Le Roi des Rats [MxM]

17 - Les rats du flûtiste

     Le visage de Julian passa par diverses expressions. D'abord la surprise, puis l'étonnement, et enfin la colère. Plus brusquement qu'il ne l'avait voulu, il attrapa Raphaël pour l'attirer contre lui, rompant le baiser qu'il échangeait avec Cendra.

     Raphaël ouvrit lentement les yeux, puis il regarda tour à tour Cendra, Blaise et Julian.

« Raphaël... murmura Julian, vient, on rentre.

     Raphaël ne répondit rien. Il regarda son reflet dans l'eau, le brouilla un instant en remuant l'eau du lac, puis il se toucha le visage, comme s'il avait besoin de se souvenir à quoi il ressemblait physiquement. Il prit une grande inspiration.

— Où il est ? murmura-t-il à l'attention de Blaise et Cendra.

     Ces deux derniers soupirèrent de soulagement. Ils se jetèrent sur lui, l'enlaçant. Julian observa Raphaël leur rendre leur étreinte. Ils se séparèrent et Julian attrapa son bras.

— On rentre, Raphaël.

— Julian... Je... Non, désolé. Tu dois rentrer dans le chalet. Tu n'en ressors pas et si possible tu te bouches les oreilles avec ce que tu trouves.

     Julian fronça les sourcils.

— Raphaël, non !

     Le brun soupira d'agacement. Il indiqua d'un mouvement de tête à Julian de sortir de l'eau, pour qu'ils se mettent à l'écart tous les deux. À peine sur la rive, Raphaël se sécha et il se changea rapidement. Julian l'imita.

— Est-ce que tu peux m'expliquer ? murmura-t-il à Raphaël.

— Julian, je... Écoute, c'est compliqué. Mais tu dois rentrer.

— Mais pourquoi ? Mais putain, explique-moi ! C'était quoi, ça ? Il vient de se passer quoi ? Et c'est quoi cette flûte ?

     Raphaël soupira.

— C'est trop long à expliquer Julian. S'il te plait, fait-moi confiance.

Il posa sa main sur sa joue, tendrement.

— Tu es un humain important pour moi, Julian. S'il te plait, ne fais rien d'imprudent. Et puis, si je t'expliquais, tu ne me croirais pas.

— Je prends le risque. Dit-moi tout.

     Raphaël soupira à nouveau.

— Tu vois Blaise et Cendra ?

— Ouais, et ?

— Ce sont des princesses de contes. Ce sont des Mythes.

     Julian le regarda comme s'il venait de dire quelque chose qui n'avait aucun sens, ce qui n'était pas loin d'être le cas.

— Et elles ont un peu plus d'un siècle.

     Julian secoua la tête, un drôle d'air sur le visage.

— Tout comme moi, termina Raphaël.

— Tu racontes n'importe quoi. Aller, on rentre.

     Il tira le bras de Raphaël mais ce dernier fit pression pour ne pas bouger.

— J'ai beaucoup de choses à faire, Julian. Rentre sans moi, d'accord ?

— Tu te souviens de tout ou tu te tapes le meilleur délire de toute ta vie ?

     Raphaël sourit.

— Je te rejoindrai dès que j'aurai terminé.

— Raphaël... Tu es toujours... Toi-même ?