9 - Mise au point

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« Il ne faut pas en parler à Charles.

— Et je te dit qu'il faut lui en parler.

     Raphaël et Julian se regardèrent d'un air mauvais. Ils étaient assis à la table, un petit-déjeuner copieux entre eux deux.

— Mais je te comprend pas. Y'avait quelque chose qui nous regardait en train de dormir, et toi, ta réaction, c'est de ne pas en parler ? s'étonna Julian, mais pourquoi ?

— Parce que j'ai comprit que des fois, ne pas en parler attire moins d'ennuis, lâcha Raphaël en reprenant une tartine de beurre.

Julian soupira.

— Tu me crois, maintenant, la deuxième nuit où j'ai vu une silhouette ? murmura Raphaël.

— Tu vas pas me sortir que c'est lié ? C'est n'importe quoi, comme raisonnement. Ce que tu as vu en premier, c'était clairement ton imagination, ce qu'on a vu hier, c'était un pervers.

— Donc uniquement parce que tu l'as vu aussi, c'est la seule vérité qu'il peut y avoir ?

— Écoute, on ira voir près de notre fenêtre s'il n'y a pas de trace de pas. Ça te rassure ?

— Non. Mais on le fera quand même.

Julian leva les yeux au ciel.

— Arrête de faire cette tête. On a gagné le grand jeu hier, tu t'en souviens ? demanda-t-il.

— On aurait encore plus gagné si tu ne m'avais pas plaqué au s...

     Il ne termina pas sa phrase. Le rouge leur était monté aux joues. Ils se regardèrent un instant avant qu'un hurlement ne retentisse dans le réfectoire. Ils eurent juste le temps de voir Betty monter sur sa chaise en se tenant les cheveux. Et un énorme rat noir courir vers la porte, certainement plus effrayé par le hurlement de Betty que par sa taille. Une deuxième rat sortit d'un coin sombre avant de s'échapper à son tour.

     Julian et Raphaël se regardèrent. D'autres vacanciers commencèrent à pousser des cris de surprise, il y eut beaucoup de raclements de chaises et bientôt, le sol du réfectoire fut noirci de rats. Ils s'agglutinaient et grouillaient tous vers la sortie, cherchant à se retrouver dehors au plus vite.

— C'est quoi ce bordel ? marmonna Julian et se mettant prudemment debout sur sa chaise.

     Raphaël l'imita, une tartine dans la bouche.

— Ça sort d'où ?

— Je vais demander à tout le monde de retourner dans vos chalets pour la journée s'il vous plait ! hurla la voix de Charles par dessus les cris, pas de panique, ce n'est certes pas courant, mais il n'y a aucune raison de s'inquiéter ! »

     Tout le monde s'exécuta, les plus courageux réussissant à se frayer un chemin à travers les rats. Jacques, un vacancier de seize ans, se fit mordre la cheville par un rat et glapit de douleur. Cela calma un peu les autres qui attendirent patiemment que les rats aient finis de galoper sur le sol du réfectoire.

     Raphaël et Julian sortirent en dernier, et ils observèrent les rats disparaitre dans l'herbe, allant dans toutes les directions. Julian attrapa son coéquipier par le bras et le tira en direction de leur chalet. En l'espace de trois minutes, le camp de vacances était devenu aussi amical qu'un cimetière. Raphaël jeta un dernier coup d'œil avant de refermer la porte, priant intérieurement que les rats ne se faufilent pas jusqu'à chez eux.

     Lorsqu'il se retourna, il vit Julian debout sur son lit, la tête passée à travers la fenêtre de leur chalet.

« Eh, mais vire tes pieds de mon lit ! cria-t-il en s'approchant de lui.

Le Roi des Rats [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant