Je me retournais dans mon lit, encore et encore, ne trouvant pas le sommeil. Puis je décidai de me lever pour aller marcher un peu et me changer les idées.
La seule chose que j'avais pu emmener depuis Londres était mon sac à main. Je fouillai dedans pour en sortir mon téléphone portable. Je constatai que je ne captai aucun réseau. J'allumai le flash de l'appareil photo pour me servir de lampe de poche.
Ainsi éclairée, je sortais discrètement de ma chambre puis me rendis au rez-de-chaussée. Passant l'une des portes, je découvris la grande salle à manger, joliment éclairée par la lueur de la lune qui passait à travers les grandes portes vitrées. Derrière ces vitres se trouvait un grand parc avec des arbres et autres plantes fleuries. J'ouvris une des portes vitrées pour me rendre dans ce jardin. La lune devait être pleine car tout était vraiment lumineux bien que ce soit le milieu de la nuit et que tout soit éteint.
Je m'avançai dans les allées. Mes sens semblaient bien éveillés. J'entendais le craquement du gravier sous mes pieds et le bruissement du vent dans les feuilles. L'air frais apportait à mes narines une douce odeur de fleurs. Je m'arrêtai là, les yeux levés au ciel, contemplant la lune. Je repensais à toutes les fois où ma mère et moi avions passé de longues soirées dehors à contempler la pleine lune quand j'étais petite. Elle m'inventait toujours de belles histoires de princesses, de licornes et de fées.
Ainsi perdue dans mes pensées, je ne prêtais plus attention au monde réel et je sursautai en sentant quelque chose se poser sur mes épaules.
- Vous allez attraper froid Mademoiselle Miller.
Nathan se tenait devant moi, souriant. Il était vêtu de son pantalon et sa chemise blanche. Je me rendis compte alors qu'il venait de poser sa veste sur mes épaules.
- Oh, merci. Mais qu'est-ce que vous faites là ?
- Eh bien c'est mon tour de garde à cette heure-ci, explique-t-il, et j'ai reçu une alerte lorsque vous avez ouvert la porte de la salle à manger pour sortir dans le jardin.
- Une alerte ? demandai-je, pas sûre d'avoir compris.
- La villa est entièrement sécurisée et aucune porte ni fenêtre donnant sur l'extérieur ne peuvent être ouvertes de nuit sans que moi ou un autre garde du corps n'en soit informé.
- Oh, je ne savais pas. Vous voulez dire que vous êtes venu ici à cause de moi ?
- Disons plutôt que je suis venu m'assurer qu'il n'y avait pas d'intrus, Mademoiselle Miller. Mais vous êtes tout à fait en droit de vous promener où bon vous semble. Toutefois, tâchez de prévenir vote majordome si vous souhaitez sortir durant la nuit, cela évitera de nous inquiéter inutilement.
Son ton était bienveillant et pas du tout accusateur, pourtant j'avais le sentiment d'avoir fait une bêtise et je ne pus m'empêcher de vouloir m'excuser.
- Je suis vraiment désolée, je ne recommencerai plus.
- Vous n'avez vraiment aucune raison de vous excuser, dit-il d'un ton amusé. Alors, que faites-vous ici à cette heure ?
- Oh, vraiment rien de spécial. Je n'arrivais pas à dormir alors j'ai voulu prendre un peu l'air. Et j'étais en train de penser à ma mère.
- Votre mère ?
- Oui, elle adorait regarder la lune des heures durant. Me laissant parfois veiller tard à ses côtés, malgré l'école le lendemain, m'amusai-je en y repensant. Elle me racontait toujours de belles histoires, dignes des plus grands contes de fées, qui auraient pu faire rêver n'importe quelle petite fille.
Je restais silencieuse un instant, souriant largement en contemplant le ciel étoilé.
- Une super maman, dit Nathan, me sortant de mes pensées.
- La meilleure de toutes.
- Racontez-m'en une.
- Une quoi ? demandai-je, surprise.
- Une des histoires de votre mère.
- Hum, c'est un peu embarrassant, ce sont des histoires pour petites filles.
- Nous avons tous une petite fille qui sommeille en nous, non ? plaisanta-t-il.
Je ne pus empêcher un rire d'échapper mes lèvres.
- Peut-être bien...
- S'il vous plaît, juste une petite histoire, supplia-t-il gentiment. Pour que je puisse bien dormir une fois mon tour de garde terminé.
Face à son insistance, je lui racontai donc une des histoires dont je me souvenais. L'histoire d'une petite fille qui trouva un chien blessé et décida de le soigner, puis de le garder auprès d'elle jusqu'au jour où elle rencontra le garçon qui avait perdu son chien, ce même chien, quelques années plus tôt. Cette histoire parlant davantage de l'amitié entre la fille et le chien que de l'histoire d'amour avec le garçon, j'espérais que Nathan ne se moquerait pas trop de moi. Mais il ne se moqua pas du tout et m'écouta attentivement jusqu'à la fin de l'histoire.
On discuta encore un moment, de la lune, de souvenirs d'enfance, de façon très naturelle, comme si l'on se connaissait depuis longtemps.
Il prit soudain mes deux mains entre les siennes, comme pour les réchauffer et plongea son regard dans le mien, laissant le silence s'installer entre nous un instant.
- La lune est en encore plus belle dans vos yeux, dit-il calmement.
Je sentis le feu me monter aux joues. Heureusement, il devait faire trop sombre pour qu'il le remarque.
Il sembla attendre que je dise quelque chose, mais je restai muette, totalement embarrassée. Alors il enchaîna, détournant son regard du mien, mais sans lâcher mes mains.
- Vous savez, le premier jour où l'on s'est rencontré, je n'étais pas censé intervenir, mais seulement vous surveiller au cas où une quelconque menace surviendrait. Mais... Je suis content que quelque chose se soit produit plus tôt qu'on ne le pensait et d'avoir pu vous approcher en tête à tête.
Il serra mes mains un peu plus fort et pencha la tête, fixant nos mains unies. Je repensai alors à la chaleur de sa main, ce fameux jour où l'on s'était rencontré.
- Ces quelques instants avec vous, j'ai presque oublié qui j'étais et j'avais juste envie de vous protéger, comme un homme, pas comme un garde du corps.
Il releva les yeux vers moi. J'étais on ne peut plus troublée par ses propos. Il dut le remarquer et relâcha aussitôt mes mains.
- Je suis navré de vous embarrasser avec mes histoires. Ça doit être la pleine lune qui me rend nostalgique. Quoi qu'il en soit, vous devriez retourner vous coucher bientôt, votre père préférerait sûrement vous voir en pleine forme demain.
Il se pencha alors vers moi et déposa rapidement un baiser aux coins de mes lèvres.
- Ce petit goût sucré, comme l'autre fois, dit-il en souriant. Bonne nuit Mademoiselle Miller.
- Bonne nuit aussi, réussis-je à bredouiller alors qu'il s'en allait. Je restai là un instant, regardant sa grande silhouette se faire de plus en plus petite, avant de suivre le même chemin pour retourner à ma chambre.
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À mon service
RomanceLara était une jeune fille ordinaire et solitaire, jusqu'au jour où elle se retrouva soudainement projetée de force dans un monde bien éloigné du sien, où la solitude finira par lui peser. Heureusement, elle sera entourée de trois jeunes hommes qui...