Chapitre 7

49 7 0
                                    

Finalement, un léger revers dans la santé de Sherlock fit qu'il dut attendre quelques jours de plus avant de pouvoir tenter les béquilles. Il avait pris froid, une de ces petites saloperies et maladies qui sévissent dans un hôpital, et son état de faiblesse l'avait fatigué beaucoup plus qu'il ne l'aurait fait normalement. Molly avait été très attentive, ce qui le mit d'assez bonne humeur, et elle lui avait fait savoir que ce n'était probablement pas une mauvaise chose qu'il ait été retardé car elle sentait que c'était trop tôt pour lui de tenter de marcher.

Il avait dû se contenter d'en apprendre plus sur le Docteur Watson et à faire des exercices mentaux en commençant à déduire les autres patients. Comme il l'avait constaté dans le passé, les gens n'aimaient pas beaucoup qu'on parle d'eux et la plupart des autres hommes désormais l'ignoraient ou lui disaient de la fermer de manière très colorée. John semblait pourtant fasciné et lui demandait à chaque fois comment il avait vu les signes, lesquels étaient-ce et comment les interpréter. Il avait ensuite essayé d'utiliser lui-même la technique mais ses tentatives avaient été ridicules et n'avaient réussi qu'à faire rire Sherlock haut et fort pour la première fois depuis son arrivée.

Finalement, le jour vint où Molly arriva avec une paire de béquilles en bois et Sherlock senti immédiatement son humeur s'améliorer.

Il commença par s'asseoir et essaya de bouger sa jambe mais grimaça de douleur.

- Patience Monsieur Holmes. Nous devons vous donner plus d'anti-douleurs si nous voulons essayer ça.

Elle sortit sa boîte de doses de morphine et il tendit son bras d'anticipation. Il ne put s'empêcher de remarquer le léger frisson qui le traversa quand elle prit son bras avant de lui faire l'injection. Depuis qu'il s'était remis de son rhume, et avec sa jambe en voie de guérison, il était devenu plus conscient de ses appétits sexuels qui commençaient à réapparaitre. Dans le passé, il se serait soulagé en privé. Oui, il connaissait très bien les bordels et les trottoirs qui se trouvaient au bord des tranchées pour servir les hommes en route vers la ligne du front mais cela ne l'avait pas intéressé. Les maladies sexuellement transmissibles y étaient monnaie courante et, en effet, il était bien connu que certains hommes essayaient activement d'attraper « la chaude-pisse » afin de passer quelques semaines à l'hôpital pour être soignés plutôt que dans les tranchées. Mais ça n'attirait pas du tout Sherlock.

Le problème était que cet endroit ne se prêtait pas du tout à l'intimité alors il essayait plutôt d'ignorer ses besoins. C'était d'autant plus dur quand Molly était là.

Molly lui passa sa nouvelle robe de chambre, un lot de couleur canneberge que sa mère lui avait envoyé avec une paire de pantoufles en cuir brun dont il ne pouvait qu'en porter une. Il devait admettre qu'il se sentit un peu plus lui-même après les avoir enfilés.

Ils pensaient tous deux qu'il serait plus facile pour lui de commencer avec une béquille et Molly du bon côté pour le soutenir pendant qu'il s'y habituait. Il lui fallut un certain temps pour se déplacer, il était donc assis sur le bord du lit et il était un peu en colère contre lui à cause de la nervosité qu'il ressentait. C'était la colère qui lui donna le courage de mettre la béquille sous son bras et, avec Molly soutenant son autre bras, il se força à se lever pour la première en fois depuis presque un mois.

La chute soudaine de sa tension artérielle l'étourdit momentanément et il put vaguement entendre Molly lui dire de prendre une profonde inspiration et de ne pas bouger jusqu'à ce qu'il soit prêt. Une minute plus tard sa vue redevint clair et il se sentit capable de faire son premier pas.

Ils firent de lents progrès hors de la salle et dans le couloir. Ensemble, ils se dirigèrent dans la direction la plus calme, vers la cage d'escalier arrière que Molly lui avait dit avoir utilisé lorsqu'elle lui avait rendu visite pendant la nuit, et quand ils tournèrent au coin ils se retrouvèrent seuls.

Battle For Love (tr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant