Assise sur le sofa, je jetai un œil à mon planning tout en savourant mon petit-déjeuner. Leçon du jour : piano. Je me demandais dans quelle mesure apprendre le piano allait m'être utile dans cette nouvelle vie. N'y avait-il pas autre chose de plus urgent à apprendre ? À dire vrai, j'avais toujours rêvé d'apprendre à jouer d'un instrument quand j'étais petite mais ma mère n'avait pas eu les moyens de me payer des leçons. Aujourd'hui était ma chance de réaliser ce rêve. Ma nouvelle vie n'allait peut-être pas être si terrible finalement. William frappa à la porte et entra.
- Miss, votre professeur de piano vient d'arriver.
En voyant William, je me mis à rougir et failli m'étouffer en avalant une gorgée de café.
- Vous allez bien, Miss ? s'inquiéta-t-il en s'approchant de près de moi.
- Hum, oui, j'ai juste avalé de travers.
William était penché au-dessus de moi et sourit, rassuré. Il me tendit la main.
- Êtes-vous prête pour votre première leçon ?
J'acquiesçai et posai ma main sur la sienne. Il m'aida à me lever et relâcha aussitôt ma main.
- C'est par ici, Miss.
Il quitta la pièce et je le suivis. Nous nous rendîmes jusque dans la salle de réception, qui était de loin la plus grande et la plus luxueuse pièce que j'ai vue de toute ma vie. Un parquet brillant au sol, de splendides colonnes en marbre, des tentures dorées aux murs et une magnifique fresque au plafond. Dans un coin de la pièce se trouvait une petite estrade sur laquelle un vieil homme à l'apparence autoritaire se tenait debout, à proximité d'un piano à queue.
- Mademoiselle McKenney je suppose, dit le vieil homme d'une voix sévère. Je m'appelle Jürgen Fink et je suis en charge de faire de vous une virtuose du piano.
- Jürgen ?
- C'est « Monsieur Fink » jeune fille ! me reprit-il aussitôt. Ou « Professeur Fink ».
- Bien, Monsieur Fink.
Le professeur Fink me fixa un moment sans rien dire, un air désapprobateur sur son visage. Voilà qui n'augurait rien de bon pour la journée.
- Eh bien Mademoiselle, qu'attendez-vous pour vous mettre en place ? Nous n'allons pas y passer la journée tout de même ?!
Je n'osais même pas parler à l'homme et je pris rapidement place sur le banc face au piano. Je constatai au passage que William avait disparu de la pièce sans que je m'en aperçoive.
- J'ai cru comprendre que c'était votre première leçon, alors commençons par les bases.
Je hochai la tête en silence.
- Combien y a-t-il de touches sur ce piano ?
J'écarquillai les yeux, surprise par cette question. Je commençai à compter les touches face à moi quand le professeur répondit sèchement.
- 88 ! Il y a 88 touches, 36 noires et 52 blanches. Et combien y a-t-il de notes différentes ?
- Sept ! répondis-je aussitôt.
- Ne soyez pas aussi arrogante uniquement parce que vous pouvez répondre à une question aussi simple, lança-t-il sur un ton condescendant.
- Pardon professeur...
Le professeur soupira.
- J'imagine que vous les connaissez par cœur, comme n'importe qui. Mais êtes-vous capable de les situer sur le clavier ?
Je jetai un œil aux touches du piano.
- Non, Monsieur.
Il soupira à nouveau, levant les yeux au ciel.
VOUS LISEZ
À mon service
RomanceLara était une jeune fille ordinaire et solitaire, jusqu'au jour où elle se retrouva soudainement projetée de force dans un monde bien éloigné du sien, où la solitude finira par lui peser. Heureusement, elle sera entourée de trois jeunes hommes qui...