2 - Un visage familier

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     Raphaël se figea. C'était tout bonnement impossible. Julian se trouvait en face de lui, abordant la même expression faciale que lui.

     Au bout d'un moment, Julian avança d'un pas. Instinctivement, Raphaël effectua un pas en arrière et serra son poing. Julian s'en rendit compte et il présenta ses deux mains en l'air, comme pour lui indiquer qu'il n'avait aucune intention.

« Eh, relax. Je vais rien te faire.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?! Je pensais que les Leroy passaient leurs vacances dans leur superbe maison côtière, pas qu'ils envoyaient leur fils adoré loin d'eux !

     Julian haussa les sourcils, le regardant de haut en bas. Il ferma ses poings, pointa ses index en direction de Raphaël.

— Alors, je n'ai pas à justifier ma présence ici. Ensuite, je pourrais te poser la même question. Je suis là depuis deux semaines.

— T'inquiète, tu n'auras pas à supporter ma présence trop longtemps. Je vais demander à changer de chalet, reste tout seul.

     Il marcha d'un pas décidé vers la porte d'entrée, mais Julian posa sa main sur la poignée de porte avant qu'il ne la touche. Raphaël lui adressa un regard haineux.

— Vire ta main, Leroy.

— Raphaël, attend. Je suis... Désolé.

     Raphaël fronça les sourcils et inclina la tête.

— Pour quoi exactement Julian ? Pour avoir arraché les pages de mon manuel scolaire quand on était en primaire ? Pour avoir vidé mon sac depuis le deuxième étage de l'école ? Oh, peut-être pour toutes les fois où tu as mangé mon gouter et certaines fois mes repas devant moi ? Ou alors c'est peut-être pour la fois où tu as volé mon manteau alors qu'on était en plein hiver ? Mais peut-être que tu parles de toutes les fois où tu me frappais avec tes amis pour t'amuser ?

     Il regarda Julian, heureux de voir qu'il ne savait pas où se mettre et qu'il baissa le regard, pour la première fois. Il faisait moins le fier lorsqu'il était seul.

— Pour tout, murmura-t-il au bout d'un moment, je suis désolé pour tout.

     Raphaël souffla. Le pire, c'est qu'il avait vraiment l'air désolé.

— Ça suffira pas, répondit Raphaël, tu crois qu'un simple « pardon » va effacer des années à me pourrir la vie ?

     Julian sembla prendre son temps pour choisir sa réponse.

— Non, c'est vrai.

     Il releva la tête.

— Écoute Lelièvre, je sais que j'ai été stupide, depuis que je suis gosse. Je sais qu'un simple « pardon » va rien changer du tout, mais je te promet d'essayer de me faire pardonner.

— Qu'est-ce que ça t'apporterais ? On est à un mois de la rentrée universitaire, et je sais qu'au fond tu t'en contrefiches ! Alors, laisse-moi passer cette putain de porte pour que je ne vois plus ta face tous les jours !

     Il ne comprit que trop tard qu'il avait prononcé la phrase de trop. Julian l'attrapa par le col de son t-shirt et le plaqua contre le mur.

— J'ai dit que j'étais désolé, souffla Julian en marquant chacun de ses mots, qu'est-ce qu'il te faut de... »

     Raphaël parvint à se dégager de son emprise. Il poussa Julian pour se dégager de son bras, mais en le faisant basculer, il l'entraina dans sa chute. Ils tombèrent tous les deux par terre, mais la tête de Julian heurta violemment le rebord du lit en bois.

Le Roi des Rats [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant