Julian était étendu dans le lit qu'il partageait avec Raphaël. Il n'oserait jamais lui avouer, mais il avait eu peur, cette nuit. Il ne réussissait pas à trouver le sommeil, et cela faisait maintenant plusieurs minutes qu'il hésitait à parler à Raphaël. Que se passerait-il si jamais Cendra et Blaise, peut importe leurs noms, ne retrouvaient pas Charles ? Est-ce qu'ils retrouveraient Chris à la place ?
Et tous ces rats... Il n'avait jamais été phobique jusqu'à maintenant, mais la vision de ces animaux rampant à toute vitesse sur le sol l'avait quelque peu remué.
Il lâcha un soupir.
« T'arrives pas à dormir ? murmura la voix de Raphaël à ses côtés.
Julian sentit le corps de Raphaël se retourner vers lui. Il fit de même.
— Toi non plus ? demanda-t-il.
— Non. Comment est-ce que je pourrais dormir après ce que Blaise en Cendra viennent de me sortir ? J'ai beau retourner leurs phrases dans tous les sens, je ne comprend pas. Je sais qui je suis. Je sais où je suis né, où j'ai habité. Enfin, on a des albums photos chez moi. De quand j'étais enfant, et tout ça.
— Comment ils pouvaient savoir, pour ta tâche de naissance ?
— Je ne sais pas... Mais... Ils me sont familiers. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais c'est l'impression que j'ai en les regardant. C'est comme si je les connaissais. Tu vois ce que je veux dire ?
— Non, pas vraiment, désolé.
— Mais si ! persista Raphaël, comme un déjà-vu ? Tu sais, cette sensation étrange quand tu as l'impression d'avoir déjà vécu un moment, ça te parle ? Ça m'arrive régulièrement.
— Non, je ne vois pas du tout...
Julian sentit Raphaël abattre ses mains sur le matelas, signe qu'il râlait silencieusement.
— Peut-être que ça serait plus facile si je leur demandais directement ?
— Hors de question que tu leur demande ça, trancha Julian.
— Sinon quoi ?
— Sinon... Je ne te masse plus.
Julian entendit un froissement de draps à côté de lui. Raphaël s'était repositionné pour fixer le plafond.
— Ok. C'est peut-être un argument qui se défend, lâcha-t-il au bout de quelques secondes.
— J'en déduis que je suis un bon masseur.
— Tu déduis bien. Et si jamais c'est eux qui reviennent vers moi ? Après tout, ils avaient l'air de me connaitre.
— Et alors ? Moi aussi, je te connais ! Et depuis plus longtemps qu'eux, je pense.
Raphaël marmonna, visiblement peu satisfait de sa réponse.
— Il y a une différence entre croiser une personne tous les jours dans une cour d'école et lui parler tous les jours.
— J'ai apprit beaucoup de choses sur toi récemment, déclara Julian en haussant les épaules.
Raphaël mit quelques secondes avant de répondre.
— Moi aussi, souffla-t-il tout bas. »
Sur ces sages paroles, il se tourna le dos à Julian et fit mine de dormir. Julian lui tourna le dos à son tour et il ferma ses yeux.
———————
Comme tous les matins où il se réveillait avant Raphaël, Julian sortait rapidement du lit pour lui empêcher la gêne de se justifier devant lui. Lorsqu'ils dormaient ensemble, Raphaël se collait contre son dos, passait un bras et éventuellement une jambe autour de lui, comme s'il cherchait du réconfort. Il s'accordait cinq petites minutes pour s'habiller, et pour ensuite réveiller le brun.
Ensuite, quand Raphaël était debout et habillé, ils se rendaient au réfectoire pour prendre leur petit-déjeuner. Le brun n'était pas vraiment bavard le matin, du moins, pas avant d'avoir englouti deux tartines de beurre et de confiture ainsi qu'une tasse de chocolat, puis qu'un verre de jus d'orange.
Julian, quant à lui, se contentait de l'observer discrètement du coin de l'œil tout en essayant d'avoir l'air concentré sur son repas. Ensuite, il jetait des coups d'œil orageux à Janice qui semblait définitivement trop intéressée par Raphaël (et dommage pour lui, parce qu'il avait l'air plus intéressé par ses lèvres que par celles de Janice), et enfin, il...
Il sursauta en se levant d'un bon de sa chaise. Raphaël le regarda en fronçant les sourcils.
« Il y a un putain de rat dans le réfectoire, encore, souffla-t-il.
Raphaël se retourna pour le voir, mais il y eut d'autres raclement de chaises, et une fois de plus, quelques personnes montèrent sur leur chaise pour échapper au raz-de-marré nocif de ces animaux qui couinaient au sol. Raphaël leva les yeux au ciel.
— J'en ai assez, c'est pas possible, marmonna-t-il, j'ai faim et je sens qu'on va encore passer la journée enfermés, ça me saoule, ma parole, ça me saoule !
— Finit de manger, on en rediscutera après.
Raphaël tourna la tête dans tous les sens.
— Je ne vois ni Blaise ou Cendra, et encore moins Charles.
Les rats finirent de sortir du réfectoire, laissant les plus phobique en pleurs.
— C'est pas le moment de se préoccuper de ça, si tu veux mon avis !
Jeanne et Marie montèrent sur une table, pour qu'elles soient visibles de tous.
— Restez dans vos chalets jusqu'à nouvel ordre, s'il vous plait, on vous apportera de quoi manger, pas de panique !
— Pas de panique, pas de panique, râla Julian, j'ai pas eu le temps de terminer ma...
— Tiens, arrête de te plaindre, souffla Raphaël en lui tendant son reste de tartine pour qu'il se taise. »
Ils rentrèrent tous les deux dans leur chalet. À peine rentré, Raphaël demanda d'un coup de tête à Julian de coincer la porte. Lorsqu'il se retourna vers Raphaël, ce dernier avait tiré le rideau, et enlevé le t-shirt qu'il portait.
Julian le regarda faire avec un regard curieux.
« Tu sais quoi ? commença Raphaël, j'en ai marre d'être confiné parce qu'il y a une soit-disante invasion de rats. Je n'ai pas peur de ces bestioles, et ça m'énerve que les activités soient annulées à cause de ça.
Il défit la boucle de son pantalon, puis il continua.
— Non mais sérieusement, on s'en fiche de ces trucs, non ?
— Désolé, tu m'as perdu quand tu as enlevé ton t-shirt, répondit calmement Julian.
Raphaël leva les bras au ciel.
— Ça te dirait qu'on aille faire un tour, plus tard ? demanda le brun.
— Où ça, dehors ?
Raphaël haussa les épaules.
— Ouais, dehors. Me dit pas que t'as envie de rester toute la journée enfermé ici ?
— La dernière fois, ça s'est bien passé, non ?
Le brun le regarda du coin de l'œil, un rictus figé aux lèvres.
— Je vais me doucher. Et ensuite, on ira faire un tour discrètement.
— Fait comme tu veux, je vais...
— Tu veux me rejoindre ? »
Julian le regarda, les yeux grands ouverts, alors que Raphaël s'échappait dans la petite salle de bain, laissant la porte de cette dernière entrouverte. Julian hésita un instant avant d'oser faire un pas dans la même direction que lui.
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Le Roi des Rats [MxM]
Terror"Vacances dans la Clairière Enchantée" Pour ses dernières vacances d'adolescent, les parents de Raphaël décident de l'envoyer dans un camp de vacances loin de la ville, afin qu'il y passe un dernier été avant de rentrer à l'université. Loin de tous...