CHAPITRE IXX

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𝓛e lendemain matin, je fus réveillé par les quelques rayons du soleil éclairant la pièce de vie où nous nous trouvâmes Eren et moi. Mais je fus surtout réveillé par un horrible cauchemars dont l'angoisse, ressentis la veille, en était sûrement la cause.
  Ma main effleura les quelques mèches de mon partenaire, me rappelant sa présence à mes côtés. « Tout va bien, il est encore là ». Mais pour combien encore de temps ? Un mois c'est peu. Je serrais du poing trouvant tout cela injuste et ridicule. Pourquoi cela devait-il m'arriver au juste ? Un mauvais karma ? Quelle plaisanterie ! En voyant Eren dormir si paisiblement, il était difficile de le penser malade. Dix heure sonnait, je me devais de le réveiller sans trop le brusquer. Un petit baiser sur sa tempe, des caresses sur sa peau toute chaude faisant ainsi réagir son corps épuisé par la soirée.
— Eren, lève toi il est tard.
Ce dernier me répondît par un gémissement de fatigue avant de me tourner le dos.
— Gr... mat...ée
— Plaît-il ?
— Grasse matinée...
Je souris lorsque je vis sa flemmardise parler à sa place, finalement, ce sont nos chats qui s'occupèrent de son réveil ; miaulant à plein poumon dans ses oreilles. réclamant à manger.
— Ok ok, voilà je suis levé...
Il était tout ébouriffé, semblant dans les vapes le regard vide, se posant sans doute des questions existentielles comme toutes personnes forcées de se lever.
— Café ? Demandais-je à l'intéressé.
— Non, du thé cette fois s'il-te-plaît.
Il ne semblait pas avoir assez de force pour me regarder quand je lui adressais la parole. Lui avais-je volé toute énergie ? À croire que j'étais un monstre. Finalement, je me dirigeais vers la cuisine lui préparer une infusion avant de revenir la lui tendre.
— On a quoi de prévu aujourd'hui ? Demanda le châtain.
— Pas grand chose d'intéressant. Lui répondis-je.
— Ah oui ? Tu en es sûr ?
Ce jeune homme s'approcha de moi, un sourire narquois aux lèvres avant de me sauter au cou, me noyant de baisers. La journée s'annonçait intensive.

Par la suite, la semaine se passa s'en encombre, entre nos moments calmes comme d'autre plus agités, Eren et moi vivions pleinement nos journées. Après l'avoir déposé Eren au boulot comme à notre habitude, je me dirigeais vers le salon, afin d'ouvrir boutique. Dès sept heure, les clients vinrent se payer à boire avant de retourner à leurs occupations respectives. Tous, semblaient ne pas se soucier de la courte existence qu'il leur avait été attribuée, qui sait, peut-être que leur vie prendrait fin le lendemain. Mais ce genre de chose ne semblait pas les préoccuper plus que ça, pas plus qu'à moi d'ailleurs. De tout le week-end je n'ai tourné qu'autour de ça : la mort qui nous frappe. Après ce court instant de réflexion, je me ressaisis, reprenant de suite la paperasse.
Ce n'est que le lundi d'après que tout bascula. En plein travail, alors que je nettoyais le bar, je reçus un appel inconnu.
— Ackerman, j'écoute ?
— Bonjour, vous êtes donc bien monsieur Ackerman ?
— En personne, à qui ai-je l'honneur ?
— Je suis le docteur Zoe, serait-il possible de m'accorder votre attention ?
Suite à ces mots, je sentis que quelque chose clochait, priant pour ne pas être ce à quoi je pensais.
— Tout d'abord, j'aimerais que vous gardiez votre calme, je m'occupe de votre proche, monsieur Jä-
— Eren ? Eren Jäger ? Comment va-t-il ?!
Le jour tant redouté arriva, marquant le début de la fin de mon monde.
— Oui, il est actuellement prit en charge par nos soins suite à un petit malaise sur son lieu de travail. Pour l'instant rien de grave mais n'étant pas dans un état stable, nous nous sommes permis de prévenir son entourage afin que...
Ça n'allait pas du tout. Suite à cet appel, je pris en note le nom de l'hôpital dans lequel Eren se trouvait, m'habillant d'un manteau avant de sortir me rendre vers le lieu en question. Une fois arrivé à destination, je pris toute initiative pour rejoindre mon conjoint : numéro de chambre, nom du service et cetera. Après une bonne demi heure de recherche, je me trouvais enfin devant la porte de sa chambre, pris de tremblement me voyant dans l'incapacité d'ouvrir cette satanée porte. Il fallut que la chose s'ouvre d'elle même pour me motiver à entrer.
— Levi ?
Il s'agissait de Mikasa, la connaissant je me doutais qu'elle serait auprès d'Eren. Elle était très attachée à lui. Je lui fis donc signe de tête avant qu'elle ne me laisse entrer. Sur le coup, je vis tout d'abord Armin, le meilleur ami d'Eren, faisant des messes basses avant de m'apercevoir.
— Levi ! Tu es venu. S'écria Eren en m'apercevant.
— Évidement ! Pourquoi ne serais-je pas venu ?!
— Oui c'est vrai, excuse ma maladresse.
Mikasa et Armin nous laissèrent seuls le temps de nous parler en toute intimité. Eren semblait bien se porter, du moins pour l'instant.
— Comment tu te sens ?
— Un peu mieux, mais je pense rester ici quelques temps.
— Après tu rentres ? Demandais-je avec le peu d'espoir qu'il me restait.
— Nous verrons bien...
Cela va sans dire que sa réponse me décevait beaucoup, et pourtant je m'y attendais, refusant toujours d'y croire. À cet instant, je pris la décision de lui rendre visite tous les soirs après le travail, profitant de ses derniers moments.
Avec le temps, j'apercevais la santé d'Eren empirer à vu d'œil ; ce dernier commençait à avoir la peau sur les os, des cernes creusant ses yeux, ainsi que des lèvres sèches et abîmées. La maladie le rongeait sans que nous puissions faire quoi que ce soit.
— Je ressemble tellement à ma mère du temps de sa maladie.
Très souvent je l'entendais faire ce genre de remarque, préférant ne pas y répondre. Je ne voulais vraiment pas aborder le sujet au risque de l'entendre me répéter « c'est comme ça on y peut rien ». J'avais horreur qu'on me ramène à une certaine réalité.
Par ailleurs, à chaque visite rendue, Mikasa occupait toujours la pièce avant de sortir de la chambre dès que je m'y incrustais. Eux deux semblaient beaucoup s'échanger ces temps-ci.
— De quoi parliez-vous ? Demandais-je plus que curieux.
— Mhh ? Oh, de pas grand chose.
Ils se côtoyaient très souvent, en même temps je ne pouvais le reprocher à Mikasa, mais les voir me mettre à l'écart me contrariait beaucoup. Une fois de plus, je restais à son chevet, faisant la discussion pour prendre de ses nouvelles, lui raconter mes journées et vice versa. Mais de mon côté, même si je semblait bien me porter, à l'intérieur j'étais détruit.
— Eren...
— Mh ?
— Eren...
— Oui, qu'est-ce qu'il y a mon ange ?
— Ere...n
— Levi ?
— E-Er.. en
Il vint me serrer dans ses bras, provocant en moi une chute de larmes incontrôlables disant long sur ce que je vivais et ressentais réellement.
— Eren... Je ne suis pas prêt et je ne le serai sans doute jamais. S'il-te-plaît ne me laisse pas...
Je le suppliais, l'implorant de ne pas m'abandonner. Mais Eren garda son sang froid, comme si l'inquiétude le lui était inconnue.
— Je sais Levi, c'est dur et je sais que tu parviendra à surmonter cette épreuve. J'ai confiance en toi.
Je sentis sa grande main recouvrir mon crâne, l'a caressant, y déposant même quelques baisers, essayant tant de bien que de mal de me réconforter. Mais en vain. Je fus inconsolable sur le moment.
— J'aurais tellement voulu fonder une famille avec toi...
— Je sais.
— Notre vie a à peine commencé que là voilà se terminer déjà... Comme s'il s'agissait d'un rêve devenu inaccessible.
— Mais tu as encore toute la vie devant toi Levi...
— À quoi bon si ce n'est pour ne plus t'avoir à mes côtés ?
Mes mains se resserrèrent sur son ses vêtements, ressentant comme une terrible angoisse, je voyais sa fin venir à grand pas. Je me sentait faible et incapable de faire quoi que ce soit d'utile pour le sauver.
— Rentre Levi. Il se fait tard. Me conseilla-t-il.
— Hors de question !
— Soit raisonnable mon cœur, nous nous verrons demain, comme d'habitude. Je serai encore là, promis.
Sur ses mots je m'exécutais, m'apprêtant à rentrer comme il me le demanda. Après lui avoir souhaité une bonne soirée, je sortis de la chambre apercevant Mikasa assise en salle d'attente, sans doute attendait-elle de terminer sa discussion avec Eren. D'ailleurs, tous ces échanges entre elle et lui m'insuportaient, je me devais donc d'avoir le cœur net.
— Mikasa.
— Levi ?
— Si je puis me permettre de quoi parliez-vous Eren et toi ?
La jeune femme me regarda dans le blanc des yeux, avec un air totalement indifférent.
— Parles-en avec Eren, je n'ai rien à te dire de mon côté.
Cette froideur dans ses paroles me frustra au plus au point. Mais je m'étais résous à ne pas faire de scène, non seulement parce que je me situais dans un hôpital, mais aussi par respect pour Eren.
— Bien, si tu le dis. Fais moi signe si jamais tu changes d'avis.
Après cela, je pris congé, rentrant enfin à la maison, seul. Je ne possédais plus aucune motivation, dès le seuil de la porte franchit, je vins rejoindre la chambre m'écroulant subitement sur le lit, lit partagé avec Eren et lit devenu froid avec le temps.

Riren : Le LienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant