce qu'elle ne peut pas avoir ! »

Si Mathew a raison, ça expliquerait que je me retrouve à fantasmer sur une nana, qui plus est, la seule nana de Felt avec qui, vraiment, il n'y a pas moyen...

Merde. Pourquoi est-ce qu'elle m'appelle d'ailleurs ? Justement maintenant ?

Le numéro de Lauren qui s'affiche sur mon portable, au moment où je pense à elle... Je décroche, soûlée de ne pas pouvoir lui échapper, même quand je la fuis.

- Allô ! Aboyée-je.

- Camila... Dieu merci, tu as décroché...

- Qu'est-ce qui se passe ? demandé-je, en sentant la panique dans sa voix.

- On a été arrêtés, Brad et moi. On est au commissariat, sur Main Street.

- Quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tout va bien ?

- Oui, oui, ce n'est rien... C'est juste... Brad devait me ramener ce soir, mais il a bu quelques bières de trop... J'ai voulu le conduire chez lui puis rentrer à pied mais il n'était pas d'accord.

IMMORALE (camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant