Le Roi des Rats [MxM]

3 - Une trêve

« Lelièvre, debout ! »

     Raphaël eut à peine le temps de digérer l'information qu'il se reçu un oreiller sur la tête. L'instant d'après, il entendait une porte claquer. Il se releva, encore endormi, l'oreiller de Julian dans les mains. Il souffla.

     Quelques minutes plus tard, un jeune garçon de dix-sept ans passait les portes du réfectoire l'air colérique, les cheveux indisciplinés dans tous les sens et le regard mauvais. Il avisa les tables, avant de remarquer Julian discutant d'un sujet quelconque devant un groupe de personnes pendues à ses lèvres. Il secoua sa tête avant de se servir des tartines et un bol de chocolat chaud.

     Comme à son habitude, il s'assit seul à une table un peu à l'écart du reste des autres vacanciers. Il plongea son nez dans son bol et le but presque d'une traite.

« Salut, je m'appelle Janice !

     Il sursauta. En face de lui se trouvait une jeune fille aux immenses yeux marrons. Ses cheveux châtains étaient longs et lâchés ; ils lui descendaient jusqu'à sa taille.

— Raphaël.

— C'est toi, le deuxième dix-sept ans ?

— On dirait. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

     Janice se gratta la tête.

— C'est qu'en fait tu es tout seul, alors je voulais savoir si tu voulais venir manger à notre table.

— Il y a déjà quatre personnes à ta table, répondit Raphaël en souriant, ça ira pour moi !

— On peut rajouter une chaise, au pire !

     Une main se posa sur l'épaule de Raphaël, le faisant sursauter une seconde fois.

— Il vient de te dire que ça ira pour lui, dit la voix menaçante de Julian derrière lui, pourquoi tu ne retournerais pas comploter ailleurs, Janice ?

     La poigne de la main de Julian sur son épaule était relativement forte. Ladite Janice le regarda d'un œil mauvais avant de se lever et de partir. Raphaël se tourna vers Julian, qui semblait figé sur place.

— Et toi, pourquoi tu retournes pas là-bas ? T'as pas d'autres histoires fabuleuses à raconter ? demanda sarcastiquement Raphaël, regarde, ils t'attendent.

     Julian s'assit à ses côtés et le regarda, l'air grave.

— Lelièvre. Cette semaine, il faut qu'on gagne, dit-il sérieusement.

     Raphaël fronça les sourcils.

— Gagner quoi ?

— Finit ton petit déjeuner, je t'explique tout dans le chalet. Fait vite.

     Il se releva, pour se rassoir dans la seconde qui suivit. Il regarda les yeux désabusés de Raphaël.

— Ne t'approche pas de Janice, tu m'entends ? Surtout pas ! »

     Et il repartit pour de bon. En relevant la tête pour regarder Janice, cette dernière lui accorda un resplendissant sourire ainsi qu'un petit signe de main auquel Raphaël répondit brièvement. Il termina tranquillement son petit-déjeuner et il retourna dans le chalet.

     Julian l'attendait, étendu sur son lit, lançant une balle de tennis pour qu'elle heurte le plafond avec un bruit sec et régulier. Il se redressa lorsqu'il entendit Raphaël arriver.

« Je croyais t'avoir dit de faire vite, déclara-t-il d'un ton froid.

     Raphaël ne sut quoi répondre à cette pique. Il se contenta de s'assoir sur son lit, en face de Julian.