18 - Le faux maitre

881 77 7
                                    

     L'herbe frottait sur les chevilles de Raphaël. Juste à ses pieds se trouvait une nuée de rats, fidèles à leur vrai maitre et l'accompagnant quoi qu'il puisse leur en couter. Seul Maltus avait eu le privilège de rester perché sur l'épaule de Raphaël, lui couinant la direction.

     Non loin derrière lui et ses rats se trouvait Blaise et Cendra, ou plutôt Blanche-Neige et Cendrillon de leur vrai nom. Elles assuraient l'arrière de Raphaël. Elles sentaient bien que le faux maitre n'était pas vraiment loin, et il était impératif de redoubler de vigilance.

     Raphaël et ses rats arrivèrent devant une barrière qu'il reconnut sans peine. Cette barrière représentait la limite du camp ; limite qu'il avait franchit une fois lorsque Julian et lui faisaient équipe. Il avait eu bien peur, ce jour-là.

     Il tendit une main tremblante qu'il peina à immobiliser pour la poser sur la barrière.

« On est passé par là, tout à l'heure, déclara Cendrillon.

— Il vit un peu plus loin.

— On reste groupé, murmura Raphaël.

— Il va être au courant de notre arrivée, il ne faudrait pas être plus prudents ?

     Raphaël baissa les yeux. Il porta sa flûte à ses lèvres. Un son mélodique en sortit, et immédiatement les rats portèrent toute leur attention sur l'air musical. Leur museau remua, leur pattes s'agitèrent et ils se séparèrent en plusieurs petits groupes. Certains d'entre eux resteraient avec Raphaël, d'autres partirent en direction du faux maitre, s'enfonçant dans la forêt.

     Le jeune homme regarda les deux princesses et ils hochèrent la tête en même temps. Ils enjambèrent tour à tour la barrière et rapidement, ils disparurent dans la forêt profonde.

     Le décor changea subitement de ton. Si, avant la barrière, la forêt était chaude et accueillante, cette seconde partie était en revanche bien plus sinistre. Il y avait certes plus de végétation, mais l'abondance de feuilles, d'arbres, de buissons, de végétation, empêchaient les rayons du soleil de passer correctement.

     La température avait considérablement chutée, et Raphaël se surprit à avoir la chair de poule. Lorsqu'il se retourna, il constata que ses amies étaient dans le même cas que lui. Cendrillon ne portait qu'un léger polo et un short, tous les deux usés de la nuit et de la journée qu'elles venaient de passer dans la forêt.

— C'est normal ? demanda Blanche-Neige, soucieuse de l'état de Cendrillon.

— Rien n'est normal, dans cette forêt, commenta Raphaël.

     Les deux princesses se regardèrent. Le joueur de flûte qu'elles connaissaient était bel et bien de retour. Celui qui était cynique, colérique, voire invivable était là ; et elles en étaient bien satisfaites.

— Qu'est-ce qu'on attend ? demanda Cendrillon.

— On attend le retour de certains de mes rats. Je les ai envoyé en éclaireurs pour me dire où était cet imposteur.

     Elle se contenta d'hocher la tête, puis elle s'assit par terre, rejoint par Blanche-Neige et Raphaël.

— C'est quoi ton plan d'attaque ? demanda Blanche-Neige.

— C'est ton truc, les plans d'attaque. Moi, je fonce dans le tas et je réfléchis après.

— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée... Tu ne te souvient plus de la dernière fois où il t'a tué ?

— Si bien sûr. Je me souviens parfaitement de la fois où il m'a ouvert les veines, le ventre et la gorge avec sa machette. Je suis mort lentement, et j'ai eu mal.

Le Roi des Rats [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant