28 - L'argent ne fait pas le bonheur (partie 2)

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Dans le hall d'entrée et dans les couloirs, les membres du personnel de la villa qui travaillaient sur le gala ce soir-là firent aussitôt passer le mot aux autres et l'une des domestiques m'interpella.

— Mademoiselle McKenney ! Vous vendez vraiment la villa ? Que va-t-il advenir de nous ? demanda-t-elle préoccupée et choquée.

— Je suis désolée... Monsieur Brown viendra demain à la villa pour expliquer les conséquences, dis-je succinctement avant de partir rapidement m'enfermer dans ma chambre.

À peine avais-je franchi la porte de ma chambre que mes larmes se mirent à couler abondamment. J'avais pris ma décision et il n'était pas question de revenir en arrière. Cette vie politique et mondaine ne m'avait jamais appartenu et ce soir j'étais décidée à la quitter.

On frappa à la porte de ma chambre.

— Mademoiselle Lara, la voiture est prête.

Je reconnus la voix de Jerrod, l'un des gardes du corps. Il était une des seules personnes à connaître mon projet.
— Merci Jerrod, je descends dans cinq minutes, répondis-je entre deux sanglots, sans ouvrir la porte.

Il m'avait fallu plusieurs jours pour me décider et mettre les choses en place, mais mon choix était fait. J'avais prévenu le conseiller de mon père et son notaire que je souhaitais revendre tous les biens de mon père et faire don de la majorité de sa fortune, ne gardant pour moi qu'une petite enveloppe suffisamment confortable pour prendre un nouveau départ.

Monsieur Ponce allait s'occuper de la partie juridique évidemment. Quant à Monsieur Brown, je l'avais chargé de gérer la communication, non seulement auprès du grand public, mais également auprès de tout le personnel employé par mon père. Ils seraient tous renvoyés mais je m'étais assurée qu'ils reçoivent chacun une large compensation, puisée directement dans l'héritage.

Pour finir, j'avais demandé à Jerrod de m'aider à organiser mon départ. Je n'étais pas prête à faire face à qui que ce soit avant de partir, j'avais trop peur de ne pas être capable d'assumer mon choix. Il fallait que je parte immédiatement. Un avion en partance pour l'Italie m'attendait et Jerrod allait m'y conduire. J'allais ensuite décoller vers ma nouvelle vie, sans me retourner. C'est ce que j'avais prévu.

Bien décidée, je séchai mes larmes et tâchai de retrouver mon assurance. Je savais que j'avais pris la bonne décision et, même si beaucoup de choses me manqueraient, je ne devais pas en douter. J'empoignai alors ma valise préparée la veille et dis adieu à ma chambre.

Arrivée sur le palier des escaliers, je fus confrontée à ce que je redoutais le plus : William et Nathan m'attendaient dans le hall d'entrée.

Je descendis les escaliers, tête baissée, mais je sentais sur moi le poids de leur regard. Je continuai à avancer en fixant le sol jusqu'à apercevoir leurs pieds devant moi et relevai alors doucement la tête vers eux. William semblait peiné mais s'efforçait à rester de marbre, comme toujours. Tandis que Nathan avait du mal à contenir sa colère. Je les regardai tour à tour, sans savoir quoi dire. Mais c'est Nathan qui brisa le silence en premier.

— Alors tu comptes vraiment partir sans rien dire ?

Je ne répondis rien et baissai la tête, un peu honteuse, alors qu'il continua, de plus en plus énervé.

— D'abord tu vends la villa sans prévenir qui que ce soit, alors que des dizaines de personnes sont concernées, puis tu t'en vas aussi sec sans...

Nathan respira profondément plusieurs fois pour essayer de retrouver son calme.

— Tu... Tu ne peux pas juste partir comme ça, dit-il d'une voix plus calme, visiblement bouleversé.

À mon serviceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant