10 - Les rats

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     Les rats continuaient leur chemin à travers le forêt. Chose inhabituelle puisqu'ils étaient généralement nocturnes. Quelque chose les avaient attiré. Ils s'étaient juste empressés de se jeter sur une odeur particulièrement attirante. Ils avaient vu leur faux maitre leur indiquer un endroit un peu reculé dans la forêt, et ils n'avaient eu d'autre choix que d'obéir. Ils espéraient seulement que leur vrai maitre reviendrait rapidement. Ils détestaient le faux maitre.

     Mais leur vrai maitre était proche, ils le sentaient. Et ils avaient faim, aussi. Ils s'arrêtèrent tous en troupe lorsqu'ils virent un corps tomber dans un dénivelé de plusieurs mètres. Ils n'en croyaient pas leurs petits yeux. Ni leur nez, l'odeur du sang était pourtant prenante. Sans vraiment réfléchir, ils s'agglutinèrent tous dessus, le grignotèrent pour gouter la chair tendre et encore chaude, pour enfin d'un commun accord silencieux le tirer rapidement dans la forêt, à l'abri de tout les regard. Ils ne laissèrent qu'une paire de lunettes derrière eux, mais ils n'y prêtèrent pas vraiment attention. Après tout, ça ne se mangeait pas, des lunettes.

     Leur faux maitre les attendait patiemment au-delà de la limite imposée par les vacanciers. À l'abri de tous les regards, il regarda ses sous-fifres à quatre pattes apporter leur repas. Le pauvre garçon était en très mauvais état, et il lui semblait même qu'il respirait encore un peu. Très légèrement. Il se leva doucement et ordonna à ses rats de s'éloigner de lui. Dociles, ils obéirent et regardèrent leur faux maitre poser ses mains aux doigts crochus et aux ongles longs, sales et crasseux tirer la tête du garçon vers lui. Certains se frottaient leur museau avec leur pattes avant, léchant la moindre petite trace de chair qui était restée sur leur peau.

     Le faux maitre regarda le garçon. Il plissait et ouvrait ses yeux régulièrement, comme une personne qui n'y voyait pas très bien, ce qui était probablement le cas.

     À travers le sang et la terre, il pouvait presque remarquer les marques de ses lunettes qui s'étaient incrustées sur sa peau. Il sentait son faible souffle atterrir sur son nez. Il sentait son regard affolé. Il sentait sa peur.

     Un sourire déformé se traça sur son visage. Le garçon ne s'en rendit compte que maintenant, mais le faux maitre puait. Il puait les égouts, l'herbe sèche, la crasse et la mort. Il leva une main en sang pour la poser sur la main crasseuse du faux maitre, comme pour lui implorer silencieusement de le reposer par terre, de le lâcher. Mais le faux maitre resserra sa prise sur sa tête, incrustant ses longs ongles sur son crâne et sur la peau de son visage. Il vit la détresse dans les yeux du garçon. De sa bouche sorti un long râle de douleur. Il frappa deux fois les mains du faux maitre avant que ce dernier ne parvienne à lui tordre le cou dans un craquement sinistre qui résonna dans le coin de la forêt dans lequel il se trouvait.

     La main du garçon glissa lentement pour tomber mollement par terre. Les rats regardaient leur faux maitre. Ce dernier sorti une machette recouverte de rouille et il l'abattit une fois sur la nuque du garçon. Le sang gicla un peu, et il était au premier tiers de son cou. Il leva une nouvelle fois la machette dans les airs et l'abattit une nouvelle fois. Il recommença jusqu'à ce que la tête du garçon soit détachée de son corps. Il releva la tête tranchée, la porta à hauteur des yeux et l'observa longuement. Sa bouche était ouverte, encore agitée de spasmes et de la bave mélangée à du sang coulait par terre. Ses nerfs optiques ne réagissaient plus, tournant dans ses orbites et lui créant un strabisme comique.

     Un rire rire cynique s'échappa de la bouche du faux maitre. Cela effraya les rats, qui se dressèrent sur leurs pattes arrière, le museau en l'air et attendant la suite. D'un coup de tête, leur faux maitre les incita à se jeter sur le corps inerte au sol. Il regarda les rats s'affairer sur la chair avant qu'il ne se replie dans sa tente, veille et crade comme lui. Il en ressortit quelques secondes plus tard avec un long manteau en peau de rat qui lui servait de couverture ou de cape suivant son humeur, et un pic large et épais.

Le Roi des Rats [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant